Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DAMIANOS (Alexis)

auteur dramatique, acteur et cinéaste grec (Athènes, 1921).

Il commence par étudier l'art dramatique au Théâtre National d'Athènes et les lettres à l'université. D'abord acteur, puis metteur en scène de théâtre, il fonde en 1948 le « Théâtre Expérimental » et en 1961 le théâtre « Poria ». Il fait ses débuts au cinéma comme acteur de Pandelis Voulgaris (le Voleur/O Kleftis, CM, 1965), de Dinos Katsouridis (Bref entracte/Sintomo dialima, 1966) et de Costas Manoussakis (la Peur/O Fovos, 1966).

Il tourne son premier film Jusqu'au bateau (Mehri to plio, 1966) à quarante-cinq ans, puis Evdokia cinq ans plus tard. Il attendra près de 25 ans avant de terminer l'Aurige (O Iniochos, 1995). Entre-temps, il est l'Étrange Voyageur (O paraxenos taxidiotis, 1971) dans la série télévisée qui contribue largement à sa popularité et réalise en 1983 l'étonnante mini-série Patouchas, d'après la nouvelle du crétois Yannis Kondilakis.

Avec seulement trois films, Damianos s'est imposé comme l'une des figures emblématiques du cinéma grec. Mal connu à l'étranger, c'est en poète - au lyrisme âpre - qu'il approche la réalité d'aujourd'hui et qu'il évoque la Grèce d'hier. Il s'aventure dans sa mythologie, en épuise les méandres, convoque, non sans humour, ses moments héroïques. Ses personnages, des déracinés, des marginaux, des parias, résistent avec passion, vibrent de fureur et s'entre-déchirent. Ballotés entre destin et histoire, ils s'obstinent dans la démesure, ils portent en eux la tragédie. La vision du monde de Damianos, très concrète, voire minérale, nous confronte à la crudité de leur existence et à la matérialité, toute terrestre, de leur désespoir.

DAMITA (Liliane Carré, dite Lili)

actrice américaine d'origine française (Blaye 1904 - Palm Beach, Fla., 1994).

Vedette de music-hall, notamment au Casino de Paris (où elle succède à Mistinguett), Lili Damita commença sa carrière cinématographique en France au début des années 20. Mais c'est en Autriche et en Allemagne, sous la direction du Hongrois Mihály Kertész (futur Michael Curtiz), qu'elle tourne son premier succès, Célimène, poupée de Montmartre, en 1925. Après d'autres films qui lui assurent une certaine renommée européenne (les Mystères d'une âme, G. W. Pabst, 1926), elle part pour Hollywood en 1929, appelée par Samuel Goldwyn. Malgré quelques films prestigieux comme Têtes brûlées (R. Walsh, 1929) et un mariage mouvementé avec Errol Flynn, son succès décroît et elle quitte l'écran en 1936. D'Errol Flynn, elle eut un fils, Sean, un temps acteur, puis reporter, disparu au début des années 70 au Viêt-nam.

DANA (Virginia Flugrath, dite Viola)

actrice américaine (New York, N. Y., 1897 - Woodland Hills, Ca., 1987).

Elle débute enfant sur la scène et n'a que treize ans lors de son premier film. Brune, les yeux très clairs, actrice spontanée et charmante, elle reste vedette tout au long des années 20, puis disparaît à l'arrivée du parlant. Particulièrement représentatifs de son talent sont Rouged Lips (Harold Shaw, 1923) et les Gaietés du cinéma (J. Cruze, 1924).

DANCIGERS (Georges)

producteur français (Tukkini, Prov. baltiques, Russie, 1908 - Paris 1993).

Il fonde avec Alexandre Mnouchkine et Francis Cosne les Films Ariane. Il a produit ou coproduit les Parents terribles (J. Cocteau, 1949), Fanfan la Tulipe (Christian-Jaque, 1952), le Retour de don Camillo (J. Duvivier, 1953), Une Parisienne (M. Boisrond, 1957), Un homme qui me plaît (C. Lelouch, 1969), Stavisky (A. Resnais, 1974), Préparez vos mouchoirs (Bertrand Blier, 1978), le Professionnel (G. Lautner, 1981), Garde à vue (C. Miller, id.), la Balance (B. Swaim, 1982), ainsi qu'un grand nombre de films de Philippe de Broca (de Cartouche, 1961, à Psy, 1981). Son frère, Oscar Dancigers, est le producteur au Mexique de Luis Buñuel.

D'ANCORA (Rodolfo Gucci, dit Maurizio)

acteur italien (Florence 1912).

