Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SINATRA (Frank) (suite)

En dépit de l'annonce officielle de son retrait de toute activité publique en 1971, il a continué à tourner de façon sporadique : Cannonball II (Hal Needham, 1984), Listen Up : The Lives of Quincy Jones (Ellen Weissbrod, DOC, 1990).

Quatre fois marié, il a été l'époux d'Ava Gardner (1951-1957) et de Mia Farrow (1966-1968).

SINCLAIR (Upton)

écrivain et scénariste américain (Baltimore, Md., 1878 - Bound Brook, N. J., 1968).

Romancier très prolifique, il manifeste dès 1906, en écrivant The Jungle, son intérêt pour le socialisme, et deviendra un des plus grands auteurs engagés de sa génération. S'il a très peu collaboré au cinéma, directement en tout cas, son nom reste attaché à des œuvres ou à des événements d'importance. On sait qu'il finança de ses deniers le ¡ Que Viva Mexico ! (1931) que S. M. Eisenstein ne put réellement mener à bien au Mexique. L'année suivante, la MGM propose à Upton Sinclair d'adapter un de ses romans, The Wet Parade, mélodrame social, caractéristique du début des années 30, qui dénonçait la corruption engendrée par la prohibition. Le film fut réalisé par Victor Fleming, mais sans que Sinclair fût réellement consulté : le résultat fut passablement édulcoré. Upton Sinclair est aussi célèbre pour ses conflits avec l'industrie hollywoodienne. En 1934, il est candidat démocrate au poste de gouverneur de Californie. Parce que, dans son programme électoral EPIC (« End Poverty in California »), il proposait de résorber le chômage au sein de l'industrie cinématographique par la création de petites coopératives utilisant des studios vides dont l'État paierait la location, il a déclenché une contre-offensive de certains grands producteurs dont la virulence fut à la mesure de la peur qu'il suscita. Parmi ses adversaires les plus acharnés, on trouve Louis B. Mayer et Irving Thalberg qui, soutenus par l'empire de la presse Hearst, lancèrent une campagne « Stop Sinclair » : on fabriqua des bandes d'actualités truquées, où ses partisans étaient présentés comme des gangsters ou des communistes ; on menaça même de licenciement les acteurs (parmi lesquels Katharine Hepburn) qui osaient défendre ses propositions. Sinclair perdit son élection.

SINGER (Alexander)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1928).

Ancien photographe et proche collaborateur de Stanley Kubrick, dont il est l'assistant pour Ultime Razzia (1956), il réalise un premier film relativement osé pour l'époque, Un vent froid en été (1961), dans lequel Lola Albright jouait, avec à la fois beaucoup de sensualité et de retenue, le rôle d'une strip-teaseuse vieillissante séduite par un tout jeune homme. Son deuxième film, réalisé en Grande-Bretagne, Psyche 59 (1964), est un mélodrame pompeux qui ne réussit pas à éviter les poncifs les plus éculés. Le reste de sa production est répétitif et s'enlise dans la médiocrité : L'amour a plusieurs visages (Love Has Many Faces, 1965), Captain Apache (1971), Glass Houses (1972). Il s'est ensuite reconverti en travaillant presque exclusivement pour la TV.

SINGLE 8.

Format de film d'amateur, qui ne diffère du Super 8 que par son conditionnement. ( FORMAT.)

SINGLE SYSTEM (locution anglaise pour système où l'on est seul).

Système permettant à un opérateur de reportage d'enregistrer à la fois l'image et le son. ( PRISE DE SON.)

SINISE (Gary)

acteur et cinéaste américain (Chicago, Ill., 1955).

