Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DE BERNARDI (Antonio, dit Tonino)

cinéaste expérimental italien (Chivasso 1937).

Il commence à filmer en 1967, au moment où le cinéma underground américain est découvert en Italie. Allen Ginsberg et Taylor Mead figurent d'ailleurs dans Il mostro verde (1966-67), hommage aux films d'horreur réalisé avec Paolo Menzio. Mais, plus encore qu'une esthétique, les Américains lui offrent l'exemple d'un cinéma personnel. Tandis qu'il participe à l'éphémère Cooperativa del cinema indipendente, il passe au 8 mm, dont il devient un des artisans les plus inspirés. Outre l'emploi de plusieurs projecteurs (comme dans Il bestiario, 1967, pour 4 écrans), ce format lui permet en effet des filmages plus intimes et des œuvres qui peuvent durer quatre ou cinq heures. Si donc l'influence de Rice, de Warhol ou de Jack Smith se repère dans ses premiers films, et notamment dans le raffinement de Dei (1968-69), c'est plutôt de l'auteur des Songs qu'il est proche. Mais, plus encore que Brakhage, De Bernardi s'oriente vers des chroniques quotidiennes et une utilisation du film de famille (Il rapporto conjugal-parentale [1973-1976]). Dans les années 90, il signe encore Ucceli di terra, ucceli che vanno (1993), Piccoli orrori (1994), Sorrisi asmatici – Fiori del destino (1997), Sorrisi asmatici, parte terza (1997), puis se rapproche des techniques narratives du cinéma de fiction pour ses deux dernières réalisations, situées dans la ville de Naples : Appassionate (id., 1999), un superbe film apparenté à la comédie musicale, et Rosatigre (2000), l'histoire d'un jeune Napolitain qui revient dans sa ville natale après des années d'immigration à Turin.

DE BERNARDI (Piero)

scénariste italien (Prato 1926).

Il débute en 1953 avec Dieci canzoni d'amore da salvare (Flavio Calzavara). En 1955, il écrit avec Leo Benvenuti Amis pour la vie (F. Rossi) et, dès ce film, forme avec lui un tandem. Dans la cinquantaine de films comiques qu'ils ont signés, on trouve une verve satirique constante, que bien peu de scénaristes italiens ont égalée. Avec Mario Monicelli, Dino Risi, Steno et surtout Pietro Germi, ils créent des comédies grotesques et féroces. Ils ont également écrit des drames comme l'Homme de paille (P. Germi, 1958) et Mon fils, cet incompris (L. Comencini, 1967).

DÉBITEUR.

Pièce cylindrique munie de dents (ou picots) qui viennent s'engager dans les perforations du film pour l'entraîner. Un débiteur peut être animé soit d'un mouvement circulaire continu lorsqu'il entraîne le film à vitesse uniforme, soit d'un mouvement circulaire intermittent pour entraîner le film dans le couloir de projection (débiteur de croix de malte*). ( CAMÉRA, PROJECTION.)

DÉBITEUR, TRICE.

Bobine débitrice, plateau débiteur, bobine ou plateau à partir desquels le film se déroule.

DEBORD (Guy-Ernest)

philosophe et cinéaste expérimental français (Paris 1931 - Bellevue-la-Montagne 1994).

Il réalise son premier film, Hurlements en faveur de Sade (1952), alternance de segments noirs (muets) et blancs (pendant les dialogues), avant de rompre avec le groupe lettriste. Après la fondation de l'Internationale situationniste (1957), dont il est le théoricien le plus connu et dont il dirige la revue, ses films, en 35 mm, retransmettent ses textes ou déclarations plus ou moins directement illustrés par des chutes de films détournées (Critique de la séparation, 1961 ; la Société du spectacle, 1973 ; Réfutation de tous les jugements..., 1975 ; In girum imus nocte et consumimur igni, 1978). Il a publié Contre le cinéma (1964) et Œuvres cinématographiques complètes (1978). Il se suicide en 1994.

DE BOSIO (Gianfranco)

cinéaste italien (Vérone 1924).

Il a dirigé le Teatro Stabile de Turin et a mis en scène au théâtre beaucoup de drames classiques et modernes. Son début cinématographique, le Terroriste (Il terrorista, 1964), provoque un débat par son approche lucide et peu conventionnelle de la résistance au fascisme. Malgré cette première réussite, il ne revient au cinéma qu'en 1971 avec une adaptation burlesque de Ruzante : La Betía ovvero in amore per ogni gaudenza ci vuole sofferenza. Son troisième film est un feuilleton pour la TV : Mosé (1974). Excellent directeur d'acteurs (G. M. Volonté dans le Terroriste ; N. Manfredi dans La Betía ; B. Lancaster dans Mosé), il n'a pas développé jusqu'ici une vraie vision personnelle.

DEBRIE (André)

inventeur et constructeur français (Paris 1891 - id. 1967).

Fils d'un industriel intéressé par le cinéma, il conçoit en 1908 (à l'âge de dix-sept ans) la caméra Parvo (marque déposée en 1923), qui connut une large diffusion. À l'apparition du parlant, Debrie invente un dispositif permettant de rendre insonore le fonctionnement des appareils de prise de vues (1931) qui sera appliqué dans la Super Parvo, première caméra totalement silencieuse et qui fut dans le monde entier une des grandes caméras de studio des décennies 30 et 40. Il conçoit et construit également de nombreux matériels destinés à l'industrie cinématographique : machines à développer, projecteurs, caméras spéciales, tireuses. Dans ce dernier domaine, il faut citer notamment la Truca (1929), qui permettait de réaliser des effets spéciaux en laboratoire par tirage optique, et dont le succès suscita la graphie « trucage », courante dans le cinéma. Debrie réalisa en outre le dispositif de prise de vues et de projection sur triple écran du Napoléon d'Abel Gance.

DEBUCOURT (Jean Pélisse, dit Jean)

acteur français (Paris 1894 - Montgeron 1958).

Fils d'un acteur célèbre, Charles Le Bargy, il remporte sur le Boulevard de vifs succès, qui, dès 1921, lui ouvrent la porte des studios : le Petit Chose (André Hugon, 1923) ; la Chute de la maison Usher (J. Epstein, 1928) ; Madame Récamier (Gaston Ravel, 1928). Les premières années du parlant le cantonnent trop facilement soit dans des rôles de traîtres qui vont souvent peser sur ses créations (le Prince Jean, Jean de Marguenat, 1934 ; Koenigsmark, M. Tourneur, 1935 ; la Dame de Malacca, M. Allégret, 1937), soit dans de fades comédies (le Mari garçon, A. Cavalcanti, 1933). L'Occupation donne à sa carrière un nouvel essor : ses rôles se nuancent, il les détaille avec délicatesse : Marie-Martine (Albert Valentin, 1943) ; Monsieur des Lourdines (Pierre de Hérain, id.) ; Douce (C. Autant-Lara, id.) ; Le ciel est à vous (J. Grémillon, 1944). La Comédie-Française l'avait accueilli en 1936, mais le cinéma l'absorbe de plus en plus (70 créations en 12 ans). Récitant de nombreux films, il passe avec aisance du Diable au corps (C. Autant-Lara, 1947) au Diable boiteux (S. Guitry, 1948), de Monsieur Vincent (M. Cloche, 1947) à Justice est faite (A. Cayatte, 1950), de la Poison (S. Guitry, 1951) au Carrosse d'or (J. Renoir, 1953) et à Madame de (M. Ophuls, id.). Le reproche qu'on peut lui faire est de n'avoir jamais rien su refuser.