Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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NOUVELLE VAGUE. (suite)

— une part inéluctable : ceux qui, en tout état de cause, auraient assuré la succession des vieux maîtres et des artisans qui se sont retirés. Formés par des années d'assistanat, Molinaro, Deville, Lautner, Sautet ou Louis Malle sont tous recensés dans le célèbre numéro des Cahiers du cinéma qui dresse le bilan de la Vague en décembre 1962 ;

— la part relevant du court métrage. Pendant les années plutôt sombres de la IVe République, l'honneur du cinéma français avait été défendu par des cinéastes rigoureux, sinon puritains, qui s'exprimaient dans des bandes de dix à trente minutes. Ils s'appelaient Franju, Resnais, Kast, Varda ou Chris Marker. Ils parlaient du présent et inventaient le futur. Vers 1960, ils trouvent la brèche qui leur permet d'accéder à la fois au long métrage et au grand public ;

— la part fortuite. En 1954, dans un article célèbre des Cahiers du cinéma, le jeune François Truffaut avait fait le procès (brutal, polémique et injuste) du « cinéma de la qualité », accusant sans nuances Autant-Lara, Yves Allégret et leurs scénaristes (Aurenche et Bost, Jeanson, Sigurd) d'être « des bourgeois, faisant du cinéma bourgeois pour des bourgeois ». Autour de la déjà fameuse revue jaune que sont les Cahiers et d'André Bazin, un noyau de chroniqueurs et de critiques s'était constitué, qui souhaitaient accéder un jour à la caméra.

Le premier, Claude Chabrol, avec l'argent d'un héritage familial, tourne en 1958 le Beau Serge dans un village de la Creuse. Puis les Cousins, l'année suivante. François Truffaut, dans le même temps, réalise les Quatre Cents Coups.

Le Beau Serge sort le 2 février 1959, les Cousins le 11 mars, les Quatre Cents Coups sont présentés à Cannes deux mois plus tard, en même temps que Hiroshima mon amour d'Alain Resnais.

En mars 1960, À bout de souffle, de Jean-Luc Godard, contemporain des troisième et quatrième films de Chabrol, confirme le phénomène. Poudre aux yeux pour les uns, révolution culturelle pour les autres, un nouveau cinéma investit les écrans des grandes villes et les pages culturelles des hebdomadaires. La profession est désorientée. Le producteur Deutschmeister, au colloque de La Napoule, tente de faire le point : « Tous les producteurs se réjouissent du succès des jeunes de cette vague, parce qu'ils ont libéré le cinéma de ses chaînes. Ils l'ont libéré de l'équipe technique minimale imposée par les syndicats. Ils l'ont libéré des difficultés administratives et financières pour tourner dans les rues, dans de vraies maisons, de vraies chambres, dans des décors naturels. Ils l'ont libéré des multiples censures qui ont une curieuse conception de l'art, de la morale, de la vie, de l'influence sur la jeunesse, du prestige d'une nation, etc. Ils l'ont libéré des exigences abusives des « anciens » pour entreprendre un film. Ils ont aussi libéré le cinéma du culte des vedettes et de la qualité technique. »

La Nouvelle Vague, sans ériger l'incompétence en vertu comme l'ont affirmé, non sans provocation, certains de ses tenants, a justifié la désinvolture, le mépris du sujet, une forme d'amateurisme à double tranchant. Elle a affirmé son apolitisme — au temps de la guerre d'Algérie et de la mise en place de la Ve République. Elle a encouragé, ou laissé faire, des expériences calamiteuses, dont témoignent encore les dizaines de films insortables qui encombrent les placards de leurs auteurs.

Dès l'automne 1961, on commence à murmurer que le temps de la Nouvelle Vague, en France, est révolu. Avec le recul, on peut raisonnablement estimer que le phénomène socio-économique « nouvelle vague » a duré quatre ans. Né en 1958, il se dilue au cours de l'année 1962. L'incertitude brouillonne n'est plus de mise, les impératifs économiques resurgissent. Les cinéastes de la Vague se reclassent. Beaucoup abandonnent ou se reconvertissent du côté de la télévision. Godard pratique un cinéma expérimental, provocant, inventif et irritant, qui le conduira aux aventures militantes de l'après-68. Truffaut et Chabrol, au contraire, sont vite rentrés dans le rang, accumulant chacun une œuvre abondante, aussi classique et « bourgeoise » que celles qu'ils dénonçaient quinze ans plus tôt.

La Nouvelle Vague, dans toutes ses composantes, a incontestablement réveillé et vivifié le cinéma français. Elle a ouvert l'éventail des possibles. Elle a aussi éclairé et justifié les recherches des jeunes cinéastes de l'Est, du Québec ou du tiers monde, affichant un étendard libérateur.

NOUVELLE-ZÉLANDE.

La première projection cinématographique a lieu le 13 octobre 1896 à l'Opera House d'Auckland. Ce n'est pourtant que deux ans plus tard qu'apparaissent les premières bandes nationales : The Opening of the Auckland Exhibition et Uhlan Winning the Auckland Cup, réalisées par A. H. Whitehouse. Ce pionnier sera bientôt imité par d'autres, parmi lesquels Joseph Perry et W. Franklyn Barrett. En 1914, George Tarr adapte pour le cinéma Hinemoa, une légende maori. Ce film photographié par Charles Newham est la première tentative de long métrage. Elle sera suivie en 1916 par un deuxième film : The Test, adaptation du livre The Ballad of Sluttering Jim de William Satchell, par le producteur (et acteur) Rawdon Blandford. Le développement du cinéma néo-zélandais est, du moins pour le film de fiction, très lent et seul Rudall Hayward marquera de sa personnalité les années 20, produisant six longs métrages (dont My Lady of the Cave, 1922 ; Rewi's Last Stand, 1925 ; The Te Kooti Trail, 1927 et The Bush Cinderella, 1928), un certain nombre de petits films comiques, des films industriels et des actualités. Le pays sert essentiellement de terre d'accueil pour diverses entreprises étrangères (Gaston Méliès et Alexander Markey viendront y réaliser des films américains, Raymond Longford et Beaumont Smith des films australiens, Gustav Pauli des films britanniques). Le premier film parlant n'est tourné qu'en 1935 (Down the Farm, produit par Stewart Pitt et Lee Hill), mais la fiction cède le pas aux films touristiques — qui se développent surtout après 1936 quand le gouvernement acquiert les studios Filmcraft — et aux films documentaires et de propagande (notamment pendant les années de guerre avec les Weekly Review, un National Film Unit étant fondé, à l'initiative de Grierson, en 1941). Parmi les meilleurs titres : White Island (Ivo Tisch, 1947), Rhythm and Movement (Michael Furlong, 1948) et Journey for Three (id.), un documentaire romancé.