Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ALLEN (Corey)

acteur et cinéaste américain (Cleveland, Ohio, 1934).

Après avoir incarné le persécuteur de James Dean dans la Fureur de vivre (N. Ray, 1955), il joue d'autres petites gouapes au sourire angélique dans Traquenard (id., 1958), Propriété privée (L. Stevens, 1960), Doux Oiseau de jeunesse (R. Brooks, 1962) et les Liaisons coupables (G. Cukor, id.), où il séduit Claire Bloom pour le bénéfice de ses amis. Il passe alors à la réalisation : les Exploits érotiques de Pinocchio (Pinocchio, 1971), Un cocktail explosif (Thunder and Lightning, 1977), Avalanche (id., 1978).

ALLEN (Dorothea Carothers Allen, dite Dede)

monteuse américaine (Cleveland, Ohio, 1923).

Elle commence comme grouillot à la Columbia puis travaille sur le montage-son avant de devenir assistante monteuse. C'est Robert Wise qui lui donne son premier emploi de chef monteuse sur le Coup de l'escalier (1959). Considérée comme l'une des monteuses les plus créatrices du cinéma américain, elle travaille surtout avec des cinéastes résidant à New York et joue un rôle important en collaborant à des œuvres au montage très élaboré. La forme finale des films d'Arthur Penn, qui tourne une grande quantité de pellicule, lui doit en particulier beaucoup depuis Bonnie and Clyde (1967). Elle a aussi monté des films de Rossen (l'Arnaqueur, 1961), Kazan (America America, 1963), Paul Newman (Rachel, Rachel, 1968 ; l'Affrontement, 1984), Roy Hill (Abattoir 5, 1972), Lumet (Serpico, 1973 ; Un après-midi de chien, 1975), Warren Beatty (Reds, CO Craig McKay, 1981), James Bridges (Mike's Murder, CO Jeff Gourson, 1984), Robert Redford (Milagro, CO Jim Miller, 1988), Juste Cause (Arne Glimcher, 1995).

ALLEN (Irwin)

cinéaste et producteur américain (New York, N. Y., 1916 - Malibu, Ca., 1991).

Après avoir travaillé dans le journalisme, à la radio et dirigé une agence de publicité, il se spécialise au début des années 50 dans des films semi-documentaires sur le monde naturel qu'il dirige et produit : Cette mer qui nous entoure (The Sea Around Us, 1953), l'Histoire de l'humanité (The Story of Mankind, 1957). Dans les années 60, il s'oriente vers le film d'aventures et la science-fiction : le Sous-Marin de l'Apocalypse (Voyage to the Bottom of the Sea, 1961), Cinq Semaines en ballon (Five Weeks in a Balloon, 1962). Au début des années 70, il produit des films-catastrophes spectaculaires, aux effets spéciaux très soignés, qui remportent un immense succès populaire : l'Aventure du Poséidon (R. Neame, 1972) et la Tour infernale (J. Guillermin, 1974).

ALLEN (Lewis)

cinéaste américain d'origine britannique (Wellington, Shropshire, 1905 - Manchester, 2000).

Acteur de théâtre à Londres, puis à New York, il arrive à Hollywood en 1941 pour étudier la technique à la Paramount. Le succès de son premier film, la Falaise mystérieuse (The Uninvited, 1943), le prédispose aux ambiances tourmentées, qu'il recrée sans originalité, mais avec compétence et efficacité : l'Invisible Meurtrier (The Unseen, 1945, sur un sujet de Raymond Chandler), Une âme perdue (So Evil My Love, 1948). Il s'oriente ensuite vers les films de gangsters : Un pruneau pour Joe (A Bullet for Joey, 1955), pour enfin, depuis 1960, se consacrer à la TV.

ALLEN (Allen Stewart Konigsberg, dit Woody)

comédien, auteur et cinéaste américain (New York, N. Y., 1935).

C'est le comique majeur des vingt dernières années. Ayant dépassé le statut d'amuseur numéro un, il accédera petit à petit au panthéon des auteurs philosophes les plus originaux de son époque.

Cet autodidacte de quartier devient vite un intellectuel néophyte et apprend à monnayer ses gags (50 par semaine pour 100 dollars), qui lui permettent de s'inscrire à l'université, puis au collège de New York, dont il se fait exclure très promptement. À dix-neuf ans, il vend ses gags à NBC, se marie et entre en analyse. Son don inné pour la rédaction des one-liners (plaisanteries en une seule ligne) lui fait gagner jusqu'à 1 500 dollars par semaine ; il écrit des sketches pour le Show of Shows de Sid Caesar, que rédigent aussi Mel Brooks, Neil Simon et Carl Reiner. Devenu soliste de cabaret, il se produit dans les universités, à la télévision et en tournée. En 1964, le producteur Charles Feldman le voit au Blue Angel, lui demande de récrire le scénario de Quoi de neuf, Pussycat ? et l'emmène en Europe, lui confiant même un petit rôle auprès de Peter Sellers. Il joue ensuite le neveu de James Bond dans Casino Royale, qu'il remanie aussi. Mais ce docteur pour scénarios a d'autres ambitions : il écrit une pièce de théâtre, Don't Drink the Water, qui triomphera à Broadway, un scénario original et il commence à collaborer au New Yorker.

Il se fraye un chemin dans le cinéma par une opération de détournement : il remonte et commente très librement, en une sorte de collage, un film chinois en provenance de Hongkong, s'appropriant le matériau brut et le réinventant : c'est Lily la Tigresse (What's Up, Tiger Lily ?, 1966), dont il n'a tourné que quelques plans, mais qui déjà participe de son imaginaire. Puis il entreprend de conquérir la scène avec sa deuxième pièce de théâtre, Play It Again, Sam, 1969 (histoire d'un amoureux timide qui demande des tuyaux au fantôme d'Humphrey Bogart) et l'écran avec sa première mise en scène, Prends l'oseille et tire-toi (Take the Money and Run, id.), commentaire burlesque de la délinquance. L'univers de Woody Allen est déjà défini pratiquement, il ne lui reste qu'à s'épanouir et à s'approfondir. Il apprend son métier et progresse techniquement de Bananas (1971) à Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (Everything You Always Wanted to Know About Sex but Were Afraid to Ask, 1972) et Woody et les Robots (Sleeper, 1973), passant du pamphlet politique au fantasme sexuel outrancier jusqu'à la science-fiction parodique. Il évolue aussi de la direction bâclée et de l'image incertaine jusqu'à une plastique dominée, une meilleure direction d'acteurs, un niveau supérieur du scénario. Lorsqu'il vient à Paris tourner Guerre et Amour (Love and Death, 1975), qui reste l'un de ses films préférés, il est déjà devenu maître de son langage et de ses ambitions. Love and Death, comédie sur la peur de la mort, révèle des soucis métaphysiques et intellectuels qui anticipent sur ce qui sera sa trilogie autobiographique.