Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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KAWASE (Naomi)

cinéaste japonaise (préf. de Nara, 1969).

L'une des rares femmes cinéastes du Japon, Naomi Kawase s'est formée au documentaire au Collège des arts visuels d'Osaka (Embracing / Nitsutsumarete, 1992 ; Katatsumori, 1994, tous deux sur ses relations avec sa famille). Son premier film de fiction, Suzaku (Moe no suzaku, 1997), chronique d'un village de montagne encore fortement marqué par le documentaire, lui ouvre des horizons internationaux en recevant la Caméra d'or au Festival de Cannes 97. Après un nouveau documentaire, le Pays boisé / The Weald (Sômando monogatari, 1998), elle revient à la fiction avec Hotaru (litt. « Lucioles »), très long métrage mal maîtrisé qui s'avère être un semi-échec. Naomi Kawase a été mariée un temps au producteur de Suzaku, Takenori Sento.

KAYE (David Daniel Kaminski, dit Danny)

acteur américain (Brooklyn, N. Y., 1913 - Los Angeles 1987).

Après avoir rempli des emplois divers, Danny Kaye fait quelques films éducatifs puis débute à Broadway en 1939. En 1941, il fait sensation dans le musical de Kurt Weill et Moss Hart, Lady in the Dark, en chantant Tchaïkovsky, une chanson burlesque dont les paroles étaient constituées d'un catalogue de 54 compositeurs russes dont les noms étaient récités en une quarantaine de secondes. Danny Kaye et son humour sont entièrement contenus dans cette forme de pari : on peut aimer ou être totalement allergique, mais on ne reste pas indifférent à ce goût non-sensique...

Cette performance attire l'attention du producteur Samuel Goldwyn, qui, toujours à la recherche de nouveaux talents, l'engage avec l'idée de lui faire reprendre le personnage et les succès d'Eddie Cantor, comique naïf aux yeux écarquillés dont Danny Kaye se démarquera très vite. Il obtient en effet un succès immédiat dans Un fou s'en va-t-en guerre (E. Nugent, 1944), film qui établit une fois pour toutes le patron des comédies jouées par Danny Kaye : une aventure compliquée, policière ou historique, dans laquelle débarque un comique roux et grimaçant, quelques acrobaties verbales, des chansons et des numéros musicaux, souvent chorégraphiés par Sylvia Fine, sa femme.

Malgré l'argent que Goldwyn dépensait avec largesse sur ces productions importantes, malgré les nombreux talents qui y furent associés et malgré Danny lui-même, qui se démène comme cent et dont le personnage lunaire est attachant, ces films laissent tous une impression de déséquilibre. Goldwyn s'est toujours adressé à de vieux routiers de la comédie pour mettre en scène Danny Kaye : Norman Z. McLeod (le Laitier de Brooklyn, 1946 ; la Vie secrète de Walter Mitty, 1947) ou même Howard Hawks (Si bémol et fa dièse, 1948) sont des cinéastes qui croient essentiellement à la préparation et au métier. Or Danny Kaye trouve sa pleine dimension sur scène quand sa loufoquerie est stimulée par l'improvisation. Sa prestation dans le rôle de Noé, dans une médiocre comédie musicale de Richard Rodgers (Two by Two) en 1970, dans laquelle, s'étant cassé la jambe, il se servait de cette infirmité pour imaginer des gags incroyables et surprendre ses malheureux partenaires, est restée dans les annales et définit bien l'essence éphémère et non répétitive de son art.

C'est pourquoi, si l'on peut prendre un certain plaisir à Sur la Riviera (W. Lang, 1951), à Hans Christian Andersen et la danseuse (Ch. Vidor, 1952) ou au Bouffon du roi (M. Frank et N. Panama, 1956), qui lestent son personnage d'émotion et d'humanité, on préférera Un grain de folie (Frank et Panama, 1954) ou le Fou du cirque (Michael Kidd, 1958), qui lui laissent résolument la bride sur le cou. Son rendez-vous avec le cinéma a peut-être été un rendez-vous manqué, et qu'il ne put masquer, même en abordant des rôles dramatiques comme dans Moi et le colonel (P. Glenville, id.) ou celui du chiffonnier de la Folle de Chaillot (B. Forbes, 1969).

Autres films :

le Joyeux Phénomène (Wonder Man, H. B. Humberstone, 1945)  ; Vive Monsieur le Maire ! (The Inspector General, H. Koster, 1949) ; Noël blanc (M. Curtiz, 1954) ; Millionnaire de cinq sous (M. Shavelson, 1959) ; la Doublure du général (On the Double, id., 1961) ; les Pieds dans le plat (F. Tashlin, 1963). ▲

KAZAN (Elia Kazanjoglou, dit Elia)

cinéaste et écrivain américain (Constantinople [auj. Istanbul, Turquie], 1909).

Arrivé à l'âge de quatre ans à New York, où son père, Grec de Turquie, venait d'immigrer pour installer un commerce de tapis, le jeune Elia Kazan est élevé au sein de la minorité hellène. Il étudie d'abord à New York, puis à la Mayfair School de New Rochelle, où emménagent ses parents, enfin au Williams College, dont il sort diplômé en 1930. Il reçoit sa formation décisive pendant deux ans au département théâtral de l'université de Yale. Sur cette lancée, il entre en 1932 au Group Theatre, fondé l'année précédente par Lee Strasberg et Harold Clurman. Cette troupe, fortement marquée par les idées progressistes de l'époque et le travail collectif, est, avec le Federal Theatre d'Orson Welles et John Houseman, un des deux pôles d'attraction de la vie théâtrale new-yorkaise des années 30. Elia Kazan y exerce tous les métiers : accessoiriste, acteur, assistant, puis metteur en scène. Il joue les héros prolétaires de Clifford Odets, dirige des pièces sociales ou d'agit-prop, s'inscrit au parti communiste, où il ne reste que quelques années. Après la fermeture du Group Theatre, il va à Hollywood et interprète deux films d'Anatole Litvak : City for Conquest (1940) et Blues in the Night (1941). De retour à New York, il devient pendant la guerre l'un des metteurs en scène les plus en vue de Broadway et crée des pièces d'auteurs réputés comme Thornton Wilder ou Samuel Nathaniel Behrman.

En 1945, la Fox, à la recherche de nouveaux talents, fait appel à lui. Le jeune Kazan avait déjà tâté du cinéma dans les années 30 en collaborant à un court métrage burlesque, Pie in the Sky (1934), et à un documentaire, The People of the Cumberlands (1937), signés Ralph Steiner ; mais il fait cette fois un apprentissage méthodique au sein d'une grande compagnie avec l'aide, en particulier, de Leon Shamroy, le chef opérateur de son premier film, le Lys de Brooklyn (A Tree Grows in Brooklyn, 1945). À ses débuts, Kazan excelle avant tout, bien entendu, dans la direction d'acteurs, mais l'histoire d'une famille d'immigrés irlandais le concerne directement et le Lys de Brooklyn est peut-être le film où il met le plus de lui-même pendant sa période Fox, marquée par les préoccupations sociales chères au producteur Darryl F. Zanuck. Ainsi Boomerang (id., 1947) traite d'une erreur judiciaire, le Mur invisible (Gentleman's Agreement, id.), film couvert d'Oscars, de l'antisémitisme, et l'Héritage de la chair (Pinky, 1949), commencé par John Ford, du racisme dans le Sud.