Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BROUGHTON (James) (suite)

Coauteur en 1946, avec Sidney Peterson, de The Potted Psalm (souvenir parfois laborieux du cinéma dada et surréaliste français), il est un des pionniers du réveil expérimental de la côte Ouest. À partir de Mother's Day (1948), il réalise seul de courts films allégoriques, fantaisies psychanalysantes qui peuvent se débrider en burlesque (Loony Tom, the Happy Lover, 1951). Après The Pleasure Garden (1953), aimable fable hédoniste tournée en Grande-Bretagne en 35 mm, il revient au cinéma indépendant pour exalter la libération sexuelle, dont il a été un des pionniers californiens, dans The Bed (1968), histoire mouvementée d'un lit, et The Golden Positions (1970), hymne tantôt facétieux, tantôt esthétisant au corps humain. Souvent issus de ses poèmes, ses films suivants sont marqués par le même gentil moralisme du bonheur (Testament, 1974).

BROWN (Bryan)

acteur australien (Sydney 1947).

Bryan Brown débute sa carrière au théâtre dans les années 70 en Angleterre. Le public australien le découvre dans Newsfront (Philip Noyce, 1978) et La Ballade de Jimmy Blacksmith (Fred Schepisi, 1979). Breaker Morant (Bruce Beresford, 1979) l'installe en talent incontournable du cinéma australien. Dans les années 80, aux États-Unis, il donne la réplique à Tom Cruise (Coktail, Roger Donaldson, 1986), Sigourney Weaver (Gorilles dans la brume, Michel Apted, 1988). Bryan Brown incarne l'archétype du bushman. Sans doute un des acteurs les plus populaires des antipodes avec Sam Neill, il figure au générique des films australiens les plus intéressants. En parallèle de sa carrière au cinéma, il écrit plusieurs téléfilms et mini-séries. Le public du monde entier l'a d'ailleurs découvert dans une série télévisée, Les oiseaux se cachent pour mourir dans laquelle il joue aux côtés de son épouse Rachel Ward.

BROWN (Clarence)

cinéaste américain (Clinton, Mass., 1890 - Santa Monica, Ca., 1987).

Les compétences techniques et les études de Clarence Brown (ingénieur automobile, aviateur, fondateur de la Brown Motor Co.) ne semblaient guère le destiner à devenir l'assistant du cinéaste français Maurice Tourneur en 1915 à Hollywood. Cette rencontre le marque et Brown réalise la plus grande partie du Dernier des Mohicans (1920) que Tourneur, malade, ne peut mener à bon terme. Dès lors, c'est un cinéaste à part entière. Un film comme The Light in the Dark atteste, dès 1922, sa grande maîtrise : une intrigue très romanesque et mélodramatique que son sens du décor et de l'éclairage transforme en une subtile divagation poétique. Le muet réussit pleinement à ce grand plasticien qu'aucun sujet ne limite. On lui doit des classiques du drame psychologique : la Femme de quarante ans et Or et Poison. Mais la fantaisie débridée de l'Aigle noir (avec Valentino) lui sied tout autant. Il confère au mélodrame un incomparable éclat ; notamment en 1926, en dirigeant Greta Garbo dans la Chair et le Diable, à l'érotisme à la fois brûlant et glacé, et en 1928 dans le méconnu Intrigues. Ce film est d'ailleurs exemplaire du travail de Brown : le scénario, adapté d'un roman à scandale, est édulcoré et mutilé au point de paraître incohérent ; mais la mise en scène vigoureuse et inspirée rattrape ce que le scénario avait gommé. Des images obsédantes s'installent dans nos mémoires : le phare de l'Hispano trouant la nuit, Garbo pressant amoureusement un bouquet de fleurs sur sa joue ou descendant une colline au crépuscule. En 1926, Brown entre à la MGM, où il va s'affirmer comme l'un des princes des artisans hollywoodiens. Il se spécialise d'abord dans le mélodrame, qu'il traite avec une vigueur rare (Âmes libres). Sa collaboration avec Greta Garbo se poursuit par des réussites comme Anna Christie, et surtout Inspiration et Anna Karenine. Sa collaboration avec Joan Crawford produit le charmeur Fascination et, surtout, Vivre et aimer, qui conjugue un très grand sens du romanesque et une analyse précise du mécanisme social. Mais Brown manifeste aussi un goût particulier pour le film familial : s'il use joliment de la nostalgie, il évite perpétuellement la mièvrerie et préserve même une certaine violence. Impétueuse Jeunesse et surtout Of Human Hearts sont riches de notations justes sur les rapports pères/fils, et le dernier film est une grande réussite du genre. Plus souple que nombre de ses confrères, il est aussi à l'aise dans l'intimisme de Mes petits que dans le gigantisme de la Mousson. Sa fine perception des acteurs lui permet l'audacieux contre-emploi de Jean Harlow dans Sa femme et sa dactylo. Dans les années 40, il poursuivra sa veine familiale, avec des œuvres comme le Grand National ou Jody et le Faon. Il réalise en 1948, contre toute attente, un des meilleurs films sociaux du moment : l'Intrus. Il se retire après une belle évocation historique (Capitaine sans loi).

