Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MARISCAL (Ana María Rodríguez Arroyo Mariscal, dite Ana)

actrice et cinéaste espagnole (Madrid 1923 - id. 1995).

Elle débute à l'écran dans El último húsar (L. Marquina, 1940) et obtient sa consécration avec Raza (J. L. Sáenz de Heredia, 1941). Elle interprète de nombreux rôles, sans éclat particulier, dont La princesa de los Ursinos (L. Lucia, 1947), Pacto de silencio (A. Román, 1949), Un hombre va por el camino (M. Mur Oti, 1949), El gran Galeoto (R. Gil, 1951), Jeromín (L. Lucia, 1953), La reina del Chantecler (R. Gil, 1962). Avec Segundo López, aventurero urbano (1952), elle passe à la mise en scène et montre des velléités artistiques, qui ne survivent guère au-delà de son film suivant, Con la vida hicieron fuego (1957). Pour être une des rares réalisatrices espagnoles, elle ne s'est cependant pas distinguée de la médiocrité ambiante, si ce n'est avec El camino (1963), d'après Miguel Delibes.

MARISCHKA (Ernst)

cinéaste, scénariste et producteur autrichien (Vienne 1893 - Coire, Suisse, 1963).

Il travaille dès 1912 pour le cinéma et, parallèlement, écrit des livrets d'opérette dans la tradition viennoise. Il est le scénariste de nombreux films des années 30, réalisés notamment par Geza von Bolvary. Il devient réalisateur en 1940 avec Sieben Jahre Pech, dont il fera un remake en 1957. Spécialiste du genre sentimental et du film musical, il en dirige d'assez nombreux dans les années 50, dont les Jeunes Années d'une reine (Mädchenjahre einer Königin, 1954), avec Romy Schneider. C'est ensuite, avec la même actrice, la trilogie des Sissi (id., 1955), Sissi impératrice (Sissi, die junge Kaiserin, 1956) et Sissi face à son destin (Sissi, Schicksalsjahre einer Kaiserin, 1957). Il est le frère du scénariste et réalisateur Hubert Marischka (1882-1959), l'oncle de Franz Marischka (né en 1918), acteur, réalisateur et scénariste, et de Georg Marischka (1922), réalisateur.

MARKEN (Jeanne Krab, dite Jane)

actrice française (Paris 1895 - id. 1976).

Celle qui fut un temps la compagne de Jules Berry oscille dans sa filmographie entre les créatures plantureuses, contentes de vivre et de faire cascader leur rire, et d'abominables mégères, cachant sous une apparence doucereuse l'âme la plus noire. Pour les premières : Une partie de campagne (J. Renoir, 1946, 1936) ; Un grand amour de Beethoven (A. Gance, 1936) ; Hôtel du Nord (M. Carné, 1938) ; les Enfants du paradis (Carné, 1945) ; Ces dames aux chapeaux verts (Fernand Rivers, 1949) ; Maxime (H. Verneuil, 1958). Pour les secondes : Une si jolie petite plage (Y. Allégret, 1949) ; Manèges (id., 1950) ; Chéri (P. Billon, id.) ; Caroline chérie (R. Pottier, 1951) ; Deux Sous de violettes (J. Anouilh, id.). Les unes et les autres campées avec le maximum d'efficacité dans le trait.

MARKER (Christian François Bouche-Villeneuve, dit Chris)

écrivain, photographe et cinéaste français (Neuilly-sur-Seine 1921).

Il est une des personnalités les plus attachantes et les plus insaisissables du cinéma français, qui allie à un certain type de discours « bourgeois » le sens de l'engagement politique pur et dur, à l'abri de toute sclérose idéologique. Il allie son héritage du classicisme français (il a écrit un subtil Giraudoux par lui-même) à une sympathie évidente pour toutes les formes de « révolution culturelle » et corrige ses tranquilles certitudes par l'instabilité des grands rêveurs. Véritable « gentleman des antipodes », Chris Marker a tourné un peu partout dans le monde : en Chine, en Sibérie, à Cuba, en Israël, au Japon et aussi à Paris (le Joli Mai, 1963), mais tous ces voyages, réels ou imaginaires, sont autant d'autoportraits. Il cite, dans l'épigraphe de l'un de ses films les plus personnels, Si j'avais quatre dromadaires, journal de voyage entièrement composé de photos fixes prises dans vingt-six pays, entre 1955 et 1965, ces vers d'Apollinaire :

« Avec ses quatre dromadaires,

Don Pedro d'Alfaroubeira

Courut le monde et l'admira.

Il fit ce que je voudrais faire. »

Notre monde même ne saurait suffire à cet éternel baladin : il lui faut se perdre dans les labyrinthes de la quatrième dimension, et c'est la Jetée, étonnant « photo-roman » d'anticipation qui est aussi une poignante histoire d'amour. Il y a encore chez lui un polémiste sarcastique, pour lequel le texte compte autant, sinon plus, que l'image, au point de charger celle-ci de significations insolites, voire contradictoires (cf. le pied-de-nez au documentaire classique que constituent les trois commentaires successifs d'une même séquence, dans Lettre de Sibérie). Depuis 1968, Chris Marker anime un collectif d'extrême gauche, Slon, qui se veut « instrument de production ouvert à toutes les recherches et leur servant à l'occasion de point de rencontre et de rassemblement ». Parmi ses réalisations, on citera À bientôt j'espère et la Bataille de dix millions. Pour ses amis (Alain Resnais, Henri Michaux, Paul Paviot), Chris Marker « préfigure l'homme du XXIe siècle ».

Films  :

Olympia 52 (CM, 16 mm, 1952) ; Les statues meurent aussi (CM, CO A. Resnais, 1953) ; Dimanche à Pékin (CM, 1956) ; le Mystère de l'atelier 15 (CM, CO Resnais, 1957) ; Lettre de Sibérie (1958) ; les Astronautes (CM, CO W. Borowczyk, 1959) ; Description d'un combat (CM, 1961) ; Cuba Si ! (id.) ; la Jetée (CM, id. [ : 1962]) ; le Joli Mai (1963) ; le Mystère Koumiko (1965) ; Si j'avais quatre dromadaires (1966) ; Loin du Viêt-nam (PR et MONT seulement, 1967) ; la Sixième Face du Pentagone (CM, CO F. Reichenbach, 1968) ; À bientôt j'espère (CM, 1969) ; le Deuxième Procès d'Arthur London (id.) ; Carlos Marighela (1970) ; la Bataille des dix millions (1971) ; Les mots ont un sens (MM, id.) ; Vive la baleine (CO Mario Maret, 1972) ; le Train en marche (1973) ; la Grève des travailleurs de Lip (1974) ; Kashima Paradise (COMM, id.) ; la Solitude du chanteur de fond (id.) ; l'Ambassade (1975) ; la Batalla de Chile (3 parties, COPR seulement, 1975-76) ; Le fond de l'air est rouge (DOC, 1977) ; Sans soleil (1982) ; A. K. (1985) ; l'Héritage de la chouette (1989, série de 13 documentaires vidéo) ; le Tombeau d'Alexandre (1993); le 20 Heures dans les camps (CM, id.) ; Level Five (1996) ; Une journée d'Andreï Arsenevitch (2000) ; collaboration à Django Reinhardt (P. Paviot, 1959, texte), à l'Amérique insolite (F. Reichenbach, 1960) et à À Valparaiso (J. Ivens, 1962).