Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ALGÉRIE (Barr al-Djaza'ir). (suite)

Il est remarquable que le cinéma égyptien n'a eu aucune influence sur le développement d'un art souvent assez proche du réalisme de l'âge d'or soviétique mais dont le lyrisme, le ludisme, l'invention (chez Allouache*, Zinet*, Lallem) sont souvent imprévisibles et singuliers. Si le scénario est trop souvent la part faible des films, les techniciens ont de grandes qualités, notamment des chefs opérateurs comme Rachid Merabtine, Youssef Saharaoui, Noureddine Adel. Un curieux particularisme a valu à la production de la télévision d'accéder à un rang égal en qualité (et en audience à l'étranger avec un film comme Noua) à celle de la production lourde. On décèle d'autre part une extrême prudence quant au choix des sujets abordés, ce qui n'est pas sans freiner un cinéma peu porté à faire des films neutres ou à vocation simplement mercantile, alors que les structures paraissent privées, depuis 1979, d'un moteur capable de relancer les projets de l'ONCIC, ce qui est doublement dommageable à l'Algérie, bien placée parmi les jeunes nations. Scindée en deux structures de production et de distribution (ENAPROC et ENADEC), l'activité cinématographique s'en est trouvée affaiblie. Le retour à une structure unique (CAAIC) n'a cependant guère permis à la production de s'épanouir, d'autant plus que la situation politique en Algérie à partir des années 90 n'est évidemment pas favorable au développement d'une industrie comme celle du 7e Art. Les cinéastes algériens continuent, pour certains à tourner. Cela n'est parfois pas sans difficulté. Certains y arrivent et construisent une œuvre cohérente, tel Mohamed Chouikh avec la Citadelle (1989), Youcef (1993) et l'Arche du désert (1997). D'autres émergent, à l'instar de Nadir Moknèche, avec le Harem de Madame Osmane (1999). Lorsque le réalisateur souhaite plus particulièrement librement aborder la situation politique et sociale de l'Algérie des années 90, et notamment la thématique de l'asile politique, il tourne alors essentiellement à l'étranger, comme Abdelkrim Bahloul (la Nuit du destin, 1997) ou Karim Traïdia (les Diseurs de vérité, 2000).

ALLASIO (Marisa)

actrice italienne (Turin 1936).

Ayant débuté comme figurante à quinze ans, elle devient vedette dès 1955 avec des films comme la Chasse aux maris (Ragazze d'oggi de L. Zampa) et l'excellent Pauvres mais beaux (D. Risi, 1956). Elle incarne la jeune fille sans préjugés, éprise d'indépendance et faussement rouée, avec un charme physique éclatant et une réelle sensibilité d'actrice. Sauf pour une incursion dans le péplum (Sous le signe de la croix, G. Brignone, 1956), elle ne s'évadera pas de ce personnage, dont le succès culmine dans Marisa la civetta (M. Bolognini, 1957), Carmela e una bambola (Gianni Puccini, 1958) et surtout Venise, la lune et toi (D. Risi, id.). Peu après, elle abandonne l'écran.

ALLÉGRET (Catherine)

actrice française (Paris 1946).

Fille d'Yves Allégret et de Simone Signoret, elle suit brièvement le cours René Simon avant de débuter au théâtre de l'Atelier sous la direction d'André Barsacq. Elle vient au cinéma avec Compartiment tueurs (Costa-Gavras, 1965). Parmi ses rôles, les plus marquants sont ceux qu'elle tient dans Smic, smac, smoc (C. Lelouch, 1971), le Dernier Tango à Paris (B. Bertolucci, 1972) et Vincent, François, Paul et les autres (C. Sautet, 1974). Elle s'est fait remarquer par sa spontanéité pleine de désinvolture et par sa vivacité d'esprit. Elle se produit aussi (parfois également comme auteur) au café-théâtre, au music-hall et à la télévision.

