Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KINSKI (Nastassja)

actrice allemande (Berlin 1961).

Mannequin célèbre dès son plus jeune âge, elle fait ses débuts avec une composition qui retient par la sensibilité sous la direction de Wim Wenders dans Faux Mouvements (1975). Elle est remarquée dans la Fille (A. Lattuada, 1978) et surtout dans le rôle-titre de Tess (R. Polanski, 1979). Depuis, elle connaît une activité intense dans les studios européens et américains : Coup de cœur (F. F. Coppola, 1981) ; la Féline (P. Schrader, 1982) ; la Lune dans le caniveau (Jean-Jacques Beineix, 1983) ; Frühlingssinfonia (P. Schamoni, id.) ; Surexposé (Exposed, James Toback, id.) ; Faut pas en faire un drame (Unfaithfully Yours, Howard Zieff, 1984) ; The Hotel New Hampshire (T. Richardson, id.) ; Maria's Lovers (A. Mikhalkov-Kontchalovski, id.) ; Paris Texas (W. Wenders, id.) ; Harem (Arthur Joffé, 1985) ; Révolution (H. Hudson, id.) ; Maladie d'amour (J. Deray, 1987) ; les Eaux printanières (J. Skolimowski, 1989) ; le Secret (F. Maselli, 1990) ; le Soleil même la nuit (P. et V. Taviani, 1990) ; L'alba (F. Maselli, 1991) ; Si loin si proche (W. Wenders, 1993); La bionda (Sergio Rubini, 1994). Malgré des incursions régulières sur le grand écran (l'Affaire d'une nuit, M. Figgis, 1997 ; Entre voisins et amis, N. LaBute, 1998 ; Rédemption, M. Winterbottom, 2000), elle semble maintenant très sollicitée par la télévision. Elle est la fille de Klaus Kinski.

KINUGASA (Teinosuke)

cinéaste japonais (préf. de Mie 1896 - Kyoto 1982).

