Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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LISTE NOIRE. (suite)

1951. Commission Wood. Pendant plus d'un an et demi, la commission s'attaque à l'industrie cinématographique.

1953-1955. Commission Velde. Commission Walter. La fin de la guerre de Corée (1953) et le vote de censure du Sénat contre McCarthy (1954) contribuent à diminuer l'influence des commissions et de leurs enquêtes.

LITTÍN (Miguel)

cinéaste chilien (Palmilla 1942).

Après des études d'art dramatique à l'université du Chili, il débute dans la mise en scène de manière retentissante avec un film inspiré d'un fait divers, le Chacal de Nahueltoro (El chacal de Nahueltoro, 1969), étude du cas d'un paysan que la misère conduit au crime et que la justice condamne sans vouloir comprendre les raisons de son geste. Dans la Terre promise (La tierra prometida, 1973), soucieux de rétablir la vérité sur l'histoire de son pays, il évoque avec un grand lyrisme plastique la brève existence du premier gouvernement socialiste établi en 1932 et renversé quelques jours plus tard par les forces réactionnaires.

L'animateur de Chile Films (de 1971 à 1973) est contraint à l'exil par le putsch contre Allende de 1973 ; il s'installe au Mexique et y réalise Actas de Marusia (1976), puissante et dramatique reconstitution d'un massacre de mineurs en grève par l'armée en 1907. Dans Vive le président / le Recours de la méthode (El recurso del método, 1978) et la Veuve Montiel (La viuda de Montiel, 1979), il prend ses distances avec l'actualité, mais sans cesser de faire œuvre politique, en adaptant des romans d'Alejo Carpentier et de Gabriel García Marquez avec un sens aigu du spectacle mais un certain académisme esthétique. En 1982, il réalise, au Nicaragua, Alsino y el condor, histoire d'un gamin qui rêve de voler comme un oiseau, en 1985-86 un documentaire historique important, Acta General de Chile, et, en 1990, Sandino, une coproduction Espagne-Nicaragua. Revenu au pays, il devient maire de son village natal et tourne Los náufragos (1994). Il signe ensuite Tierra del Fuego (1999).

LITVAK (Michael Anatol Litwak, dit Anatole)

cinéaste américain d'origine russe (Kiev 1902 - Neuilly-sur-Seine, France, 1974).

Après de brèves études en philosophie puis en art dramatique à Saint-Pétersbourg, Litvak fait ses premières armes au théâtre avant de débuter au cinéma en 1923 comme assistant et décorateur. Il quitte la Russie en 1925 après avoir signé son premier film, Tatiana, et travaille en Europe jusqu'en 1935 (Allemagne – il est monteur pour la Rue sans joie de Pabst –, Angleterre, France). Il émigre ensuite aux États-Unis, où il est pris sous contrat à la Warner Bros. Vers le début des années 50, étant devenu indépendant, il tourne de plus en plus souvent en Europe, dans de grosses productions avec des capitaux américains.

Cinéaste compétent mais sans personnalité affirmée, Litvak s'est fondu totalement dans les systèmes de production et les caractéristiques nationales qu'il a traversés. Cette vieille canaille (1933), l'Équipage (1935) ou Mayerling (id., avec Charles Boyer et Danielle Darrieux) sont typiques du cinéma français des années 30, le dernier film en étant même une des réussites romanesques. Sa période Warner le met au service de sujets sociaux comme Aveux secrets d'un espion nazi (1939) ou de vedettes comme James Cagney (Ville conquise, 1940), John Garfield (Castle on the Hudson, id. ; Out of the Fog, 1941) ou Bette Davis (l'Étrangère, 1940). Pendant la guerre, il prend la nationalité américaine, s'engage dans les forces armées – il finira colonel – et collabore avec Frank Capra à la fameuse série Pourquoi nous combattons. Avec la même diligence, et toujours discret, il a mené Barbara Stanwyck (Raccrochez, c'est une erreur, 1948), Olivia De Havilland (la Fosse aux serpents, 1949) et Ingrid Bergman (Anastasia, 1956) à la renommée et aux récompenses. Parmi ses derniers films, productions hybrides car à la fois prestigieuses mais fidèles à des impératifs commerciaux dépassés, peu sont à retenir. On en restera donc à la Nuit des généraux (1967), qui développait adroitement les ramifications historiques d'un cas criminel et qui contenait d'excellentes prestations d'acteurs. Litvak se rappelait alors qu'il avait été un bon artisan.

