Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BASSET (Marie-Louise, dite Gaby)

actrice française (Varenne-Saint-Sauveur 1902).

De 1925 à 1933, elle partage la vie de Jean Gabin, dont c'est la première épouse. Frange sur le front et voix acidulée, elle interprète alors des soubrettes délurées. Aux côtés de Gabin, elle joue dans Chacun sa chance (H. Steinhoff, 1930) et plus tard apparaît en tenant des seconds rôles dans Touchez pas au grisbi (J. Becker, 1954), Voici le temps des assassins (J. Duvivier, 1956), Maigret tend un piège (J. Delannoy, 1958), Archimède le clochard (G. Grangier, 1959), Rue des prairies (D. de La Patellière, id.) ; elle tient aussi un rôle pittoresque dans Feu de paille (J. Benoît-Lévy, 1940).

BATAILLE (Sylvia Maklès, dite Sylvia)

actrice française (Paris 1908 - id. 1993).

Des films excellents conservent l'image de cette jolie brune, sensible et prête à glisser dans la mélancolie : le Crime de monsieur Lange (J. Renoir, 1936), Jenny (M. Carné, id.), l'Affaire du courrier de Lyon (M. Lehmann et C. Autant-Lara, 1937), les Gens du voyage (J. Feyder, 1938), l'Enfer des Anges (Christian-Jaque, 1939). De Vous n'avez rien à déclarer ? (L. Joannon, 1937) à Ils étaient cinq permissionnaires (P. Caron, 1945 [ 1940]), il y a des titres fâcheux, mais rien ne peut ternir son souvenir dans Une partie de campagne (Renoir, 1946 [ 1936]) ni sa discrète apparition dans les Portes de la nuit (Carné, 1946). Elle fut l'épouse du psychanalyste Jacques Lacan.

BATALOV (Alekseï [Aleksej Vladimirovič Batalov])

acteur et cinéaste soviétique (Vladimir 1928).

Né dans une famille d'acteurs (il est le neveu de Nikolaï Batalov), il étudie au studio-école du théâtre d'Art de Moscou (1946-1950) puis joue dans ce même théâtre (1950-1953). Il débute au cinéma en 1954 dans Une grande famille de Iossif Kheifits et s'impose rapidement comme vedette dans d'excellents films : il tient le rôle de Pavel Vlassov (le même qu'avait tenu son oncle trente ans auparavant) dans la Mère de Donskoï (1956), puis il marque de sa personnalité Quand passent les cigognes (M. Kalatozov, 1957), la Dame au petit chien (I. Kheifits, 1960) et surtout Neuf Jours d'une année (M. Romm, 1962). Il compose des personnages tout à la fois introvertis et pathétiques, exprimant sans grandiloquence les blessures de l'âme comme les crises de la raison. On le voit encore dans nombre de films, dont la Fuite (Alov et Naoumov, 1971), l'Étoile du merveilleux bonheur (Zvezta plenitel'nogo sčast'ja, Vladimir Motyl, 1975), Moscou ne croit pas aux larmes (Moskva slezam ne verit, Vladimir Menchov, 1979) et le Week-end (Igor Talankine, 1989).

Assistant réalisateur de Très cher humain (Kheifits, 1958), il passe lui-même à la mise en scène avec une remarquable adaptation de Gogol, le Manteau (Šinel‘, 1960), puis avec une comédie truculente d'après Iouri Olecha, les Trois Gros (Tri tolstjaka, 1966) et une belle version du Joueur (Igrok, 1972) de Dostoïevski, où il tient le rôle principal.

BATALOV (Nikolaï)

acteur soviétique (Moscou 1899 - id. 1937).

Élève du studio du théâtre d'Art de Moscou dès 1916, puis acteur dans ce même théâtre à partir de 1924, il débute simultanément au cinéma dans le film de science- (et politique-) fiction de Protazanov, Aélita (1924). Mais c'est sa performance dans le rôle de Pavel Vlassov de la Mère de Poudovkine (1926) qui lui vaut la célébrité par la sensibilité et l'intelligence de son jeu : il impose dès lors un type de héros familier, issu du peuple et porteur des valeurs de la société nouvelle. Il n'est pas moins remarquable dans le rôle du mari de Trois dans un sous-sol d'Abram Romm (1927), brillante comédie sur le thème du ménage à trois. Il est encore en vedette dans le Chemin de la vie de Nikolaï Ekk (1931), où il incarne avec beaucoup de conviction un éducateur partisan de méthodes nouvelles pour la réhabilitation sociale des enfants abandonnés après la guerre civile. On le verra encore dans quelques films, dont Horizon (L. Koulechov, 1932) et Trois Camarades (Tri tovarišča, Semen Timochenko, 1935). Il est apprécié à la fois pour sa décontraction souriante et sa vigueur dramatique.

