Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SCHEIDER (Roy)

acteur américain (Orange, N. J., 1932).

Après des études universitaires, il se dirige vers le théâtre et débute au cinéma en 1964 dans Curse of the Living Corpse (D. Tenney) avant d'accéder à des rôles plus importants dans Portrait d'une enfant déchue (J. Schatzberg, 1970) ou Klute (A. J. Pakula, 1971). Après la parenthèse française de French Connection (W. Friedkin, 1971), l'Attentat (Y. Boisset, 1972) et Un homme est mort (J. Deray, 1973), il est le shérif obstiné des Dents de la mer (S. Spielberg, 1975). Ce sont ensuite Marathon Man (J. Schlesinger, 1977), le Convoi de la peur (W. Friedkin, id.) et surtout Que le spectacle commence (1979), où il incarne avec une pétulance inattendue le double du réalisateur Bob Fosse. Il est en 1985 le héros de 2010, de Peter Hyams, en 1986, de Paiement Cash, de John Frankenheimer et, en 1989, de Men's Club, de Peter Medak. Il retrouve en 1990 Frankenheimer dans Fourth War et tourne avec Fred Schepisi la Maison Russie (id.), avec Peter Medak, Romeo is Bleeding (1993) et avec F.F. Coppola l'Idéaliste (1997).

SCHEINER.

Indice utilisé autrefois pour repérer la rapidité d'un film. (En pratique, l'indice Scheiner était égal à l'indice DIN augmenté de 10.)

SCHELL (Margarete, dite Maria)

actrice autrichienne (Vienne 1926).

Issue d'une famille d'écrivains (son père est le poète et dramaturge Hermann-Ferdinand Schell) et d'acteurs (sa mère est la comédienne Noe von Nordberg), elle fuit l'Anschluss avec les siens et s'installe en Suisse, où elle débute à l'écran en 1942 (Steibruch, Sigfrit Steiner). Après la guerre, elle promène sa blondeur, sa timidité, sa fragilité dans divers films (Der Engel mit der Posaune, Karl Hartl, 1948), est remarquée dans la Boîte magique (J. Boulting, 1951) et s'impose sur le plan international avec le Dernier Pont (H. Käutner, 1954), les Rats (R. Siodmak, 1955), Gervaise (R. Clément, 1956), Rose Bernd (W. Staudte, 1957), Nuits blanches (L. Visconti, id.), les Frères Karamazov (R. Brooks, 1958), Une vie (A. Astruc, id.), la Colline des potences (D. Daves, 1959), la Ruée vers l'Ouest (A. Mann, 1960). Elle joue sur une sensibilité exacerbée, n'hésite pas à pousser ses interprétations vers la sensiblerie, voire le lacrymalisme, et, de ce fait, est très vite cataloguée parmi les actrices paroxystiques. Ceux qui ont su l'utiliser (Kaütner, Visconti, Astruc) ont néanmoins compris son talent et lui ont offert des rôles intériorisés où l'émotion, pour réelle qu'elle soit, ne submergeait pas la structure narrative du scénario.

À partir de 1960, ses apparitions se sont faites plus rares et on a cru qu'elle avait mis un terme à sa carrière quand, soudain, elle réapparut enjouée et piquante dans le Diable par la queue (Ph. de Broca, 1967). Dès lors, elle n'entretient plus avec le cinéma que des relations distantes : le Dossier ODESSA (The ODESSA File, R. Neame, 1974), le Voyage des damnés (S. Rosenberg, 1976), Folies bourgeoises (C. Chabrol, id.), Superman (Richard Donner, 1978), Gigolo (D. Hemmings, id.), la Passante du « Sans-Souci » (J. Rouffio, 1982), 1919 (id., Hugh Brody, 1985).

SCHELL (Maximilian)

acteur et cinéaste autrichien (Vienne 1930).

