Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MAGASIN.

Boîte étanche à la lumière, adaptable à la caméra, et contenant soit la bobine débitrice ou la bobine réceptrice, soit les deux. ( CAMÉRA.)

MAGDA (Magda Ṣabaḥ i, dite)

actrice et productrice égyptienne (née en 1931).

Elle demeure, à plus de cinquante ans, une des superstars du box-office du Caire, même si sa carrière a souffert d'une propension irrépressible à ne pas vouloir abandonner des rôles d'adolescentes ou de jeunes femmes en accord avec l'image de « Vierge de l'écran » que lui valent, au début des années 50, ses premiers films. Ħasan al-Imam, qui la lance, ou Niyazi Muṣṭafa développent, dans des films sans intérêt, son abattage, sa coquetterie autoritaire, un charme félin qu'elle eût bien fait de mettre au service de meilleurs prétextes. Mais les figures de caractère, surtout féminines, sont rares encore dans les films égyptiens. Ce n'est qu'à partir des années 60 que Magda, avec intelligence, se choisit, en venant en aide à des cinéastes nouveaux, quelques rôles en marge du tout-venant : elle est, par exemple, Gamila, la résistante algérienne (Gamila, l'Algérienne, Y. Chahin, 1958) et, surtout, elle s'engage dans la production avec une constance qui, si elle n'est pas toujours heureuse dans ses résultats, est assez exceptionnelle. C'est elle qui produit ‘ la Vérité toute nue ’ (A. Salim), ‘ l'Homme qui a perdu son ombre ’ (K. ash-Shaykh), qu'elle interprète également. On doit citer encore deux de ses meilleures prestations : ‘ Aube ’ (Fagr, Salim, 1955), et ‘ le Rivage des secrets ’ (Shaṭi ’ al-asrar, id, 1958).

MAGGI (Luigi)

cinéaste et acteur italien (Turin 1867 - id. 1946).

Typographe de profession et comédien dans une troupe amateur, Maggi est engagé en 1906 par Arturo Ambrosio pour devenir acteur et metteur en scène. Maggi tourne en 1908 la première version des Derniers Jours de Pompéi (Gli ultimi giorni di Pompei), et se spécialise dans les films de reconstitution historique tirés de l'Antiquité (Nerone, 1909 ; La vergine di Babilonia, 1910) ou de la Renaissance (La Gioconda, 1911 ; Il fornaretto di Venezia, 1914). C'est toutefois au Risorgimento qu'est emprunté le sujet de son film le plus célèbre, Nozze d'oro (1911). Une des grandes figures du cinéma muet italien.

MAGNANI (Anna)

actrice italienne (Alexandrie, Égypte, 1908 - Rome 1973).