ALLÉGRET (Marc)

cinéaste français (Bâle, Suisse, 1900 - Paris 1973).

Fils du pasteur Élie Allégret, il passe longtemps, à tort, pour le neveu d'André Gide. C'est en accompagnant l'écrivain dans son périple africain qu'il tourne son premier film, le Voyage au Congo. Plus tard, il lui consacrera encore un long portrait : Avec André Gide. Il travaille d'abord avec Robert Florey, puis sa longue carrière de réalisateur habile et commercial, commencée avec Mam'zelle Nitouche et la Petite Chocolatière, se place sous le double signe du dosage et de la découverte. Dosage des genres, maîtrise d'un ton qui le fait évoluer sur cette ligne étroite et périlleuse qui sépare le drame réaliste de la comédie volontiers funambulesque. Lac aux dames en 1934, Entrée des artistes en 1938 (évocation du monde des étudiants au Conservatoire de Paris, avec Louis Jouvet dans le rôle d'un maître qu'on dit proche de ce qu'il était dans la vie) illustrent cette finesse qui fit la réputation du cinéaste. Découverte, celle de nombreuses Futures Vedettes (titre d'un film qu'il réalise en 1955), qui font, sous sa direction attentive, les premiers pas d'une carrière souvent brillante. Ainsi, dans les années 30, fait-il débuter Simone Simon, merveilleuse Puck de Lac aux dames ; avant Vadim (qui est son assistant de 1947 à 1956), il consacre Brigitte Bardot dans En effeuillant la marguerite (1956). Dans ses derniers films, il met le pied à l'étrier à des débutants, tels Alain Delon (dans Sois belle et tais-toi, 1958) ou Jean-Paul Belmondo (dans Un drôle de dimanche, id.).

La personnalité de Marc Allégret a marqué les meilleures de ses comédies. En revanche, elle s'efface dans les nombreuses adaptations romanesques qui jalonnent son œuvre jusqu'au Bal du comte d'Orgel (1970), son dernier film : il n'est plus là qu'un technicien froid, certes consciencieux, mais dépourvu d'originalité.

Films :

Voyage au Congo (DOC, 1927) ; le Blanc et le Noir (CO R. Florey, 1931) ; les Amants de minuit (CO : A. Genina, id.) ; Mam'zelle Nitouche (id.) ; la Petite Chocolatière (1932) ; Fanny (id.) ; Lac aux dames (1934) ; l'Hôtel du Libre Échange (id.) ; Zouzou (id.) ; Sans famille (id.) ; les Beaux Jours (1935) ; Sous les yeux d'Occident (1936) ; les Amants terribles (id.) ; Aventure à Paris (id.) ; Gribouille (1937) ; la Dame de Malacca (id.) ; Orage (1938) ; Entrée des artistes (id.) ; le Corsaire (1939) ; Parade en sept nuits (1941) ; l'Arlésienne (1942) ; la Belle Aventure ([ : 1942] ; 1945) ; Félicie Nanteuil ([ : 1942] ; 1945) ; les Petites du quai aux Fleurs (1944) ; Lunegarde (1946) ; Petrus (id.) ; Jusqu'à ce que mort s'ensuive (Blanche Fury ; GB, 1947) ; Maria Chapdelaine (1950) ; Blackmailed (GB, 1951) ; Avec André Gide (DOC, 1952) ; la Demoiselle et son revenant (id.) ; Julietta (1953) ; Eterna femmina [I Cavalieri dell ‘illusione] et L'amante di Paride (IT, 1955) ; Futures Vedettes (id.) ; l'Amant de lady Chatterley (id.) ; En effeuillant la marguerite (1956) ; L'amour est en jeu (1957) ; Sois belle et tais-toi (1958) ; Un drôle de dimanche (id.) ; les Affreux (1959) ; les Démons de minuit (CO Charles Gérard, 1961) ; les Parisiennes (1962) ; l'Abominable Homme des douanes (1963) ; le Bal du comte d'Orgel (1970).