Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SHI DONGSHAN

cinéaste chinois (Hangzhou 1902 - 1955).

Il entre en 1921 comme décorateur aux studios de Shanghai où, quatre ans plus tard, il met en scène son premier film : ‘ Chaton de saule ’. Il est engagé bientôt à la Lianhua, où il signe ‘ Une fille sage ’ (Heng niang, 1931). Influencé par le mouvement des cinéastes de gauche, il écrit et dirige pour les studios Yihua ‘ Femme ’ (1934) et ‘ À la naissance les hommes sont semblables ’ (1936). Engagé par la Xinhua, il met en scène successivement ‘ Long Chant de haine ’ (1936), ‘ Nuit de liesse ’ (Kuanghuan zhi ye, id.), ‘ la Marche de la jeunesse ’ (Qingnian jinxingqu, 1937). Après l'occupation des Japonais, il tourne à Wuhan ‘ Défendons notre terre ’ (Baowei women de tudi, 1938) puis à Chongqiņo ‘ le Bon Mari ’ (id.), ‘ la Marche de la victoire ’ (Shengli jinxingqu, 1940) et ‘ Rendez-moi mon pays ’ (Huan wo guxiang, 1945). De retour à Shanghai après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il rouvre un des studios de la Lianhua à l'origine de la formation de la Kunlun en 1947. Pour cette société, il réalise ‘ Huit Mille Lis de lune et de nuages ’ (Baqianli lu yun he yue, 1947) et ‘ Regrets d'une demoiselle ’ (Xin gui yuan, 1948). Il part pour Hongkong en 1948. De retour sur le continent après la libération, il réalise en 1951 ‘ Nouveau Roman des jeunes héros ’ (Xin ernü yingxiong zhuan, CO Lü Ban).

SHI HUI

acteur et cinéaste chinois (Tianjin 1915-1957).

Il passe son enfance à Pékin, où il se passionne pour toutes les formes de théâtre traditionnel. Également fervent du théâtre moderne, il entre dans des troupes d'amateurs, ce qui l'amène à jouer à Shanghai où il s'installe et devient un acteur très apprécié du public et de la critique, qui le couronne « roi du théâtre ». Il paraît au cinéma en 1941, mais c'est surtout à partir de 1947 qu'il délaisse le théâtre, où il a fait une carrière exceptionnelle pendant toute la guerre. Engagé par la Wenhua, il participe à presque toutes les productions de cette compagnie jusqu'à sa fermeture en 1951 : il joue dans douze films et en réalise trois, abordant des rôles très différents de la comédie au drame. Parmi les plus célèbres, citons ‘ la Dot en carton ’ (Jiafeng xuhuang) et ‘ Vive ma femme ’ (Taitai wansui), deux comédies réalisées par Sang Hu en 1947, ‘ Soleil radieux ’ (Yanyang tian, Cao Yu, 1948), ‘ Tristesse et Joie de l'âge mûr ’ (Aile zhongnian, Sang Hu, 1949) ; ‘ Ma vie ’ (Wo zhe yibeizi), qu'il interprète et réalise en 1950 ; ‘ Déchéance ’ (Fushi, Zuo Lin, id.). Au début des années 50, il joue moins, à la suite de critiques contre ‘ Capitaine Guan ’ (Guan lianzhang), qu'il écrit, réalise et interprète en 1951. En 1953, il réalise ‘ Lettre à plumes ’ (Jimao xin), primé à Édimbourg et, en 1954, joue dans ‘ Song Jingshi ’ (Song Jingshi, Zheng Junli et Sun Yu). Au moment des Cent Fleurs, il anime un groupe pour la rédaction de scénarios. Après un dernier film, ‘ Navigation nocturne dans le brouillard ’ (Wuhai ye hang, 1957), il est violemment critiqué au cours de la campagne antidroitière et met fin à ses jours. Acteur exceptionnel, tant au théâtre qu'au cinéma, sans doute le plus grand de sa génération, il a été officiellement réhabilité en 1979.

SHIMAZU (Yasujiro)

cinéaste japonais (Tokyo 1897 - id. 1945).

