Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

AKAN (Tarık)

acteur turc (Istanbul 1948).

Il fait ses premiers pas au cinéma en 1971, après avoir gagné un concours organisé par un magazine populaire. On lui confie alors, durant de longues années, des rôles de jeune premier traditionnel dans de nombreux films sans importance. Au moment où son étoile commençait à pâlir, il choisit de s'investir dans des compositions plus ambitieuses, sous la direction des meilleurs cinéastes du pays. L'un des acteurs les plus accomplis de sa génération, il est l'interprète des principaux films turcs qui ont été sélectionnés par les festivals internationaux, distribués en salle ou diffusés par les télévisions, dans les pays étrangers : le Troupeau (Sürü, Y. Güney et Z. Ökten, 1978), le Sacrifice (Adak, A. Yılmaz, 1979), Yol (Y. Güney et Gören, 1981), les Nuits de couvre-feu (Karartma Geceleri, Yusuf Kurçenli, 1990), le Voyageur (Yolcu, B. Sabuncu, 1993), la Lettre (Mektup, A. Özgentürk, 1997), la Tempête d'automne (Eylül Fırtınası, A. Yılmaz, 1999).

AKERMAN (Chantal)

cinéaste belge (Bruxelles 1950).

Chantal Ackerman (à l'état civil) fréquente l'INSAS en 1967-68, puis tourne dès 1968 son premier court métrage, Saute ma ville, dont elle interprète l'unique rôle. On sent poindre, dans ce film loufoque, son penchant pour l'autobiographie et le narcissisme. Aux États-Unis, en 1971, elle découvre les travaux des cinéastes expérimentaux qui influencent son premier long métrage, Hôtel Monterey (1972). Je, tu, il, elle (1974) se fait remarquer par son langage épuré dans lequel le temps réel, brut, non découpé, se substitue aux codes habituels de la dramaturgie. Avec Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975), Akerman filme trois jours de la vie d'une ménagère, prostituée d'occasion, de manière quasi documentaire. News From Home (1977), monté avec des plans tournés jadis aux États-Unis, rompt avec certaines conceptions de ses débuts. Dans sa première véritable fiction, les Rendez-Vous d'Anna (1978), elle approfondit sa réflexion sur l'enracinement culturel. Quatre ans de silence forcé, après l'échec de divers projets, la conduisent à concevoir un film différent des précédents, symphonique, éclaté : Toute une nuit (1982), où l'émotion tient lieu de personnage principal. Après les Années 80 (1983), elle participe au film à sketches Paris vu par... vingt ans après (1984) puis tourne The Golden Eighties avec Delphine Seyrig (1986), Histoires d'Amérique (1988), Nuit et jour (1991), Contre l'oubli (CM, 1992), le Déménagement (MM, 1992), D'Est (1993) où elle filme l'Europe de l'Est, la Russie, la Pologne et l'Ukraine de façon très personnelle, Portrait d'une jeune fille des années 60 à Bruxelles (1994), Un divan à New York (1996). Cette même année 1996, son inclination à l'autobiographie se concrétise une nouvelle fois dans un auto-portrait qu'elle intitule Chantal Akerman par Chantal Akerman. En 1999, Sud se penche sur les circonstances du lynchage d'un Noir par trois jeunes Blancs dans le sud des États-Unis. Elle signe encore la Captive en 2000, une adaptation très personnelle d'un chapitre de la fresque de Proust, À la recherche du temps perdu.

AKINS (Claude)

acteur américain (Nelson, Ga., 1918 - Altadena, Los Angeles, Ca., 1994).

Il débute au théâtre et fait sa première apparition à Broadway en 1951, dans The Rose Tattoo. Sa carrure massive, son physique typé lui valent d'être engagé pour un rôle de « dur » dans Tant qu'il y aura des hommes (F. Zinnemann, 1953). Il poursuit assidûment dans cette voie, créant de mémorables silhouettes de brutes naïves, loquaces et avinées dans Collines brûlantes (S. Heisler, 1956), Rio Bravo (H. Hawks, 1959), Comanche Station (B. Boetticher, 1960), etc. Passé du troisième couteau au second plan, il change de registre et tient des rôles colorés mais attachants dans Les maraudeurs attaquent (S. Fuller, 1962), À bout portant (D. Siegel, 1964), l'Indien (C. Reed, 1970), Alerte à la bombe (J. Guillermin, 1972), avant de devenir la vedette de la série L'aventure est au bout du chemin (Movin'On), où il incarne un « routier sympa ». Parmi ses autres films, on peut également citer Ouragan sur le Caine (E. Dmytryk, 1954), Porgy and Bess (O. Preminger, 1959), Procès de singe (S. Kramer, 1960), Les maraudeurs attaquent (S. Fuller, 1962).

AKUTAGAWA (Hiroshi)

acteur japonais (Tokyo 1920 - id. 1981).

Fils du célèbre écrivain Akutagawa Ryûnosuke (Rashômon). Avant tout acteur de théâtre très connu au Japon, il interprète quelques rôles marquants au cinéma après 1950, notamment dans : ‘ Eaux troubles ’ (T. Imai, 1953), ‘ Là d'où l'on voit les cheminées ’ (H. Gosho, id.), ‘ les Oies sauvages ’ (S. Toyoda, id.), ‘ le Pousse-Pousse ’ (H. Inagaki, 1958), ‘ Nuit et Brouillard du Japon ’ (N. Oshima, 1960), et ‘ Dodes'kaden ’ (A. Kurosawa, 1970).

ALAOUIE ou 'ALAWIYA (Burhan)

cinéaste libanais (Arnun 1941).

Après des études cinématographiques à l'INSAS de Bruxelles de 1968 à 1973, il reconstitue dans son premier long métrage, avec une rigueur documentariste et une réelle intensité dramatique, le massacre d'un village arabe par les Israéliens, en 1956 : Kafr Kassem (Kafr Qasim, 1974). Il réalise en collaboration Il ne suffit pas que Dieu soit avec les pauvres (1976), documentaire consacré, sous l'égide de l'UNESCO, à l'architecte Hasan Fatḥi. La Rencontre (Bayrut al-liga’, 1982) témoigne, d'une manière distanciée mais émouvante, du drame du Liban. Ce qui lui fait découvrir un nouveau style épistolaire pour traiter des questions libanaises dans Lettres d'un temps de guerre I et II (Rasaïl min zaman Al-Harb, 1986 et Min zaman Al-Harb, 1988).

ALASSANE (Mustapha)

cinéaste nigérien (N'Dongou 1942).

Autodidacte, il apprend un peu de technique à Niamey avec Jean Rouch, puis s'initie, au Canada, à l'animation auprès de Norman McLaren. Le Piroguier (1962) et la Pileuse de mil (1962) sont les premiers dessins animés d'Afrique noire. Ils sont suivis de la Bague du roi Koda (1963), la Mort de Gandji (1965) et Bon voyage Sim (1966). Alassane tourne des courts métrages documentaires, des fables (al-Barka le conteur / Deela, adapté de la tradition orale des griots [1971]) et des parodies à intention satirique. F. V. V. A. — initiales de femmes, villa, voiture, argent — est son premier long métrage (1972). Toula ou le Génie des eaux (id.) veut, à travers une légende, « attirer l'attention sur le problème angoissant de la sécheresse ». Avec Samba le grand (1978), il aborde la technique de la marionnette animée. Kokoa (1985) s'inspire d'un conte traditionnel.