Films  :

The Greet Redeemer (1920 ; supervisé par M. Tourneur) ; le Dernier des Mohicans (The Last of The Mohicans, id. ; CO Tourneur) ; The Foolish Matrons (1921 ; CO Tourneur) ; The Light in the Dark (1922) ; Or et Poison (Don't Marry for Money, 1923) ; The Acquittal (id.) ; le Veilleur du rail (The Signal Tower, 1924) ; la Papillonne (Butterfly, id.) ; la Femme de quarante ans (Smouldering Fires, 1925) ; l'Aigle noir (The Eagle, id.) ; Déchéance (The Goose Woman, id.) ; Kiki (id., 1926) ; la Chair et le Diable (Flesh and the Devil, 1927) ; la Piste de 98 (The Trail of « 98 », 1928) ; Intrigues (A Woman of Affairs, id.) ; The Wonder of Women (1929) ; Navy Blues (id.) ; Anna Christie (id., 1930) ; Romance (id., id.) ; l'Inspiratrice (Inspiration, 1931) ; Âmes libres (A Free Soul, id.) ; Fascination (Possessed, id.) ; Mes petits (Emma, 1932) ; Captive (Letty Lynton, id.) ; Dans la nuit des pagodes (The Son-Daughter, id.) ; Looking Forward (1933) ; Vol de nuit (Night Flight, id.) ; Vivre et aimer (Sadie McKee, 1934) ; la Passagère (Chained, id.) ; Anna Karenine (Anna Karenina, 1935) ; Impétueuse Jeunesse (Ah ! Wilderness, id.) ; Sa femme et sa dactylo (Wife Vs Secretary, 1936) ; l'Enchanteresse (The Gorgeous Hussy, id.) ; Maria Walewska (Conquest, 1937) ; Of Human Hearts (1938) ; la Ronde des pantins (Idiot's Delight, 1939) ; la Mousson (The Rains Came, id.) ; la Vie de Thomas Edison (Edison, the Man, 1940) ; Viens avec moi (Come Live With Me, 1941) ; l'Aventure commence à Bombay (They Met in Bombay, id.) ; Et la vie continue (The Human Comedy, 1943) ; les Blanches Falaises de Douvres (The White Cliffs of Dover, 1944) ; le Grand National (National Velvet, id.) ; Jody et le Faon (The Yearling, 1947) ; Passion immortelle (Song of Love, id.) ; l'Intrus (Intruder in the Dust, 1949) ; Pour plaire à sa belle (To Please a Lady, 1950) ; Angels in the Outfield (1951) ; It's a Big Country (1952 ; CO R. Thorpe, J. Sturges, Ch. Vidor, D. Weis, W. Wellman et D. Hartman) ; When in Rome (id.) ; Capitaine sans loi (Plymouth Adventure, id.).