Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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GARY (Romain Kacew, dit Romain)

romancier, diplomate et cinéaste français (Wilno [auj. Vilnious], Russie, 1914 - Paris 1980).

Fils adultérin de l'acteur russe Ivan Mosjoukine, il est l'auteur de nombreux romans dont plusieurs ont été portés à l'écran : les Racines du ciel (J. Huston, 1958), l'Homme qui comprend les femmes (The Man Who Understood Women, N. Johnson, 1959), Lady L (P. Ustinov, 1965), la Promesse de l'aube (J. Dassin, 1970), Clair de femme (Costa-Gavras, 1979), Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable (George Kaczender, 1982), Dressé pour tuer (S. Fuller, id.). Deux autres de ses livres écrits sous le nom d'Émile Ajar ont, eux aussi, été adaptés au cinéma : la Vie devant soi (Moshé Mizrahi, 1977) et Gros-Câlin (Jean-Pierre Rawson, 1979). Pour sa femme, Jean Seberg, il a lui-même réalisé deux longs métrages de médiocre facture : Les oiseaux vont mourir au Pérou (1968) et Kill (1972).

GASNIER (Louis J.)

cinéaste américain d'origine française (Paris 1875 - Hollywood, Ca., 1963).

Après avoir dirigé les premiers courts métrages de Max Linder, Gasnier part pour les États-Unis où il réalise un des plus célèbres serials, les Mystères de New York (The Exploits of Elaine, 1915 ; CO Donald MacKenzie et G. B. Seitz), dont la popularité, y compris en France, est extraordinaire et qui demeure son titre de gloire dans l'histoire du cinéma. Après quoi il tourne bien d'autres films de la même veine, avec Pearl White comme vedette. Le parlant venu, il tourne quelques versions françaises de films américains puis sombre dans les besognes les plus modestes de série Z. Il s'est retiré en 1942, après un film de circonstance : Fight on Marines !

GASS (Karl)

cinéaste allemand (Mannheim 1917).

Après des études d'économie et de journalisme de radio à Cologne, il s'installe en RDA en 1948 et devient scénariste et réalisateur à la DEFA pour les actualités et les documentaires. Il a réalisé depuis 1950 une soixantaine de courts, moyens et longs métrages documentaires consacrés à l'actualité sociale, politique et culturelle en RDA et à l'extérieur, tout en jouant un rôle décisif dans la naissance d'une nouvelle génération de documentaristes. Il porte un regard aigu et lucide en « cinéma direct » sur le monde du travail (Week-end [Feierabend, 1964] ; Des as [Asse, 1966] ; les As, année 74 [Asse-Anno 74, 1975]), sur la vie artistique (Vorwärts die Zeit, portrait du chanteur Ernst Busch, 1968 ; Fünfe auf einen Streich, sur le théâtre Volksbühne, 1973), ainsi que sur l'histoire étrangère : Allons enfants... pour l'Algérie (sur la guerre d'Algérie, 1961), Die grüne, weisse, rote Toscana (sur la Toscane, 1975). On lui doit encore deux remarquables longs métrages d'analyse historique : l'Année 1945 (Das Jahr 1945, 1984, montage d'actualités) et Une carrière allemande-Regards sur notre siècle (Eine deutsche Karriere-Rückblicke auf unser Jahrhundert, 1987, sur la vie de l'amiral Doenitz).

GASSMAN (Vittorio)

acteur et cinéaste italien (Gênes 1922 - Rome 2000).