Considéré aux États-Unis comme le meilleur metteur en scène de théâtre de sa génération, Gary Sinise est aussi un homme de cinéma très attachant qui reste méconnu en France. Sa prédilection pour les sujets ruraux de l'« Americana » et son style classique, sans ostentation, lui ont valu d'être taxé d'académisme. Mais Rien à perdre (Miles From Home, 1988) et Des souris et des hommes (Of Mice and Men, 1992) s'inscrivent en fait dans la meilleur tradition humaniste américaine, entre John Ford et Elia Kazan. Sinise y affirme une approche directe et nerveuse, une réelle inspiration dans l'utilisation du décor naturel et un grand bonheur dans la direction d'acteurs : Richard Gere dans Rien à perdre et John Malkovich dans l'un et l'autre films assurent des prestations mémorables. De plus, Des souris et des hommes restera comme la version de référence du classique de John Steinbeck. Sinise est également un comédien vif et très physique : plus encore que dans son adaptation de Steinbeck, où il joue en retrait par rapport à Malkovich, on songera au vétéran du Viêt Nam amputé des deux jambes qu'il incarne avec fougue dans Forrest Gump (R. Zemeckis, 1994). Dans une tonalité plus dramatique, il est également excellent dans le rôle du méchant, dans la Rançon (R. Howard, 1996) et dans Albino Alligator (K. Spacey, 1997), mais plus saisissant encore, car doté d'un double visage, dans Snake Eyes (B. De Palma, 1998). Ce dernier le retrouvera dans Mission to Mars (2000) où, lavé de toute ambiguïté, il incarne un astronaute salvateur, meurtri par son veuvage.

SINKEL (Bernhard)

cinéaste allemand (Francfort-sur-le-Main 1940).

Documentaliste puis collaborateur de la télévision, il rencontre Alf Brustellin avec qui il fonde une société de production. Il écrit et réalise Lina Braake fait sauter la banque (Lina Braake, oder die Interessen der Bank können nicht die Interessen sein, die Lina Braake hat, 1975), qui remporte un vif succès. C'est ensuite Berlinger (id.) et Der Mädchenkrieg (1977), écrits et réalisés avec Alf Brustellin, puis Taugenichts (1977) d'après le roman classique de von Eichendorff Scènes de la vie d'un propre à rien. Il réalise, en 1980, Kaltgestellt, puis se consacre à d'ambitieux feuilletons télévisés, adaptés notamment de Thomas Mann (Die Bekenntnisse des Hochstaplers Felix Krull, 1981) ou de la vie d'Hemingway (Hemingway, 1988). En 1993, il réalise un ambitieux ‘ Conteur de cinéma ’ (Der Kinoerzähler) avec Armin Mueller-Stahl dans le rôle principal.

SINKOVITS (Imre)

acteur hongrois (Budapest 1928 - id. 2001).

Son premier film ‘ les Pionniers ’ (Karoly Makk, 1949) précède de deux années la fin de ses études à l'École supérieure du théâtre et du cinéma de Budapest. Dans l'un ou l'autre domaine, il se révèle très vite l'un des acteurs les plus doués de sa génération, avec Iván Darvas et Imre Soós. Sinkovits est capable de donner vie à un personnage historique ou à celui d'un ouvrier contemporain, rôle où il excelle. L'humanité de son jeu subtil lui permet d'exprimer la tendresse, la bonté, la colère, comme l'égoïsme et la violence. Parmi ses créations les plus marquantes, il faut citer : l'instituteur de Discorde (L. Ranódy, 1956), l'ouvrier de la Légende du faubourg (F. Máriássy, 1957), si différent de celui de ‘ En rodage ’ (id., 1960), le footballeur de Deux Mi-temps en enfer (Z. Fábri, 1961). Recordman du film interdit (‘ les Pionniers ’, déjà cité, ‘ l'Amère Vérité ’ de Zoltán Varkonyi, 1956, etc.), Sinkovits a, par son image, fait le tour du monde : c'est lui qui déclame, au pied de la statue du poète, à Budapest, les vers de Petöfi : « Debout, Hongrois ! » le 23 octobre 1956, au cours de la manifestation de solidarité avec la Pologne, qui se transformera en insurrection devant la résistance de l'appareil stalinien. À un moment de son itinéraire, Imre Sinkovits a su jouer le rôle d'un acteur-citoyen, suivant en cela une grande tradition hongroise.