Un des plus notables vétérans du cinéma japonais, Kinugasa a débuté comme « onnagata » (travesti féminin) au kabuki, puis, dès 1917, au cinéma : en un an, il joue dans 44 films de la Cie Nikkatsu ! En 1920, il écrit et réalise son premier film, ‘ la Mort de la sœur ’ (Imoto no shi), tourné en trois jours, et où il tient lui-même le rôle de la sœur. Mais, devant le succès de « la révolution des actrices », qui supplantent les « onnagata », il devient réalisateur à part entière à la Cie créée par Shozo Makino : dès 1922, il tourne ‘ Ah ! le policier Konishi ’ (Aa ! Konishi junsa, CO Tomu Uchida) et ‘ Étincelle ’ (Hibana). Suit une quantité incroyable de films (de cinq à douze par an), le plus souvent des mélodrames célèbres refaits plusieurs fois, comme ‘ le Démon doré ’ (Konjiki yasha, 1923), ou ‘ le Village triste ’ (Sabishiki mura, 1924), mais aussi des films d'époque ressortissant au genre chambara, tels ‘ l'Amour et le guerrier ’ (Koi to bushi, 1925), ‘ Tenichibo et la secte Iga ’ (Tenichibo to Igatu, 1926). Quittant alors la Cie Makino, Kinugasa collabore au mouvement littéraire dit « néosensationniste », en produisant et réalisant ‘ Une page folle ’ (Kurutta ippeiji, 1926), sur une idée de Yasunari Kawabata et de Riichi Yokomitsu : film expérimental audacieux, s'inspirant des techniques expressionnistes alors à l'honneur, et se déroulant dans un asile d'aliénés, ‘ Une page folle ’ est un jalon essentiel du cinéma muet japonais considéré comme art. Entre dix films de commande à la Cie Shochiku, il récidive en 1928, avec Carrefours/Routes en croix (Jujiro), mélodrame typiquement expressionniste, influencé par le Kammerspiel allemand et le montage soviétique, avant de faire un long voyage en URSS (où il rencontre Eisenstein et Poudovkine) et en Europe occidentale, présentant Carrefours partout où il passe, notamment à Berlin et à Paris. De retour au Japon, il tourne ‘ Avant l'aube ’ (Reimei izen, 1931), qui a des difficultés avec la censure, et passe au parlant avec une version remarquable des 47 Ronin (Chushingura, 1932), dont la copie est perdue, comme la plupart des films de cette époque. Il tourne alors de nombreux jidai-geki, entre autres le célèbre ‘ la Vengeance d'un acteur ’ (Yukinojo Henge, 1935-36, en 3 parties), dont Kon Ichikawa réalisera un remake en 1963, avec le même acteur Kazuo Hasegawa (alors appelé Chojiro Hayashi). Ses superproductions historiques comme ‘ la Bataille d'été à Osaka ’ (Osaka natsu no jin, 1937) ou ‘ la Bataille de Kawanakajima ’ (Kawanakajima gassen, 1941) sont nettement moins réussies, mais on fait un succès à ‘ la Princesse-serpent ’ (Hebihime-sama, 1940, en deux parties). Après des films de commande « nationaux » tournés pendant la guerre, il se retrouve en 1946 avec ‘ Seigneur d'un soir ’ (Aru yo no tonosama), une très amusante comédie satirique se déroulant pendant l'époque Meiji, et moquant les nouveaux riches, quoique avec distance. ‘ l'Actrice ’ (Joyu, 1947) et Kobanzame (1948) sont moins importants, mais Kinugasa se spécialise bientôt dans les films historiques à la Daiei, où il réalisera entre autres ‘ la Légende du Grand Bouddha ’ (Daibutsu Kaigen, 1952) et surtout le fameux la Porte de l'enfer (Jigoku-Mon, 1953), qui lui vaudra la Palme d'or à Cannes en 1954, surtout pour ses qualités plastiques (il s'agissait du premier film en Eastmancolor au Japon). Par la suite, il ne tournera plus d'œuvres de premier plan, mais un certain nombre de mélodrames comme Contes de la ville basse près de la rivière/la Zone près de la rivière (Kawa no aru shitamachi no hanashi, 1955, d'après Kawabata) ou des films plus chatoyants comme ‘ le Héron blanc ’ (Shirasagi, 1958) et ‘ la Lanterne ’ (Uta-andon, 1960) — tous deux d'après Kyoka Izumi —, se déroulant dans les décors de la période Meiji. Après une coproduction avec l'URSS, ‘ le Petit Fuyard ’ (Chiisana tobosha, 1966 ; CO : Kandorovich), Kinugasa cesse ses activités cinématographiques, tout en envisageant constamment de nouveaux projets et en voyageant à l'étranger, où il fait alors connaître Une page folle, dont il a retrouvé une copie dans son grenier !

KIRAL (Erden)

cinéaste turc (Gölcük 1942).

Après des études à l'Académie des beaux-arts d'Istanbul, il débute au cinéma comme assistant, notamment auprès de Lüfti Akad et Osman Seden, puis de Yılmaz Güney. Il réalise de nombreux films publicitaires et quatre courts métrages avant de se faire remarquer par le Canal (Kanal, 1978) et Sur les terres fertiles (Bereketli Topraklar Üzerinde, 1980). Ces films, où l'on dénonce avec didactisme l'injustice qui règne dans les milieux ruraux, sont deux bons exemples de réalisme social, la vague longtemps dominante. Il continue dans cette voie avec Une saison à Hakkâri (Hakkâri'de Bir Mevsim, 1982), le Miroir (Ayna, 1984) et Dilan (id., 1987), tout en cherchant à développer un langage cinématographique propre pour innover dans ce genre. Ni cette recherche, ni sa tentative d'élargir le champ de ses sujets avec Période de chasse (Av Zamanı, 1988) n'ayant abouti à des résultats vraiment convaincants, il lui a fallu attendre cinq ans pour réaliser une œuvre de maturité : l'Exil bleu (Mavi Sürgün, 1993) basé sur l'histoire véridique d'un écrivain, envoyé en exil dans les années 1920, à Bodrum, au bord de la mer Egée. Mise à part une série télévisée et un court métrage, Contes de lune (Ay Hikayeleri, 1995), le seul film qu'il a réalisé ensuite, le Chasseur (Avcı, 1997), n'a pas bouleversé la hiérarchie de sa filmographie.