Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ASTOR (Lucille Vasconcellos Langhanke, dite Mary)

actrice américaine (Quincy, Ill., 1906 - Woodland Hills, Ca., 1987).

Un concours de beauté fit débuter au cinéma cette actrice de quatorze ans, aux traits délicats d'ingénue préraphaélite (Sentimental Tommy, puis The Beggar Maid, 1921). Ses traits harmonieux la font remarquer par John Barrymore, qui l'impose pour partenaire dans Beau Brummell (H. Beaumont, 1924), puis qu'elle retrouve dans Don Juan (A. Crosland, 1926). Par ailleurs, forte d'une solide expérience radiophonique, Mary Astor est naturellement sollicitée par le parlant. Sans jamais devenir une vedette, elle fut toujours une actrice de grand talent, s'acquittant avec la même justesse d'un rôle ingrat dans l'épouse hypocrite de la Belle de Saigon (V. Fleming, 1932) et d'un rôle sympathique dans Dodsworth (W. Wyler, 1936), où elle irradie le charme et la sérénité. Les années n'entament en rien ses possibilités. Trop âgée pour le rôle, elle est cependant une inoubliable Brigid O' Shaughnessy, pleine de duplicité, névrosée et ravageuse, dans le Faucon maltais (J. Huston, 1941). Dans le Grand Mensonge (E. Goulding, 1941), qui lui vaut un Oscar (« best supporting actress »), elle tient bravement tête à Bette Davis. Discrète et effacée, elle est à nouveau parfaite dans le rôle de la mère dans le Chant du Missouri (V. Minnelli, 1944). Si on la voit moins souvent dans les années 50, ses créations attestent que l'actrice, intelligente et vive, est capable de se renouveler avec brio : elle sait, en effet, incarner la« grande dame du théâtre » brève et tranchante de Young Blood Hawke (D. Daves, 1964) et la vieille dame rongée de secrets dans Chut, chut, chère Charlotte (R. Aldrich, 1965). Son secret, c'est peut-être d'avoir préféré les bons rôles aux premiers rôles. Elle a écrit son autobiographie, My Story (suivie de Life on Film), puis quelques romans.

ASTRUC (Alexandre)

essayiste, romancier et cinéaste français (Paris 1923).

Célèbre par un article publié en 1948 dans l'Écran français (« Naissance d'une nouvelle avant-garde : la caméra-stylo »), où il salue dans le cinéma un moyen d'expression autonome et neuf, comparable à la peinture ou au roman, il aborde la réalisation par le biais de films expérimentaux. En 1953, son moyen métrage le Rideau cramoisi (adapté de Barbey d'Aurevilly et couronné par le prix Louis-Delluc) le rapproche d'un cinéma romanesque, soucieux de la vérité des êtres et de leur insertion dans un cadre soigneusement dessiné, qu'il illustre ensuite dans les Mauvaises Rencontres (1955) puis dans quelques films périphériques de la Nouvelle Vague : Une vie (1958), la Proie pour l'ombre (1961), l'Éducation sentimentale (1962), et deux remarquables moyens métrages, le Puits et le Pendule (1963), Évariste Galois (1967, [ 1964]). Citons encore la Longue Marche (1966). Après l'échec de Flammes sur l'Adriatique (1968), Astruc se consacre à la télévision, au journalisme et à la littérature.

ATSUMI (Kiyoshi)

acteur japonais (? 1928 - Tokyo 1996).

