Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
F

FIELD (Betty)

actrice américaine (Boston, Mass., 1913 - Hyannis, Mass., 1973).

Rondelette, quelque chose comme une Clara Bow attardée dans les années 40, mais également cérébrale comme peut l'être une actrice de Broadway, Betty Field avait tout ce qu'il fallait pour devenir une vedette. Sa présence, dans Des souris et des hommes (L. Milestone, 1940), était sensuelle à souhait et n'était pas moins émouvante dans Obsessions (J. Duvivier, 1943) ou dans Crime sans châtiment (Kings Row, S. Wood, 1942). Mais Betty Field préféra le théâtre et la composition. On l'a revue, plus boulotte, mais toujours immanquablement juste et mesurée, en tenancière de bar dans Arrêt d'autobus (J. Logan, 1956) et en missionnaire vieillissante et timorée dans Frontière chinoise (J. Ford, 1966), prouvant ainsi le large éventail de son talent et donnant la pleine mesure de ce que le cinéma avait un peu négligé.

FIELD (Sally)

actrice américaine (Pasadena, Ca., 1946).

Elle interprète de nombreux rôles pour la télévision depuis 1965, avant de connaître la consécration, au cinéma, dans des œuvres à caractère politique comme Norma Rae (M. Ritt, 1979), qui lui vaut une récompense à Cannes, et Absence de malice (S. Pollack, 1981). Avec une certaine sobriété, elle incarne la jeune femme libre, aussi bien dans des films d'auteur que dans des productions plus commerciales : Stay Hungry (B. Rafelson, 1976) ; Cours après moi shérif (Smokey and the Bandit, Hal Needham, 1977) ; Suicidez-moi docteur (The End, B. Reynolds, 1978) ; Back Roads (Ritt, 1981) ; Kiss Me Goodbye (R. Mulligan, 1982) ; les Saisons du cœur (R. Benton, 1984) ; Murphy's Romance (Ritt, 1985) ; Cordes et discordes (Surrender, Jerry Belson, 1987) ; Potins de femmes (H. Ross, 1989) ; Not Without My Daughter (Brian Gilbert, 1990) ; Soapdish (Michael Hoffman, 1991). On peut constater dans Forrest Gump (R. Zemeckis, 1994), où elle joue avec abattage la mère de Tom Hanks, qu'elle aborde avec intelligence les rôles de composition. Mais on souhaite, au vu de sa prestation dans le très médiocre Au-delà des lois (J. Schlesinger, 1996), qu'elle se maintienne sagement dans la mesure.

FIELDS (Grace Stansfield, dite Gracie)

actrice britannique (Rochdale 1898 - Capri, Italie, 1979).

Sur les planches du music-hall depuis l'âge de treize ans, Gracie Fields est devenue dans les années 30 une véritable institution britannique. Elle était le symbole d'une certaine joie de vivre et d'une certaine truculence. Forte en gueule, mûrissante, elle était exactement celle que l'on voulait rencontrer au coin d'une rue ou dans un pub un soir de cafard : en un rien de temps, elle vous aurait remonté le moral. Queen of Heart (1936, de son mari Monty Banks), Keep Smiling (id., 1938) sont de véritables classiques populaires. Pendant la guerre, elle perpétua cette image à Hollywood, où elle eut un excellent rôle dans Holy Matrimony (J. M. Stahl, 1943). Elle s'est retirée en 1945.

FIELDS (William Claude Dukinfield, dit W. C.)

comédien et auteur américain (Philadelphie, Pa., 1879 - Pasadena, Ca., 1946).

On a dit de lui qu'il était « le plus grand humoriste américain depuis Mark Twain ». La réévaluation de son œuvre au travers de multiples reprises le prouve désormais : il est considéré comme l'un des comiques majeurs de son époque, après Chaplin et Keaton, dans la mesure où sa vie demeure inséparable de ses films, dont elle est l'éclairage indispensable.

Fils d'un marchand des quatre-saisons cockney originaire de Londres, il décide à l'âge de neuf ans, après une sortie au cirque, de devenir jongleur. Ayant quitté le domicile paternel, il vit dans les terrains vagues et les granges de rapines et de chapardages. Ce paria précoce découvre ainsi deux de ses ennemis traditionnels : les chiens, qui savent reconnaître d'emblée un vagabond, et les enfants, dont il envie secrètement la vie familiale. Il dira plus tard des premiers : « Ces fils de chienne lèvent la patte sur les fleurs », et des seconds : « Je les préfère frits. » C'est en 1893 qu'il débute enfin comme jongleur dans un parc d'attractions de Philadelphie, puis dans les académies de billard et suit en tournée des troupes de mélodrames à l'ancienne ou des spectacles de vaudeville dont il conservera les maniérismes en les satirisant dans leurs excès. En 1905, il joue sa première pièce légitime, The Ham Tree, vaudeville musical ; puis, après avoir fait le tour du monde et joué aux Folies-Bergère, il est engagé par le légendaire Florenz Ziegfeld, qui l'exhibe dans ses Follies de 1915 à 1925. Il y donne, en les embellissant sans cesse, ses numéros de croquet, de golf, de billard et de pique-nique. On le verra aussi dans les « Scandales » de George White et les « Vanités » de Earl Carroll, où il esquisse les sketches de dentiste et de pharmacien qu'il développera au cinéma. Il créera également la comédie musicale Poppy (1925), où, dans le rôle du professeur Eustace McGargle, escroc, hâbleur et misogyne, il trace les lignes pratiquement définitives de son personnage mythique. Jongleur impénitent dans sa jeunesse (il avait exhibé son talent devant Édouard VII et aux côtés de Sarah Bernhardt, dont le contrat stipulait pourtant qu'elle ne se montrait jamais en compagnie de saltimbanques et d'animaux savants), clochard des princes, il exigera bientôt d'être affiché comme « W. C. Fields, le distingué comédien ».

Dès 1915, il apparaît dans des courts métrages, mais c'est en 1924 qu'il fit ses vrais débuts au cinéma, surtout dans Sally of the Sawdust de D. W. Griffith, tiré de Poppy, pendant le tournage duquel il passe déjà pour un perfectionniste de sa propre idiosyncrasie et le maître absolu de ses routines. Lecteur assidu de Dickens, il adore se fabriquer des patronymes farfelus et des costumes avantageux, cols durs, guêtres et hauts-de-forme, qu'il dessine lui-même avec un vrai talent de caricaturiste. L'arrivée du parlant en 1930, avec la révélation de sa voix traînante, capable de mille variations de volume, et de ses exquises trouvailles verbales, trouve en lui un héros déjà complètement posé et imposé de mari fanfaron, généralement tyrannisé par la vie de famille, et qui se réfugie dans les détails obnubilants d'une vie de petit commerce provincial, dans les illusions d'une minable sinécure foraine, ou dans les songes vains d'un spéculateur malchanceux. Il a déjà tourné deux films avec Griffith (le second est That Royle Girl, 1926) et trouvé ses metteurs en scène favoris : Edward Sutherland (It's the Old Army Game, 1926) et Gregory La Cava (So's Your Old Man, 1926, Running Wild, 1927), qui savent l'amadouer et stimuler ses instincts créateurs.