Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
P

POWER (Tyrone Edmund Power Jr, dit Tyrone)

acteur américain (Cincinnati, Ohio, 1913 - Madrid, Espagne, 1958).

Enfant d'une famille d'acteurs d'origine irlandaise, fils d'un Frederick Tyrone Power Sr assez célèbre au théâtre pour faire du cinéma au temps du muet — et un unique film parlant (la Piste des géants, R. Walsh, 1930) —, il débute à la scène en 1931 et au cinéma en 1932. Son physique sombre et régulier (un nouveau Valentino viril qui n'aurait pas pour autant renoncé à certaines coquetteries) conduit la Twentieh Century Fox à l'engager avec l'idée d'en faire une nouvelle star. On lui confie très vite le rôle principal de la grande production le Pacte (H. King, 1936) et d'une piquante comédie l'Amour en première page (T. Garnett, 1937) : il était lancé. Henry King mieux que personne sait jouer de son charme un rien équivoque et un peu canaille : si ses prestations dans l'Incendie de Chicago (1938), la Folle Parade (id.) ou le Brigand bien-aimé (1939) ne sont peut-être pas celles d'un grand acteur, elles ne manquent ni d'allure ni de prestance. Il tourne encore sept films avec King, dont les meilleurs sont de spectaculaires productions historiques chamarrées et fougueuses comme le Cygne noir (1942), Capitaine de Castille (1947) ou Échec à Borgia (The Prince of Foxes, 1949), des classiques du genre. Power sait aussi être aérien et séduisant pour Rouben Mamoulian, qui joue de sa ressemblance avec Fairbanks et Valentino (le Signe de Zorro, 1940 ; Arènes sanglantes, 1941), et pour John Cromwell (le Chevalier de la vengeance [Son of Fury], 1942).

Il y a pourtant en lui un véritable acteur, limité mais fascinant, qui peut exceller dans des rôles ambigus et troubles comme ceux où Edmund Goulding le révèle (le Fil du rasoir, 1946 ; le Charlatan, 1947, son meilleur). Billy Wilder ne s'y trompe pas quand il en fait le mystifiant Alexander Vole dans Témoin à charge (1958).

Les années 50 lui font assez peu honneur. Il paraît certes dans de bons films, mais pour des prestations peu exigeantes (l'Attaque de la malle-poste, H. Hathaway, 1951 ; Courrier diplomatique [Diplomatic Courrier], id., 1952 ; le Gentilhomme de la Louisiane, R. Maté, 1953 ; Tu seras un homme, mon fils, G. Sidney, 1956). Il meurt d'une crise cardiaque pendant le tournage de Salomon et la Reine de Saba (K. Vidor, 1959) et sera remplacé par Yul Brynner. Il restera sans aucun doute l'un des grands séducteurs de l'écran. Il fut notamment l'époux d'Annabella (1939-1948) et de Linda Christian (1949-1955).

P.R.

Abrév. de plan rapproché. (On distingue parfois P.R.T., plan rapproché taille, et P.R.P., plan rapproché poitrine.)

PRADOT (Marcelle Penicaut, dite Marcelle)

actrice française (Montmorency 1901 - Neuilly-sur-Seine 1982).

Épouse de Marcel L'Herbier, d'une très aristocratique beauté, elle multiplie les apparitions ou les rôles dans la production muette de son mari, associée à ses recherches et à ses succès (le Bercail, 1919 ; le Carnaval des vérités, 1920 ; l'Homme du large, id. ; Eldorado, 1921 ; Prométhée banquier, 1922 ; Don Juan et Faust, 1923 ; l'Inhumaine, 1924 ; Feu Mathias Pascal, 1925 ; l'Argent, 1929). Un seul film au début du parlant : l'Enfant de l'amour (1930), « pièce cinéphonique » composée encore par L'Herbier.

PRATOLINI (Vasco)

écrivain et scénariste italien (Florence 1913).

