Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

STEPHANE (Nicole de Rothschild, dite Nicole)

actrice, cinéaste et productrice française (Paris 1928).

On n'a pas oublié le beau visage grave, muré dans sa dignité, de la jeune fille du Silence de la mer (J.-P. Melville, 1948) ; ni celui, halluciné, d'Élisabeth dans les Enfants terribles (id., 1949). Ce furent les débuts de Nicole Stephane — et ses meilleurs rôles (elle tournera encore dans Né de père inconnu de Maurice Cloche, en 1950, puis dans le Défroqué de Léo Joannon, en 1953, et sera remarquable, la même année, en Madame Curie, sous la direction de Georges Franju). On connaît moins l'auteur de courts métrages (la Génération du désert, 1957 ; Vel'd'Hiv, 1958), et moins encore la productrice, à la fois courageuse et avisée, misant presque toujours sur le bon numéro : Mourir à Madrid (F. Rossif, 1962), la Vie des animaux (id., 1963), la Vie de château (J.-P. Rappeneau, 1965), Détruire dit-elle (M. Duras, 1970), Un amour de Swann (V. Schlöndorff, 1984, un projet qu'elle mûrissait depuis des années).

STEPHENS (Robert)

acteur britannique (Bristol 1931 - Londres 1995).

Il a un temps formé avec sa seconde femme, l'actrice Maggie Smith, l'un des couples vedettes de la scène britannique. Le théâtre, où sa réputation tant comme acteur que comme metteur en scène est considérable, reste son domaine d'élection. Au cinéma, il a débuté en 1961, mais son physique élégant et sa morgue typiquement « british » n'ont pas souvent inspiré les cinéastes. On le remarque dans un petit rôle dans Un goût de miel (T. Richardson, 1962), mais il a bien plus d'allure, face à Maggie Smith, en artiste séducteur de fraîches pécores dans les Belles Années de Miss Brodie (R. Neame, 1969), ou en grandiose proxénète de haut vol dans Voyages avec ma tante (G. Cukor, 1972). Skolimowski utilise à merveille sa séduction hautaine dans le Cri du sorcier (1978). Mais il reste surtout l'admirable Sherlock Holmes de la Vie privée de Sherlock Holmes (1969) de B. Wilder : il n'avait pas son pareil pour ravaler sa mélancolie en s'injectant rageusement une dose de morphine. C'est la seule fois où Robert Stephens tient un premier rôle cinématographique : il y prouve avec grandeur qu'il avait l'étoffe des meilleurs.

STÉRÉO.

Abrév. de stéréophonie.

STÉRÉOPHONIE.

Notre sens de l'ouïe nous permet de localiser, avec plus ou moins de précision, la direction d'une source sonore. Cette capacité provient essentiellement des deux phénomènes suivants, liés à l'écoute binauriculaire : si la source se trouve, par exemple, sur notre gauche, d'une part l'oreille gauche entend le son avant l'oreille droite, d'autre part — comme elle est plus proche de la source —, elle entend un son plus fort.

La stéréophonie.

Les procédés de stéréophonie visent à restituer à l'auditeur une capacité de localiser les sons dans l'espace. Cela nécessite évidemment au moins deux haut-parleurs.

Il existe deux grandes façons de procéder.

Le principe de la stéréophonie de phase est de capter les sons par deux micros disposés de façon à simuler l'écoute binauriculaire. (Dans certains systèmes, ces micros sont effectivement disposés de part et d'autre d'une « tête artificielle ».) Les sons ainsi enregistrés sont adressés respectivement au haut-parleur droit et au haut-parleur gauche.

Dans la stéréophonie d'intensité, il n'existe pas de relation temporelle entre les sons diffusés par les deux haut-parleurs, mais ils sont émis plus fort d'un côté que de l'autre : cela simule l'autre grand facteur de localisation.

La stéréophonie au cinéma.

La stéréophonie décrite ci-dessus ne procure une écoute satisfaisante qu'aux auditeurs placés à peu près à égale distance des deux haut-parleurs. Dans une salle de cinéma, cette condition n'est pas vérifiée pour les places latérales, où le son dominant serait celui du haut-parleur le plus proche. On procède alors avec trois haut-parleurs : un au centre de l'écran (le seul en service pour les films monophoniques) et un à chaque extrémité de l'écran. L'expérience montre par ailleurs que, sauf effet délibéré, il convient de « localiser » les dialogues à peu près au centre de l'écran, même si le comédien qui parle n'est pas au centre de l'image, pour éviter que la direction apparente du son ne « saute » de façon caricaturale. Les films stéréophoniques sont ainsi quasi monophoniques pour les voix ; seuls la musique et les « effets sonores » sont vraiment latéralisés.

Histoire de la stéréophonie au cinéma.

La projection à Paris, en 1934, de la version sonorisée du Napoléon d'Abel Gance relève de la préhistoire du cinéma stéréophonique. La bande son, unique, était envoyée, selon les scènes, sur divers haut-parleurs implantés dans la salle, l'« aiguillage » entre haut-parleurs étant commandé par des encoches pratiquées sur le film.

Le cinéma stéréophonique est né avec Fantasia de Walt Disney (1941). Dans un certain nombre de salles, le film fut projeté en stéréophonie (d'intensité) à trois voies, les différentes pistes sonores optiques étant portées par un film séparé défilant en synchronisme avec la bande image. (Ce film comportait en fait quatre pistes, la quatrième commandant le niveau sonore global, de façon à améliorer la dynamique.)

Ce système double bande était trop complexe. (La double bande, avec pistes magnétiques, fut employée, dix ans plus tard, dans le Cinérama ; mais le Cinérama était, de toute façon, très complexe.). Le CinémaScope (1953) comportait quatre pistes magnétiques, de part et d'autre de chaque rangée de perforations, correspondant à trois voies d'écran (gauche, centre, droite) et à une voie d'« ambiance », destinée à un ensemble de haut-parleurs répartis en fond de salle. Le 70 mm (1955) comportait, lui, six pistes magnétiques, pour cinq voies d'écran et une voie d'ambiance.

La stéréophonie fut une des raisons du succès de ces procédés, même si ce succès reposait aussi sur l'écran large, sur la couleur, et sur la qualité propre du son magnétique, sensiblement meilleur à l'époque que le son optique.

La MGM avait bien imaginé le Perspecta, qui fournissait des effets sonores à partir de la piste optique traditionnelle : le son, qui demeurait monophonique, était orienté vers la droite ou vers la gauche par un aiguillage électronique commandé par une fréquence non audible inscrite sur la piste. (C'était, améliorée, la méthode du Napoléon de Gance.) Employé notamment dans quelques comédies musicales, le Perspecta fut très vite abandonné.