Après s'être produit dans les théâtres populaires d'Asakusa, à Tokyo, et comme acteur comique à la télévision, il fait ses débuts au cinéma en 1958 (Otorasan dai hanjo). Il tourne dans des films très divers, notamment chez Susumu Hani* (Bwana Toshi/Bwana Toshi no uta, 1965), Heinosuke Gosho (Maman et ses onze enfants/Kaachan to juichinin no kodomo, 1966), et Hiroshi Teshigahara (le Plan déchiqueté/Moetsukita chizu, 1968). Mais c'est à partir de 1969 qu'il interprète un personnage qui va le marquer à vie, celui de « Tora-San » (« M. Tigre »), d'abord créé à la télévision, dans la série ultra populaire de la Cie Shochiku, C'est dur d'être un homme (Otoko wa tsuraiyo !), qui ne comptera pas moins de 48 épisodes, au rythme d'un ou deux films par an, de 1969 à 1995, en général dirigés par le réalisateur « maison », Yoji Yamada. Au travers de ce personnage un peu ahuri de vagabond mythique, toujours en rupture de ban, affublé d'un costume populaire et d'un drôle de chapeau, Atsumi incarne en fait les aspirations de liberté du Japonais moyen. Sa disparition sera une catastrophe pour la Shochiku, dont le succès régulier de Tora-San au box-office assurait la survie économique.

ATTENBOROUGH (sir Richard)

acteur, réalisateur et producteur britannique (Cambridge 1923).

Il débute en 1942 dans Ceux qui servent en mer de David Lean et Noël Coward et interprète une trentaine de rôles de second plan dans les dix-sept années qui suivent. Il s'associe en 1959 avec le réalisateur Bryan Forbes pour créer une maison de production qui lui offre ses premiers rôles vraiment intéressants, ceux du briseur de grève obstiné dans le Silence de la colère (G. Green, 1960) et de l'ancien militaire-cambrioleur de Hold-Up à Londres (B. Dearden, id.). Il atteint la notoriété internationale en jouant l'organisateur de la Grande Évasion (J. Sturges, 1963) et trouve ses meilleurs rôles dans la Canonnière du Yang-Tsé (R. Wise, 1966), Un amant dans le grenier (The Bliss of Mrs. Blossom, Joseph McGrath, 1968), le Magot (S. Narizzano, 1971) et surtout l'Étrangleur de la place Rillington (R. Fleischer, id.), où il est le psychopathe du titre. Dans Brannigan (Douglas Hickox, 1975), il oppose sa placidité de flic londonien aux méthodes du shérif John Wayne ; dans les Joueurs d'échecs (S. Ray, 1977, Inde), il incarne le pouvoir colonial anglais, manipulant les potentats locaux pour le profit de l'Empire britannique. Il a débuté dans la réalisation avec un musical grinçant et antimilitariste : Ah ! Dieu, que la guerre est jolie ! (Oh ! What a Lovely War !, 1969), qui a été suivi par des œuvres plus ternes : les Griffes du lion (Young Winston, 1972), Un pont trop loin (A Bridge Too Far, 1977) et le curieux et peu convaincant Magic (id., 1978, US). Il tourne en Inde une superproduction sur Gandhi (1982), qui le couvre d'Oscars, un divertissement musical, A Chorus Line (id., 1985), un témoignage sur l'apartheid en Afrique du Sud, le Cri de la liberté (Cry Freedom, 1987). Académique, Attenborough cinéaste évite soigneusement les chocs, quel que soit le sujet qu'il traite : ainsi, ce dernier film aborde le problème de l'apartheid avec une prudence qui ne froisse personne. La famille Chaplin le choisit sans doute pour ces qualités : c'est avec sa bénédiction officielle qu'il porte à l'écran Chaplin (id., 1992), hagiographie scrupuleuse mais indigente qui passe à côté de la véritable complexité du personnage (et de sa grandeur). Finalement, on le préfère quand il se confine au « mélofive o'clock », digne et distingué, comme dans les Ombres du cœur (Shadowlands, 1993) plutôt que lorsqu'il reconstitue pompeusement la jeunesse d'Ernest Hemingway dans le Temps d'aimer (In Love and War, 1997). En 1999 il signe encore Grey Owl. Mais on a toujours plaisir à le retrouver comme acteur, malgré une tendance au cabotinage, en « mégalomane-papy gâteau », dans Jurassic Park et dans le Monde perdu (S. Spielberg). Il a été annobli en 1976. ▲