Films  :

Tatiana (1925, URSS) ; Dolly macht Karriere (1930, ALL) ; Nie wieder Liebe (1931, id., et VF : Calais-Douvres, CO : Jean Boyer) ; Das Lied einer Nacht (1932, id., et VF : la Chanson d'une nuit) ; Cœur de lilas (id., FR) ; Sleeping Car (1933, GB) ; Cette vieille canaille (id., FR) ; l'Équipage (1935, id.) ; Mayerling (1936, id.) ; The Woman I Love (1937, US) ; Tovarich (id.) ; le Mystérieux Dr Clitterhouse (The Mysterious Dr. Clitterhouse, 1938) ; Nuits de bal (The Sisters, id.) ; les Aveux d'un espion nazi (Confessions of a Nazi Spy, 1939) ; Castle on the Hudson (1940) ; l'Étrangère (All This and Heaven Too, id.) ; la Ville conquise (City for Conquest, id.) ; Out of the Fog (1941) ; Blues in the Night (id.) ; Âmes rebelles (This Above All, 1942) ; The Nazis Strike (DOC, CO : F. Capra, id.) ; Divide and Conquer (DOC, CO : Capra, 1943) ; Opération Titanic (DOC, id.) ; The Battle of Russia (DOC, id.) ; The Battle of China (DOC, CO : Capra, 1944) ; War Comes to America (DOC, 1945) ; The Long Night (1947) ; Raccrochez, c'est une erreur (Sorry, Wrong Number, 1948) ; la Fosse aux serpents (The Snake Pit, 1949) ; le Traître (Decision Before Dawn, 1951) ; Un acte d'amour / Act of Love (FR, US, 1954) ; l'Autre Homme / The Deep Blue Sea (GB, 1955) ; Anastasia (1956) ; Mayerling (TV, 1957) ; le Voyage (The Journey, 1959) ; Aimez-vous Brahms ? / Goodbye Again (FR, US, 1961) ; le Couteau dans la plaie / Five Miles to Midnight (FR, ITAL, US, 1962) ; la Nuit des généraux / The Night of the Generals (FR, GB, 1967) ; la Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil / The Lady in the Car With Glasses and a Gun (FR, US, 1970).

LIVANELI (Zülfü)

musicien et cinéaste turc (Ilgın, Konya, 1946).

Musicien et chanteur engagé, il décide de poursuivre parallèlement une carrière cinématographique. Il a également composé la musique de plusieurs films comme Yol (Y. Güney et Ş. Gören) et le Troupeau (Y. Güney et Z. Ökten, 1978). Son premier long métrage, Terre de fer, ciel de cuivre (Yer Demir, Gök Bakır, 1987), adapté du roman du même nom de Yachar Kemal, est un exercice de style formel, réalisé en coproduction avec les Allemands. Avec le Brouillard (Sis, 1989), il s'attaque à un sujet presque tabou dans le cinéma turc : l'histoire récente du pays, qui a vécu en vingt ans trois interventions militaires, y est traitée avec intelligence et sensibilité à travers la vie déchirée d'une famille d'Istanbul. Son film suivant, une fable basée sur un conte populaire, Shahmaran (Şahmaran, 1993), a été moins convaincant. Depuis il s'est détourné du cinéma, en se consacrant à la musique et à ses chroniques dans la presse.