Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DERMOZ (Germaine Deluermoz, dite Germaine)

actrice française (Paris 1889 - id. 1966).

Sœur de Jeanne Delvair, tante d'Annabella et épouse de Jean Galland, cette tragédienne est l'une des premières vedettes du Film d'Art (l'Inventeur, M. Carré, 1909 ; le Petit Jacques, G. Monca, 1912). Elle obtient un vif succès dans la Souriante Madame Beudet (G. Dulac, 1923). Le parlant la fige ensuite dans des compositions de mère éplorée (l'Arlésienne, J. de Baroncelli, 1930 ; le Rêve, id., 1931 ; la Porteuse de pain, René Sti, 1934) ou vindicative (les Nuits moscovites, Alexis Granowski, 1934 ; Remontons les Champs-Élysées, S. Guitry, 1938 ; Poil de carotte, Paul Mesnier, 1951). Son rôle dans Monsieur des Lourdines (Pierre de Hérain, 1943) résume heureusement toute sa carrière.

DERN (Bruce)

acteur américain (Chicago, Ill., 1936).

Il débute à Broadway et tient un petit rôle dans le Fleuve sauvage (E. Kazan, 1960). Son visage assez ingrat le contraint à typer ses personnages avec une intensité souvent inquiétante, qu'il s'agisse d'un loser ou d'un malfrat. Outre de nombreuses productions télévisées, il interprète les Anges sauvages (R. Corman, 1966), Will Penny le solitaire (T. Gries, 1968), Un château en enfer (S. Pollack, 1969), On achève bien les chevaux (id., id.), Bloody Mama (Corman, 1970), Vas-y, fonce (J. Nicholson, 1971), The King of Marvin Gardens (B. Rafelson, 1972), Silent Running (D. Trumbull, id.), The Cowboys (M. Rydell, id.), Smile (M. Ritchie, 1975), la Brigade du Texas (K. Douglas, id.), Complot de famille (A. Hitchcock, 1976), le Retour (H. Ashby, 1978), Black Sunday (J. Frankenheimer, id.), On the Edge (Rob Nilsson, 1986), The Big Town (Ben Holt, 1987).

DE ROBERTIS (Francesco)

cinéaste italien (San Marco in Lamis 1902 - Rome 1959).

Officier de marine, Francesco De Robertis dirige à la fin des années 30 le Service cinématographique du ministère de la Marine. Il déploie une grande activité et, après un documentaire, Mine in vista (1940), il réalise la même année S. O. S. 103 (Uomini sul fondo), un long métrage à mi-chemin entre la fiction et le documentaire sur le naufrage et le sauvetage d'un sous-marin. Après avoir supervisé le premier film de Roberto Rossellini, le Navire blanc (1941), De Robertis continue à tourner pendant la guerre des films d'ambiance militaire consacrés à la marine ou à l'aviation, Alfa Tau ! (1942), Uomini e cieli (1947, 1943), Marinai senza stelle (1949, 1943). Dans ces films, il fait preuve d'une attention aux hommes tout à fait inhabituelle pour l'époque. Son appel systématique à des comédiens non professionnels — généralement des soldats qui interprètent leur propre rôle —, son sens très sûr de documentariste, qui le conduit, par exemple dans Alfa Tau !, à donner de la guerre une vision réaliste aussi bien du point de vue des militaires que de celui des civils le désignent comme un des précurseurs du néoréalisme. Après la guerre, De Robertis tourne encore plusieurs films liés à la marine (Fantasmi del mare, 1948 ; Sabotages en mer [Mizar], 1953 ; Uomini-ombra, 1954 ; l'Aventurière de Gibraltar [La donna che venne dal mare], 1957) sans jamais retrouver la force qui fut la sienne au début des années 40.

DE ROCHEMONT (Louis)

producteur américain (Chelsea, Mass., 1899 - Newington, Conn., 1978).

Il collabore, à des titres divers, aux actualités filmées d'International Newsreel et Movietonews avant de créer en 1935, avec Roy Larsen et sous la bannière de Time Inc., The March of Time, un magazine filmé de type nouveau, qui a pour ambition d'analyser et d'interpréter l'événement et qu'Orson Welles pastichera plus tard avec Citizen Kane. Le premier long métrage de la série, The Ramparts We Watch (1940), étudie les effets du conflit mondial sur une petite ville de province. Après We Are the Marines (1942), il rejoint la Fox. Avec l'US Navy, il produit et monte lui-même The Fighting Lady, Oscar du meilleur documentaire en 1944. Après guerre, il transpose dans le film de fiction ses principes documentaristes (sujets empruntés à des faits divers, tournage en extérieurs, non-professionnels interprétant leurs propres rôles, narration de type « actualités ») : la Maison de la 92e Rue (1945) et 13, rue Madeleine (1947) de Hathaway ; Boomerang (1947) de Kazan ; The Whistle at Eaton Falls (1951) de Siodmak. Devenu producteur indépendant, il participe à l'expérimentation du Cinérama et de divers formats d'écran large.

DÉROULANT.

Défilement à l'écran d'un texte, tel qu'un générique. Initialement le déroulant était l'élément sur lequel était inscrit le texte, et que l'on déroulait devant la caméra.

DERRIEN (Marcelle)

actrice française (Saint-Leu-la-Forêt 1923).

L'essentiel de sa courte carrière tient dans deux films, Le silence est d'or (R. Clair, 1947), dont elle est l'héroïne à la fois volontaire et larmoyante, et Chéri (P. Billon, 1950), où elle dessine la figure attachante de la petite fiancée du personnage de Colette. Elle aurait sans doute pu mieux faire si elle avait été mieux conseillée. Autres films : Sombre Dimanche (J. Audry, 1948), le Secret de Monte-Cristo (C. Valentin, 1948) et l'Impeccable Henri (Félix Henri Tavano, 1948).

DESAILLY (Jean)

acteur français (Paris 1920).

Sa récompense au Conservatoire en 1942, immédiatement suivie de son engagement à la Comédie-Française, coïncident avec sa première apparition au cinéma, dans le rôle primordial du Voyageur de la Toussaint (L. Daquin, 1943). C'est peut-être à cette occasion qu'il a fait preuve de ses profondes qualités d'émotion et de présence patiente et tenace. Tout en tournant abondamment, il réserve le meilleur de son talent pour le théâtre (il participe pendant un long temps aux activités de la Compagnie Renaud-Barrault, puis dirige avec sa femme, l'actrice Simone Valère, le Théâtre de la Madeleine). Claude Autant-Lara le dirige à plusieurs reprises : Sylvie et le fantôme (1946), Occupe-toi d'Amélie (1949), le Franciscain de Bourges (1968). Après lui avoir confié le rôle du fils du pasteur dans la Symphonie pastorale (1946), Jean Delannoy lui permet de réussir une composition saisissante et pitoyable dans Maigret tend un piège (1958). Parmi d'autres créations, le Point du jour (L. Daquin, 1949), les Grandes Manœuvres (R. Clair, 1955), la Mort de Belle (É. Molinaro, 1961), le Doulos (J.-P. Melville, 1963) se détachent sur une série de titres un peu en grisaille, en dépit des signatures (la Peau douce, F. Truffaut, 1964 ; l'Assassinat de Trotsky, J. Losey, 1972 ; le Cavaleur, Ph. de Broca, 1979). Insensiblement, il évolue de l'adolescent romantique et pur au bourgeois confortable, dont l'apparente assurance cache parfois d'assez lourds secrets.