Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BERRI (Claude Langman, dit Claude)

cinéaste, acteur et producteur français (Paris 1934).

Ses quelques petits rôles au cinéma et à la télévision n'avaient pas beaucoup fait parler de lui. Ses débuts comme réalisateur (son court métrage le Poulet, en 1963, lui apporta une distinction au festival de Venise et un Oscar à Hollywood) furent plus convaincants. Son premier long métrage, le Vieil Homme et l'Enfant (en 1967, avec Michel Simon), rencontre un très grand succès commercial et critique. Suivirent d'autres films à caractère semi-autobiographique (comme le premier) mais d'ambition plus limitée, qu'il interpréta souvent lui-même : Mazel Tov ou le Mariage (1968), le Pistonné (1970), le Cinéma de papa (id.), Sex-Shop (1972), le Mâle du siècle (1975). Il réalise ensuite la Première Fois (1976), Un moment d'égarement (1977), Je vous aime (1980), le Maître d'école (1981), et Tchao Pantin (1983, avec Coluche). Changeant de registre et de budget, il tourne Jean de Florette (1986) et Manon des sources (id.) d'après l'œuvre de Marcel Pagnol qui obtiennent un très large succès public tout comme Uranus (1991), adaptation du roman de Marcel Aymé, Germinal (1993), d'après l'œuvre d'Émile Zola ou Lucie Aubrac (1997), qui sont un peu les films symptomatiques, dans leur genèse, leur promotion et leur succès public, des efforts faits par le cinéma français pour reconquérir le marché : gros budget, acteurs (voire chanteurs) populaires, références socio-historiques, emprunts à la grande littérature. Comme producteur ou coproducteur, on lui doit notamment Tess (1979), de Roman Polanski, l'Ours (1988) et l'Amant (1992) de Jean-Jacques Annaud (d'après le roman de Marguerite Duras), l'Homme blessé (où il est également acteur, 1983) et la Reine Margot (1994) de Patrice Chéreau, Gazon maudit (1995) de Josiane Balasko. En 2001 il produit le Vicaire de Costa-Gavras.

BERRIAU (Simone Bossis, dite Simone)

actrice française de théâtre et de cinéma et productrice (Touques 1896 - Paris 1984).

L'une des reines de Paris dans les années 30, cette amie de Colette et de Cécile Sorel est la maîtresse en titre du pacha de Marrakech, puis l'épouse (successivement) du colonel Berriau et du Dr Schröder, enfin la compagne du dramaturge boulevardier et cinéaste Yves Mirande. Elle débute à l'Opéra-Comique dans Pelléas et Mélisande. Elle est aussi la directrice du théâtre Antoine depuis 1943 et l'interprète d'une quinzaine de films, sous la direction de Claude Autant-Lara (Ciboulette, 1933), Jean Benoît-Lévy (Itto, 1935, CO Marie Epstein), Yves Mirande (À nous deux madame la vie, 1937 ; Café de Paris, 1938, CO G. Lacombe) et surtout Max Ophuls (Divine, 1935, et la Tendre Ennemie, 1936, ses deux meilleurs rôles). Elle a été également la coproductrice et la directrice artistique des Mains sales (Fernand Rivers, 1951).

BERROYER (Jacky)

scénariste et acteur français (Reims 1946).

Journaliste, romancier, il écrit le scénario très original des Arcandiers, en collaboration avec le réalisateur (Manuel Sanchez, 1991), puis collabore à Lune froide, de Patrick Bouchitey (1991) et à les Gens normaux n'ont rien d'exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa (1993), qui lui permet de créer un premier personnage décisif au cinéma. Son allure générale, son élocution non travaillée, son air naïf et faussement naïf – on ne sait pas toujours – intéressent de nombreux cinéastes pour des rôles de comparses, comme Chabrol dans Rien ne va plus (1997). Bonitzer lui confie le rôle principal d'Encore (1996), où il excelle, de même que dans Je ne vois pas ce qu'on me trouve (Christian Vincent, 1997) sur un scénario de sa plume. Il a aussi adapté un de ses romans pour Tempête dans un verre d'eau, tourné en partie aux États-Unis, mais réalisé avec moins de réussite par Arnold Backus.

BERRY (John [Jack])

cinéaste américain (New York, N. Y., 1917 - Paris, France, 1999).

Acteur depuis l'enfance, engagé au Mercury Theater, assistant de Billy Wilder pour Assurance sur la mort (1944), il dirige à partir de 1946 des films inégaux mais où peu à peu s'affirme un talent, comme le prouvent Casbah (id., 1948) et surtout Menaces dans la nuit (He Ran All the Way, 1951). Porté sur la « liste noire » en 1950, il réalise le documentaire The Hollywood Ten destiné à soutenir les Dix d'Hollywood, puis s'exile en France, où il réalise plusieurs films commerciaux (le meilleur étant ça va barder, en 1955, avec Eddie Constantine), et à Londres, où il monte des spectacles de théâtre. Après quelques tentatives infructueuses (À tout casser, FR, 1968), il fait sa vraie rentrée à l'écran aux États-Unis avec un film sensible et élégant, entièrement joué par des Noirs : Claudine (1974). Il signe ensuite deux autres films : Thieves (1977) et The Bad News Bears Go to Japan (1978) puis réalise en France Voyage à Paimpol (1985) et Il y a maldonne (1988). A Captive in the Land (1991) aborde le problème de la communicabilité entre deux hommes que tout sépare (langue, culture, idéologie) et qui sont contraints de lutter ensemble pour survivre.

BERRY (Jules Paufichet, dit Jules)

acteur français (Poitiers 1883 - Paris 1951).

Il débute très jeune au théâtre à Paris (Antoine, Ambigu, Mathurins, Nouveautés) puis à Bruxelles (Galeries Saint-Hubert), où il reste douze ans, acquérant sur la scène, essentiellement dans un répertoire boulevardier, l'extraordinaire métier qui lui vaudra de tourner près d'une centaine de films en vingt ans. Son premier contact avec le cinéma, en 1911, dans le Cromwell d'Henri Desfontaines, s'était avéré décevant parce que le muet ne lui permettait pas de s'exprimer entièrement, et ce n'est qu'en 1928 qu'il fera ses véritables débuts dans un petit rôle de l'Argent, pourtant encore muet, de L'Herbier. Il est aussitôt absorbé par la production sonore et tourne chaque année plusieurs films en poursuivant de front une intense activité théâtrale. Parmi ses premiers films, on peut citer, à titre indicatif, Mon cœur et ses millions (A. Berthomieu, 1931), Arlette et ses papas (Henry Roussell, 1934), Jeunes Filles à marier (Jean Vallée, 1935), Et moi j'te dis qu'elle t'a fait d'l'œil (Jack Forrester, id.). Il s'impose rapidement grâce à son abattage et à son dynamisme, à son extraordinaire présence faite d'aplomb imperturbable, d'insolence souveraine et d'ironie ravageuse, grâce aussi à son verbe intarissable et à son célèbre jeu de mains.