Sa mère était de Rimini, et son père d'origine égyptienne. À cinq ans, elle va à Rome où, à seize ans, elle commence des cours de diction. À dix-sept ans, elle débute dans le spectacle de variétés, joue ensuite au théâtre dans de nombreuses pièces et fonde sa propre troupe. En 1934, elle débute au cinéma dans un mélodrame larmoyant, La cieca di Sorrento (Nunzio Malasomma), suivi par une comédie loufoque, Tempo massimo (M. Mattoli, id.). En 1935, elle se marie avec le réalisateur Goffredo Alessandrini, qui lui donne un rôle dans son mélodrame Cavalleria (1936). Parmi quelques films mineurs (dont : La principessa Tarakanova, F. Ozep et M. Soldati, 1938 ; La fuggitiva, P. Ballerini, 1941 ; Finalmente soli, G. Gentilomo, 1942), elle crée, sous la direction de V. De Sica et à son côté, dans Teresa Venerdì (1941), le personnage un peu autobiographique d'une actrice de variétés vulgaire et pleine d'ambitions. En 1943, elle joue dans Campo de ’ fiori (M. Bonnard), une comédie en dialecte romain où elle construit avec vivacité le personnage d'une vendeuse de fruits grivoise et impétueuse comme son partenaire Aldo Fabrizi. Les deux acteurs forment encore un couple dans la comédie romantique le Diamant mystérieux (L'ultima carrozzella, Mattoli, 1944) ; tout de suite après la libération de Rome, ils sont appelés par R. Rossellini à interpréter la célèbre chronique des années de l'occupation allemande : Rome, ville ouverte (1945). Elle y obtient un triomphe mondial dans le personnage de la femme du peuple massacrée par les nazis. Elle reprendra souvent ensuite un rôle analogue dans des comédies ou des mélodrames conçus pour exploiter sa verve : Abbasso la miseria (G. Righelli, id.) ; Un uomo ritorna (M. Neufeld, 1946) ; Devant lui tremblait tout Rome (Davanti a lui tremava tutta Roma, C. Gallone, id.) ; Au diable la richesse ! (Abbasso la ricchezza !, Righelli, id.) ; Lo sconosciuto di San Marino (V. Cottafavi et M. Waszynski, 1947). L. Zampa invente pour elle le personnage explosif d'une femme des quartiers prolétaires qui devient membre du Parlement pour affirmer ses droits à une vie meilleure : ce pamphlet populiste et féministe, elle l'interprète avec une extraordinaire conviction. Le succès lui sourit encore avec le mélodrame Assunta Spina (Mattoli, 1949 ;  : 1947), la comédie Molti sogni per le strade (M. Camerini, 1948), les deux épisodes controversés (la Voix humaine et le Miracle) de Amore (R. Rossellini, id.) et avec le supermélo Vulcano (W. Dieterle, 1950), conçu pour elle comme une « réponse » à la Ingrid Bergman de Stromboli (Rossellini, 1949). Visconti sublime définitivement toutes ses caractéristiques populaires dans une satire féroce du « mammismo » et du monde de Cinecittà : Bellissima (1951), où elle joue le rôle d'une mère de famille obstinée qui essaye de lancer sa fille dans le cinéma. Après un film historique, les Chemises rouges (G. Alessandrini, 1952), elle donne vie à l'immortelle grande comédienne du Carrosse d'or (1953), le chef-d'œuvre de Jean Renoir, qui constitue une subtile variation de ses rôles autobiographiques. Visconti lui dédie un portrait mémorable et sans masque dans son épisode de Nous les femmes (1953), où on la voit soit dans sa vie quotidienne hors du théâtre, soit sous les feux de la rampe. Dans sa courte carrière hollywoodienne, elle est la protagoniste de deux fidèles adaptations de pièces « sudistes » de Tennessee Williams (la Rose tatouée, D. Mann, 1955 ; l'Homme à la peau de serpent, S. Lumet, 1960) et d'un flamboyant mélodrame de George Cukor, Car sauvage est le vent (1957), remake de Furia (Alessandrini, 1946). Malgré l'Oscar obtenu pour le premier de ces trois films, elle revient en Italie et crée des personnages plus ancrés dans sa propre société et sa culture d'origine : la religieuse spirituelle de Suor Letizia (M. Camerini, 1957), la prisonnière rebelle de l'Enfer dans la ville (R. Castellani, 1958), la blonde chanteuse de Larmes de joie (M. Monicelli, 1960). Pasolini modernise son personnage classique de mère prolétaire dans Mamma Roma (1962), où elle joue avec passion l'émouvant personnage de la prostituée qui essaye de sauver son fils de la pègre. Après une comédie en France, le Magot de Josefa (C. Autant-Lara, 1963), elle interprète encore un épisode de À l'italienne (N. Loy, 1965), et se retire du métier pour quelques années. Fellini la fait sortir de sa retraite pour une apparition dans Roma (1972). Elle fait enfin un retour au cinéma grâce à une tétralogie produite en même temps pour la télévision et dirigée par A. Giannetti : La sciantosa (1971) ; 1943 : un incontro (id.) ; L'automobile (id.) ;... correva l'anno di grazia 1870 (1972). Les émissions obtiennent un vaste succès, même si les quatre histoires n'ont pas de qualités particulières. C'est son adieu officiel et presque conscient au grand public qui l'a aimée et qui l'a transformée en un symbole de l'Italie ressuscitée des cendres.