Choisi par Mario Camerini pour être le protagoniste de Rails (1929), il devient, après ce début prometteur, le jeune premier par excellence du cinéma italien des années 30. Ironique et désinvolte, D'Ancora donne le meilleur de lui-même dans les films de Camerini (Figaro e la sua gran giornata, 1931 ; Battement de cœur, 1938 ; Centomila dollari, 1940). Citons encore, parmi ses nombreux films, Il canale degli angeli (F. Pasinetti, 1934), Casta diva (C. Gallone, 1935), Ginevra degli Almieri (G. Brignone, 1936), Terra di nessuno (Mario Baffico, 1939), Scandalo per bene (Esodo Pratelli, 1940), Don Pasquale (C. Mastrocinque, id.). Il cesse toute activité cinématographique en 1946.

DANDRIDGE (Dorothy)

actrice, danseuse et chanteuse américaine (Cleveland, Ohio, 1922 - Hollywood, Ca., 1965).

Fille d'un pasteur noir, elle apprend à chanter et danser avec sa mère, la comédienne Ruby Dandridge. Elle s'illustre dans de nombreux spectacles musicaux aux côtés de sa sœur aînée, Vivian, et de la chanteuse Etta Jones (trio des Dandridge Sisters), et vient au cinéma comme figurante, puis comme actrice de complément, dans des films comme Un jour aux courses (S. Wood, 1937), Crépuscule (H. Hathaway, 1941) et Depuis ton départ (J. Cromwell, 1944). Ses succès en cabaret, dans l'orchestre de Desi Arnaz, puis en solo, lui valent ses premiers rôles en vedette dans Tarzan et la reine de la jungle (Tarzan's Peril, B. Haskin, 1951), The Harlem Globe Trotters (Phil Brown, id.) et Bright Road (Gerald Mayer, 1953). Sa réputation monte en flèche avec Carmen Jones (O. Preminger, 1954) : elle y crée la Carmen la plus « physique » de l'histoire du cinéma, avec un mélange inégalé de sensualité, d'énergie vitale et de fatalisme innocent. Le brio de cette interprétation aura, paradoxalement, un effet inhibant sur sa carrière d'actrice ; et, à l'exception de Porgy and Bess (Preminger, 1959), où elle compose une Bess souvent émouvante, la suite de sa courte filmographie ne présente qu'un faible intérêt : Une île au soleil (R. Rossen, 1957) ; Terreur en mer (Andrew L. Stone, 1958) ; Tamango (J. Berry, id.) ; Malaga / Moment of Danger (L. Benedek, 1959). Elle succombe à une overdose de barbituriques.

DANELIA (Gueorgui) [Georgij Nikolajevič Danelija]

cinéaste soviétique (Tbilissi, Géorgie, 1930).

Fils de la cinéaste Meri Andjaparidzé, neveu du cinéaste Mikhaïl Tchiaoureli et de l'actrice Veriko Andjaparidzé, cousin de la comédienne Sofiko Tchiaoureli. Après des études d'architecture à Moscou, il suit un cours accéléré de formation à la mise en scène au studio Mosfilm (1956-1958). Il coréalise avec Igor Talankine son premier long métrage, Sérioja (Serëža, 1960), d'après le livre de Véra Panova, puis seul ‘Route du port’ (put' k pričalu, 1962) et Je m'balade dans Moscou (Ja šagaju po Moskve, 1963), étape importante du « dégel » idéologique. C'est une brillante comédie de mœurs en forme de conte de fées moderne, où la vie quotidienne de la capitale est décrite avec naturel dans des images d'une beauté impressionniste, dues au talent de l'opérateur Vadim Youssov. Son film suivant, Trente-trois (Tridcat‘ tri, 1966), est une comédie satirique qui annonce sa production ultérieure : cette histoire d'un simple citoyen dont on découvre qu'il a trente-trois dents est l'occasion d'une satire sociale qui n'a pas le don de plaire aux autorités ; le film n'est en conséquence pas distribué. Après plusieurs années d'inaction, Danelia tourne en Géorgie Ne sois pas triste/Ne t'en fais pas ! (Ne gorjuj !, 1969), savoureuse transposition locale de Mon oncle Benjamin de Claude Tillier. Suivent le Garçon perdu (Sovsem propaščij, 1973), puis trois agréables comédies : Afonia (Afonija, 1975), corrosive satire des tire-au-flanc et des combinards en la personne d'un ouvrier qui n'est pas un modèle de conscience professionnelle ; Mimino (1977), en Géorgie, truculente étude de mœurs provinciales ; Marathon d'automne (Osennij marafon, 1979), drolatique portrait d'un professeur qui tente difficilement, à coups de mensonges et de subterfuges, de se ménager une vie confortable entre sa femme et sa maîtresse ; Les larmes coulaient (Slezy kapali, 1983), d'après un conte d'Andersen, Kin dza dza (id.), « science-fiction en forme de comédie musicale » selon ses propres termes, Passeport (Passport, 1990), une coproduction avec la France, Nastya (Nastja, 1993), et Têtes et queues (Orel i reška, 1996).