Frère de Maria Schell, il paraît au théâtre en 1952, puis au cinéma en 1954 dans Des enfants, des mères et un général, de Laslo Benedek. Il tourne dans plusieurs films allemands, signés notamment par Falk Harnack, Helmut Käutner, Arthur Maria Rabenalt, Eugen York. Il est ensuite sollicité pour d'importants projets hollywoodiens, dont le Bal des maudits (E. Dmytryk, 1958) et, surtout, Jugement à Nuremberg (S. Kramer, 1961), qui lui vaut un Oscar. On le voit à la même époque dans des films européens tels que les Séquestrés d'Altona (V. De Sica, 1963) ou Topkapi (J. Dassin, 1964). Il dirige de plus en plus de mises en scène théâtrales et s'intéresse à l'écriture de scénarios et à la production de films. Ainsi est-il amené à coproduire et à interpréter le rôle de K dans le Château, de Rudolph Noelte (1968). Il entreprend alors une carrière de cinéaste sans pour autant renoncer à celle d'acteur (Paulina 1880, J. L. Bertucelli, 1970 ; Un pont trop loin, R. Attenborough, 1977 ; Julia, F. Zinnemann, id. ; Croix de fer, S. Peckinpah, id. ; l'Élu [The Chosen], Jeremy Paul Kagan, 1982 ; les Îles, Iradj Azimi, 1983). Il écrit et réalise Premier Amour (Erste Liebe, SUI-ALL, 1970, d'après Tourgueniev), le Piéton (Der Fussgänger, ALL, 1973) et la Fin du jeu (Der Richter und sein Heinke, ALL-IT, 1975, d'après et avec la collaboration de l'écrivain Friedrich Dürrenmatt). En 1979, il adapte et met en scène avec élégance Histoires de la forêt viennoise (Geschichten aus Wienerwald) d'après la pièce de von Horvath. En 1983, il réalise dix-sept heures d'entretien avec Marlene Dietrich, Marlene, qui est l'évocation d'un mythe en même temps que le portrait d'une star. On le retrouve acteur en 1984 dans Morgen in Alabama de Norbert Kückelmann, en 1989 dans le Jardin de roses de F. Rademackers, en 1990 dans Premiers pas dans la mafia (Andrew Bergam) et Labyrinth (J. Jireš), en 1993 dans Justiz (H.W. Geissendorfer) et Little Odessa (James Gray). [ ▲ ]

SCHENCK (Joseph M.)

producteur américain (Rybinsk, Russie, 1878 - Beverly Hills, Ca., 1961).

Il émigre aux États-Unis avec sa famille à la fin des années 1880. Comme bon nombre de producteurs nés à l'étranger, il est peu enclin à apporter des précisions sur sa date de naissance : il a constamment pris soin de l'arrêter au 25 décembre 1882, ce qui le faisait paraître plus jeune que son frère Nicholas M. (1881-1969), mais il est à peu près certain qu'il est né quatre ans plus tôt. Le même mystère entoure la jeunesse des deux frères. On sait qu'ils ont travaillé dans un drugstore avant d'acquérir un parc d'attractions au nord de Manhattan, puis dans le New Jersey. C'est alors qu'ils s'associent à Marcus Loew, pour projeter des films parmi les divertissements qu'ils offrent à leur clientèle. Nicholas devient secrétaire de Loew Consolidated en 1910, et Joe s'occupe de la gestion des salles du groupe jusqu'en 1917. Il devient ensuite producteur indépendant, engage Roscoe (« Fatty ») Arbuckle pour une série de courts métrages comiques, et, à partir de 1917, donne les premiers rôles féminins à Norma Talmadge, qu'il vient d'épouser. Il produit également les films de Constance et Natalie Talmadge, sœurs de sa femme, et, surtout, dix des meilleurs longs métrages de Buster Keaton (alors marié à Natalie Talmadge), entre 1923 et 1928, parmi lesquels les Trois Âges, 1923 ; Sherlock Jr., 1924 ; la Croisière du « Navigator », id. ; les Fiancées en folie, 1925 ; le Mécano de la « General », 1926 ; Cadet d'eau douce, 1928. On lui doit aussi les derniers films de D. W. Griffith.