Une des grandes figures de la littérature italienne contemporaine (Chronique familiale, 1947 ; Chronique des pauvres amants, id. ; Un héros de notre temps, 1949 ; les Filles de San Frediano, 1951 ; Metello, 1955 ; le Gâchis, 1960, livres dont s'inspirent les films de Zurlini, Lizzani, Bolognini), Pratolini exerce également le métier de scénariste à partir du début des années 50. Souvent associé à l'adaptation de ses romans à l'écran, il participe aussi aux scénarios de l'Amour au collège (L. Emmer, 1953), Rocco et ses frères (L. Visconti, 1960), La viaccia (M. Bolognini, 1961), la Bataille de Naples (N. Loy, 1962), le Dernier Train (N. Risi, 1966).

PRAUNHEIM (Holger Mischwitzki, dit Rosa von)

cinéaste allemand (Riga, Lettonie, 1942).

Il gagne Berlin (RFA) et s'y inscrit aux Beaux-Arts. En 1967-1968, il se livre à quelques réalisations avant-gardistes en 16 mm et Super-8, devient assistant de Markopoulos et collabore à certains travaux de Werner Schroeter. Après avoir donné sa propre version de Macbeth (Macbeth - Oper, Rosa von Praunheim, 1970), il choque sciemment avec Ce n'est pas l'homosexuel qui est pervers, mais la situation dans laquelle il vit (Nicht der Homosexuelle ist pervers, sondern die Situation, in der er lebt, id.) au style débridé, agressif, souvent parodique. D'autres films suivront : par exemple, Axel (Axel von Auesperg, 1974), exaltant avec ironie la sous-culture homosexuelle en Allemagne ou aux États-Unis. Il tourne quelques moyens métrages sur les stars et leurs mythes et quelques documentaires au ton désabusé, puis, au début des années 80, plusieurs fictions inclassables telles Amour rouge (Rote Liebe, 1981), Nos cadavres vivent encore (Unsere Leichen leben noch, id.), la Ville des âmes perdues (Stadt der verlorenen Seelen, 1983), Horror Vacui — die Angst vor der Leere (1984), Ein Virus kennt keine Moral (1986), Anita — Tänze des Lasters (1988). Il signe ensuite Überleben in New York (1989) puis une trilogie sur le sida : Silence = mort (Schweigen = Tod, 1989), Positiv (id.) et Feuer unter Arsh (1990). En 1991, il réalise Affengeil, un voyage à travers la vie extravagante de Lotti Huber, suivi notamment de Je suis ma propre femme (Ich bin meine eigene Frau, 1992), portrait d'un célèbre travesti berlinois et d'un film de fiction sur le docteur Magnus Hirschfeld, l'Einstein du sexe (Der Einstein des Sex, 1999).

PRÉFLASHAGE.

Flashage effectué sur pellicule vierge. ( LATENSIFICATION.)

PRÉGÉNÉRIQUE.

Partie d'un film qui précède le générique. ( GÉNÉRIQUE.)

PREISNER (Zbigniew)

compositeur polonais (Bielsko-Biala 1955).

Il compose pour des films polonais depuis 1981, en particulier pour Kieśłowski (Sans fin, 1984). C'est l'ensemble tourné par ce dernier sous le titre du Décalogue qui lui apporte la notoriété, notamment les versions longues de deux épisodes (Tu ne tueras point, Brève Histoire d'amour) où la musique contribue puissamment à la tension du récit. Pour la Double Vie de Véronique, du même réalisateur, il compose une partition lyrique dans le style postmoderne qui lui apporte le succès, entre autres grâce aux thèmes archaïsants attribués à un certain Van den Budenmayer – un patronyme qu'il utilisera à l'occasion comme signature. Un autre film sollicite la vie musicale dans son scénario : Trois Couleurs : bleu, mais le résultat est quelque peu déséquilibré par une certaine grandiloquence. Bien entendu, il intervient aussi sur les deux autres volets de la trilogie de Kieśłowsky, qui lui faisait totalement confiance. Avant le Décalogue, Preisner avait commencé à composer pour Agnieska Holland (le Complot), qu'il retrouve entre 1990 et 1993 pour Europa, Europa, puis Olivier, Olivier, et le Jardin secret. Il travaille aussi pour Louis Malle (Fatale), et d'autres réalisateurs comme le Portugais Fernando Lopes (Fio do horizonte, 1993), Lea Pool (Mouvements du désir, 1994), le Danois Kragh-Jacobsen, le Suédois Hans Petter Moland, pour Jean Becker (Elisa, 1995) ou Hector Babenco (Corazón iluminado).