Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LYNCH (David)

cinéaste américain (Missoula, Mont., 1946).

Cet étudiant en beaux-arts réalise très jeune deux courts métrages, The Alphabet (1967) et The Grandmother (1969), qu'il qualifie lui-même de « tableaux animés. Ils n'avaient pas d'intrigue, seulement des atmosphères ». Dans des conditions artisanales, avec des comédiens inconnus, et selon les mêmes principes, il réussit à achever un premier long métrage d'une totale originalité, Eraserhead, véritable cauchemar éveillé, qui ne sera distribué qu'en 1978. Eraserhead attire l'attention de Mel Brooks qui cherchait un réalisateur pour un de ses projets les plus ambitieux, The Elephant Man (1980), biographie d'un personnage qui défraya la chronique dans l'Angleterre victorienne. Lynch y retrouve l'émotion d'un Tod Browning, et en fait un chef-d'œuvre. Dino De Laurentiis l'entraîne ensuite dans l'aventure totalement disproportionnée de Dune (1984) d'après la « somme » de Frank Herbert. David Lynch retrouve sa personnalité dans un « thriller » violent et original, Blue Velvet (1986), réalise Twin Peaks (1989) pour la télévision et remporte une Palme d' or contestée au Festival de Cannes 1990 pour Sailor et Lula (Wild at Heart), film violent et exacerbé, une « comédie noire où les deux héros sont deux innocents qui traversent l'enfer et que seul leur amour peut sortir du chaos » (D. Lynch). On retrouve le même paroxysme, alourdi par un message de plus en plus confus, dans Twin Peaks : Fire Walk with Me (Twin Peaks, 1992). Lynch y revisite la série à succès qu'il avait conçue pour la télévision, mais sans la fantaisie et l'impertinence qui en faisaient le prix. Sa fille, Jennifer Lynch, a débuté dans la réalisation en 1992 avec Boxing Helena (id.). Par contre, Lost Highway (id., 1996) retrouve l'inspiration de Blue Velvet et se classe d'emblée parmi les meilleurs films de son auteur. Craignant peut-être de se répéter après ce coup de maître, il surprit par un « road-movie » élégiaque, au ton chaleureux et apaisé et à l'inspiration profondément américaine, Une histoire simple (The Straight Story, 1999). Mais Mulholland Drive (id., 2001) renoue brillamment avec l'inspiration noire de Lost Highway. Sa fille, Jennifer Lynch, a débuté dans la réalisation en 1992 avec Boxing Helena (id.).

LYNE (Adrian)

cinéaste britannique (Peterborough 1941).

Comme bon nombre de réalisateurs anglais de sa génération (Ridley Scott, Alan Parker, Hugh Hudson), Adrian Lyne a fait ses premières armes dans le spot publicitaire. Parallèlement, il réalise des courts métrages (The Fable, Mr. Smith). C'est néanmoins aux États-Unis qu'il fait l'essentiel d'une carrière marquée par des films à sensation qui manipulent le public par le biais de la musique, du sexe et de la violence. ça plane les filles (Foxes, 1980), avec Sally Kellerman et Jodie Foster, n'attire pas particulièrement l'attention, mais Flashdance (id., 1983) est un succès mondial. Neuf semaines et demie (Nine and a Half Weeks, 1986), avec Mickey Rourke et Kim Basinger, confirme par son érotisme torride son sens de l'effet, qui culminera avec Liaison fatale (Fatal Attraction, 1987), mélange détonant de film d'horreur et d'adultère bourgeois. Nommé aux Oscars, ce film d'une esthétique racoleuse rencontre un succès phénoménal auprès d'un public avide de sensations fortes et d'une nouvelle morale conjugale. Contre toute attente, sans égaler le film de Kubrick, Lolita (id., 1996), dont l'hypocrisie des distributeurs empêche la sortie aux États-Unis, est un film relativement honorable.

LYNEN (Robert)

acteur français (Paris 1921 - Karlsruhe, Allemagne, 1944).

Le destin tragique de ce jeune acteur choisi par Duvivier pour tenir le rôle-titre de Poil de carotte (1932) et qui,déporté en Allemagne, y meurt fusillé par les Allemands estompe sa brève carrière. Le cinéma le recherche et il n'aime pas le cinéma : il y trouve pourtant quelques rôles qui mettent en valeur le romantisme de sa personne et une apparence « chien battu » assez touchante : Sans famille (M. Allégret, 1934) ; Un carnet de bal (J. Duvivier, 1937) ; le Petit Chose (M. Cloche, 1938). C'était en réalité un sportif, heureux de vivre, comme son personnage de La vie est magnifique (id., id.). Duvivier ne l'oublie jamais et il apparaît ainsi dans le Petit Roi (1933), la Belle Équipe (1936) et l'Homme du jour (1937). Il sait aussi tirer son épingle du jeu lorsqu'il est le jeune partenaire de certains monstres sacrés, par exemple dans Mollenard (R. Siodmak, 1938, avec Harry Baur) ou Éducation de prince (A. Esway, id., avec Louis Jouvet). Cap au large (Jean-Paul Paulin, 1942) fut son dernier film.

LYNLEY (Carolyn Lee, dite Carol)

actrice américaine (New York, N. Y., 1942).

Ancien mannequin, elle débute dans la Lumière dans la forêt (The Light in the Forest, H. Daugherty, 1958). Otto Preminger la dirige dans le Cardinal (1963) et Bunny Lake a disparu (1965), mais c'est à Robert Aldrich qu'elle doit son plus beau rôle, celui de Missy, la fille de Kirk Douglas dans El Perdido (1961). Alex Segal lui confie le soin de personnifier Jean Harlow dans Harlow (1965), tourné parallèlement au film de Gordon Douglas, avec Caroll Baker. Elle est par ailleurs, dans Les lauriers sont coupés (1961) de José Ferrer, une jeune romancière dont les révélations croustillantes mettaient en émoi la petite ville de Peyton Place. Sa carrière ultérieure (films à horreur, séries Z) décevra tous ceux qui avaient espéré qu'une nouvelle star était née.

LYNN (Dolores Loehr, dite Diana)

actrice américaine (Los Angeles, Ca., 1924 - id. 1971).

Pianiste professionnelle à dix ans, c'est à seize ans qu'elle fait sensation dans Uniformes et jupons courts (B. Wilder, 1942), où elle incarne une inoubliable petite peste. Elle récidive avec le même bonheur dans Miracle au village (P. Sturges, 1944) et Our Hearts Were Young and Gay (L. Allen, id.). Son abattage s'est quelque peu terni quand elle a affronté les rôles d'adulte. Elle est juste mais éteinte dans Le peuple accuse O'Hara (The People Against O'Hara, Sturges, 1951) et dans Meet Me At the Fair (D. Sirk, 1953). Après Un pitre au pensionnat (You're Never Too Young, N. Taurog, 1955), qui était ironiquement un remake de son premier film, elle a cessé de tourner pour le cinéma et se consacre à la TV.