BATCHEFF (Pierre)

acteur français d'origine russe [Petr Bačev] (Harbin [anciennement Karbin], Mandchourie, 1901 - Paris 1932).

Débutant à Genève avec les Pitoëff, il vient vite au cinéma (1924), pour lequel il interprète quelque 25 films en huit ans : Feu Mathias Pascal (M. L'Herbier, 1925), le Joueur d'échecs (R. Bernard, 1927), Napoléon (A. Gance, id.), les Deux Timides (R. Clair, 1929), Baroud (R. Ingram, 1933). En dépit d'une brillante carrière de jeune premier, il est ouvert à toutes les recherches et on le connaît surtout pour son interprétation dans Un chien andalou (L. Buñuel, 1928). Son suicide interrompt un projet avec les frères Prévert.

BATCHELOR (Joy)

productrice et cinéaste d'animation britannique (Watford 1914 - Londres 1991)

 HALAS (John).

BATES (Kathleen Bates, dite Kathy)

actrice américaine (Memphis, Tenn., 1948).

Jeune actrice de théâtre, Kathy Bates débute au cinéma en 1971 dans Taking off (M. Forman). Mais bien qu'elle ait été continuellement occupée, tant à la scène qu'à l'écran, ce n'est qu'en 1990 qu'elle se fait véritablement remarquer dans Misery (id., Rob Reiner), qui lui vaut un Oscar : sa création de vieille fille obèse, fan d'un écrivain qu'elle séquestre, est de bout en bout stupéfiante, tour à tour attendrissante et terrifiante. Cette texture contrastée, ainsi que la maturité de l'âge, lui siéent particulièrement : elle sait en même temps faire haïr le personnage qu'elle incarne et susciter la compassion. Plus que sa création facile de Molly Brown dans Titanic (J. Cameron, 1997), nous retiendrons Diabolique (id., Jeremiah Chechick, 1996), où elle réinvente avec brio le commissaire de police incarné jadis par Charles Vanel dans le film de H.-G. Clouzot, Primary Colors (M. Nichols, 1997), où elle incarne avec bagout la conseillère lesbienne d'un candidat à la Maison-Blanche, et surtout Dolores Claiborne (id., Taylor Hackford, 1995), mélodrame féminin dans lequel elle joue une femme de ménage fruste et taciturne, peut-être criminelle, dans une prestation imposante digne de Barbara Stanwyck ou de Joan Crawford.

BATES (Alan)

acteur britannique (Allestree, Derbyshire, 1934).

Fils de musiciens classiques, il étudie à l'Académie royale d'art dramatique et participe au renouveau du théâtre anglais en jouant, au Royal Court de Londres, la pièce célèbre de John Osborne, la Paix du dimanche. Il débute au cinéma sous la direction de Tony Richardson dans l'adaptation d'une autre pièce d'Osborne : le Cabotin (The Entertainer). Il partage ensuite ses activités entre la scène et l'écran. Son interprétation d'employé modeste dans Un amour pas comme les autres (J. Schlesinger) lui vaut un prix au festival de Berlin. Il connaît un triomphe dans la pièce d'Harold Pinter, The Caretaker, qu'il rejoue d'ailleurs en 1964 dans une adaptation cinématographique de Clive Donner. Excellent acteur de composition, il a interprété les personnages les plus divers, jouant avec sa présence physique ou au contraire avec un masque expressif, égaré, tourmenté : un employé arriviste et sans scrupules (Tout ou rien, C. Donner), un jeune inspecteur d'enseignement, amoureux de la nature (Love, de K. Russell, où il bravait le tabou du nu masculin à l'écran), un romancier timide (Zorba le Grec, M. Cacoyannis), un soldat anglais devenu le souverain des fous (le Roi de cœur, Ph. de Broca), un berger philosophe (Loin de la foule déchaînée, J. Schlesinger), un fermier confronté au drame de la mésalliance (le Messager, J. Losey), Rudi von Stamberg, homme de main de Bismarck (Royal Flash, R. Lester), un pensionnaire de clinique psychiatrique (le Cri du sorcier, J. Skolimowski), un mécène pervers (Quartet, J. Ivory), un officier amnésique (le Retour du soldat, A. Bridges).