Il fréquente l'Accademia d'arte drammatica et débute en 1943 au théâtre à Milan avec la troupe d'Alda Borelli, puis joue avec celles d'Elsa Merlini, Evi Maltagliati et Laura Adani. Après un certain succès sur scène, il débute au cinéma dans la Fille maudite (Preludio d'amore, Giovanni Paolucci, 1946), dans un rôle d'ancien combattant qui retrouve son milieu transformé. Son physique athlétique le destine pour quelques années surtout à des films d'aventures ou de cape et d'épée, dont Daniele Cortis (M. Soldati, 1947), la Fille du capitaine (M. Camerini, id.), le Chevalier mystérieux (Il cavaliere misterioso, R. Freda, 1949), le Loup de la Sila (Il lupo della Sila, D. Coletti, id.), l'Épervier du Nil (Lo sparviero del Nilo, G. Gentilomo, 1951 [ 1949]), le Prince pirate (Il leone di Amalfi, Pietro Francisci, id.), Trahison (Il tradimento/Passato che uccide, Freda, id.), où il joue presque toujours le rôle du vilain. Citons encore le Faucon (S. Abu Sayf, 1950). De cette période qu'aujourd'hui il renie émergent trois superbes mélodrames sociaux à succès : Riz amer (G. De Santis, 1949), Anna (A. Lattuada, 1951) et Traite des blanches (L. Comencini, 1952). Mais c'est dans sa carrière parallèle au théâtre qu'il obtient ses satisfactions majeures, puisqu'il y est dirigé par Visconti. En 1954, il forme avec Luigi Squarzina sa propre troupe, met en scène et interprète soit des pièces classiques (Shakespeare, Sophocle), soit des œuvres contemporaines (T. Williams). La MGM l'engage en 1953 et lui fait interpréter à Hollywood quatre films : le Mystère des Bayous (Cry of the Hunted, J. H. Lewis, 1953) ; les Frontières de la vie (The Glass Wall, Maxwell Shane, id.) ; Sombrero (N. Foster, id.) ; Rhapsodie (Ch. Vidor, 1954). Bien que son contrat américain soit vite déchiré, il joue encore dans quelques grands spectacles italiens conçus pour le public international, comme Mambo (R. Rossen, 1954), la Belle des belles (La donna più bella del mondo [R. Z. Leonard], 1955), Guerre et Paix (K. Vidor, 1956). En 1956, il dirige en collaboration avec Francesco Rosi l'adaptation cinématographique d'un de ses plus grands succès au théâtre, la version écrite par Sartre de la pièce de Dumas, Kean : c'est déjà un premier film autobiographique où il souligne les splendeurs et les misères d'un monstre sacré de la scène. En 1957, après quelques films mineurs, Monicelli transforme complètement son physique et lui fait jouer un rôle comique à contre-emploi : le petit voleur minable du Pigeon. Le film et Gassman obtiennent un succès énorme et sa carrière prend un tournant décisif, puisqu'il sera recherché désormais presque exclusivement comme acteur comique au cinéma. En 1959, il dirige et interprète à la TV une émission satirique virulente, Il Mattatore, où il joue différents « monstres » avec une bravoure à la Fregoli. Monicelli lui donne un autre rôle important dans la Grande Guerre (1959) : il est le fantassin lâche qui essaye de se « planquer » mais meurt comme un héros. Dino Risi en fait l'Homme aux cent visages (1960) puis la figure clé de la Marche sur Rome (1962), deux variations sur le même personnage d'esbroufeur couard, avant de lui donner encore un rôle extraordinaire dans le Fanfaron (id.) : cet adulte resté enfant qui a tout gâché dans sa vie est un portrait hallucinant qui doit beaucoup à la spontanéité créatrice de l'acteur. Avec les Monstres (1963) et Il Gaucho (1964), Risi exploite ses mille possibilités d'un Protée qui semble ne jamais se prendre au sérieux — puisque le côté sérieux de son activité reste toujours le théâtre. Devenu une star populaire au box-office, on le voit dans Barabbas (R. Fleischer, 1962) et il tourne des comédies à la chaîne, souvent sans intérêt, dont La cambiale (C. Mastrocinque, 1959), Il sorpasso (Mauro Morassi, 1963), Frenesia dell'estate (L. Zampa, 1964), mais aussi des satires très originales comme Une vierge pour le prince (P. Festa Campanile, 1965). C'est encore Monicelli et Risi qui lui donnent ses meilleures chances, le premier avec le diptyque médiéval effréné, l'Armée Brancaleone (1966) et Brancaleone aux croisades (1970), le second avec une série de comédies amères sur les vices de la société italienne, de l'Homme à la Ferrari (1967), à Au nom du peuple italien (1971), Parfum de femme (1974), Âme perdue (1976), Cher Papa (1979). En 1969, Gassman dirige son deuxième film, cette fois en collaboration avec ses amis Luciano Lucignani et Adolfo Celi, l'Alibi ; c'est une œuvre déchirante qui affronte directement les échecs personnels vécus par les trois auteurs. Son troisième film comme réalisateur est moins personnel : Sans famille (Senza famiglia nullatenenti cercano affetto, 1972), une parodie des mélodrames larmoyants. En 1978, Robert Altman l'appelle aux États-Unis et lui donne deux grands rôles : le riche italien immigré et père de famille d'Un mariage et le prêtre diabolique de Quintet. Dans cette dialectique constante entre le théâtre (où il donne aussi des cours aux jeunes comédiens) et le cinéma (où ses rôles s'épaississent avec l'âge), l'« œuvre » gassmanienne reste ouverte et refuse tout classement. Il a livré ses souvenirs, Un grande avvenire dietro le spalle (1981), et tourné un film du type cinéma-vérité sur, et avec son fils, Di padre in figlio (1982). En 1983, il est le personnage principal du film d'André Delvaux, Benvenuta, et l'un des principaux protagonistes de La vie est un roman d'Alain Resnais. Il interprète ensuite notamment le Pouvoir du mal (K. Zanussi, 1985), la Famille (E. Scola, 1987), I picari (M. Monicelli, id.), Mortacci (S. Citti, 1988), Lo zio indegno (F. Brusati, 1988), Oublier Palerme (F. Rosi, 1989), les Mille et Une Nuits (P. de Broca, 1990), Tolgo il disturbo (D. Risi, id.), Quando eravamo repressa (Pino Quartullo, 1991), El largo invierno (J. Camino, 1992). À la fin de sa vie, on le retrouve encore au générique de Sleepers (B. Levinson, 1996), le Dîner (E. Scola, 1998), La bomba (G. Base, 1999) et Luchino Visconti (C. Lizzani, 1999).