Lycéen, il obtient le second prix d'un concours de scénario pour des films publicitaires. En 1920, il devient stagiaire à la Shochiku, qui vient de créer son département cinéma, et travaille le scénario avec le dramaturge Kaoru Osanai. Il est assistant de Minoru Murata pour ‘ Âmes sur la route ’ (Rojo no reikon, 1921), et devient cinéaste en 1922 avec ‘ le Fossé de Sanya ’ (Sanyabori), suivi de ‘ la Femme qui gagne sa vie ’ (Jikatsusuru Onna, 1923) et ‘ le Rasoir ’ (Kamisori, id.), décrivant la vie du petit peuple. Il se fait remarquer des critiques avec ‘ le Professeur du village ’ (Mura no sensei, 1925), et tourne de façon plutôt artisanale une centaine de films avant le parlant. Au début des années 30, il réalise un grand nombre d'œuvres réalistes, dont certaines deviennent très populaires : ‘ Ma petite voisine Yae ’ (Tonari no Yae-chan, 1934), ‘ l'Épouse d'une nuit ’ (Sono yo no tsuma, id.). Il signe aussi des mélodrames : ‘ Okoto et Sasuke ’ (Okoto to Sasuke, 1935), ‘ les Fiançailles des trois corbeaux ’ (Konyaku sanbagarasu, 1937), ‘ Frère et Sœur ’ (Ani to sono imoto, 1939). Cette même année, il quitte la Shochiku et entre à la Toho, où son rythme est moins intense. Il tourne encore quelques films familiaux et réalistes, citons ‘ la Carte d'une mère ’ (Haha no chizu), ‘ la Lutte quotidienne ’ (Nichijo no tatakai, 1944), avant de mourir d'un cancer. Il laisse l'image d'un excellent artisan, qui a formé des metteurs en scène tels que Gosho, Toyoda, Kinoshita ou Yoshimura.

SHIMIZU (Hiroshi)

cinéaste japonais (préf. de Shizuoka 1903 - Kyoto 1966).

Ayant abandonné ses études à l'université de Hokkaido, il entre à la Shochiku, en 1922, comme assistant réalisateur. Il tourne son premier film, ‘ Au-delà du col ’ (Tôge no kanata) en 1924. En 1925, il épouse l'actrice Kinuyo Tanaka, avec qui il tournera dix-huit films, avant de divorcer. Dans les années 30, il réalise plusieurs films d'une série comique populaire, ‘ Jeune Patron ’ (Wakadanna, de 1933 à 1936), en mettant l'accent sur les mouvements des acteurs plutôt que sur leur jeu. Il découvre aussi l'importance des extérieurs réels, surtout avec ‘ Mr. Merci ’ (Arigatô-San, 1936), une comédie d'observation à bord d'un autocar de campagne. Mais il est surtout resté fameux pour l'intérêt qu'il a porté au monde de l'enfance, notamment : ‘ les Enfants dans le vent ’ (Kaze no naka no kodomo, 1937), ‘ les Quatre Saisons des enfants ’ (Kodomo no shiki, 1939), ‘ les Enfants de la ruche ’ (Hachinosu no kodomotachi, 1947). Il a tourné en tout environ 160 films jusqu'en 1959.

SHIMURA (Takashi)

acteur japonais (préf. de Hyogo 1905 - Tokyo 1982).

Descendant d'une famille de samouraïs, il est d'abord acteur de théâtre dans les années 30, mais tient déjà des rôles épisodiques dans certains films, comme l'inspecteur de police d'Élégie d'Osaka (K. Mizoguchi, 1936). Il joue dans une quarantaine de films historiques de la Nikkatsu entre 1937 et 1942, puis entre à la Toho, où il tient le rôle du vieux maître de Judo dans la Légende du Grand Judo (A. Kurosawa, 1943). Ce film marque d'ailleurs le début d'une longue et fructueuse collaboration entre l'acteur et le cinéaste, qui lui donne des rôles de plus en plus étoffés, et l'oppose au débutant Toshiro Mifune dans l'Ange ivre (1948, rôle du Dr Sanada) et Chien enragé (1949, rôle d'un inspecteur). Après un personnage pathétique dans Scandale (1950), et celui du bûcheron qui découvre le crime de Rashomon (1950), Shimura interprète le personnage de Kanji Watanabe, le petit fonctionnaire condamné par le cancer dans Vivre (1952), qui restera le rôle le plus humain, le plus profond de toute sa carrière. Par la suite, partie intégrante de la « famille Kurosawa », il joue dans presque tous ses films, des Sept Samouraïs (1954) à Kagemusha (1980, rôle coupé dans la version internationale). Mais il a tourné aussi dans une multitude de films de la Toho, dirigé notamment par Inoshiro Honda (Godzilla, 1954), Hiroshi Inagaki ou, parfois, Masaki Kobayashi (Kwaidan, 1964).