Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KELVIN (anciennement degré Kelvin).

Unité de mesure de la « température absolue ». (Cette température s'exprime en ajoutant 273 aux degrés Celsius usuels.) [ TEMPÉRATURE DE COULEUR.]

KENDALL (Justine McCarthy, dite Kay)

actrice britannique (Hull 1927 - Londres 1959).

Mince, d'une rare élégance, mêlant la sophistication la plus élaborée à la drôlerie la plus clownesque, Kay Kendall, le nez le plus spirituellement retroussé de l'histoire du cinéma, laisse le souvenir d'une carrière aussi éblouissante que brève. Ayant débuté au cinéma enfant, avec sa sœur Kim, ce n'est qu'en 1946 qu'on commença de la remarquer, par exemple dans London Follies (W. Ruggles). Sa carrière anglaise, honorable et liée au renouveau comique du début des années 50, avait imposé son humour et son abattage dans des comédies assez réussies comme Geneviève (H. Cornelius, 1953), Simon et Laura (M. Box, 1955), Abdullah le Grand (G. Ratoff, 1956). Lors de son premier contact avec le cinéma américain (Quentin Durward, R. Thorpe, 1955), on pouvait craindre de voir négliger sa qualité la plus personnelle, l'humour, pour la confiner dans des rôles d'ingénue sans intérêt. Mais, dans l'enchantement des Girls (G. Cukor, 1957), Kay Kendall trouvait un cinéaste à sa mesure et donnait une des plus belles prestations comiques de la décennie : lady très altière, au passé de danseuse de cabaret, et au penchant coupable... pour la dive bouteille. L'année suivante, Minnelli lui donne comme partenaire son mari, Rex Harrison, dans un digne prolongement du film précédent, Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ! (1958), où elle nous ravit à nouveau en lady sophistiquée et superficielle. Mais la belle actrice était condamnée, et tous autour d'elle le savaient. Elle mourut d'une leucémie à la fin du tournage de Chérie, recommençons (S. Donen), laissant le regret de la star de première grandeur qu'elle aurait pu être.

KENDE (Janos)

opérateur hongrois (Marseille, France, 1941).

Son travail d'opérateur sur la Présence (CM de Miklós Jancsó) lui vaut de sortir diplômé de l'École supérieure de cinéma de Budapest en 1965. Il est d'ailleurs, à partir de Silence et Cri (1968), le collaborateur efficace de la plupart des films réalisés par Jancsó : Sirocco d'hiver (1969), Agnus Dei (1971), la Technique et le Rite (id.), Psaume rouge (1972), Roma rivuole Cesare (1973), Pour Électre (1975), Rhapsodie hongroise (1979), le Cœur du tyran (1981), la Saison des monstres (1987), l'Horoscope de Jésus-Christ (1989) la Valse du Danube bleu (1991). C'est qu'il sait satisfaire aux exigences de ce cinéaste par son habileté à accomplir les plus subtils mouvements de caméra et sa maîtrise à éviter le pittoresque décoratif dans le traitement des couleurs. Il a également collaboré avec le même bonheur à plusieurs films de Márta Meszáros (Marie, 1969 ; Neuf Mois, 1976 ; Elles deux, 1978), Zsolt Kézdi-Kovács (Zone tempérée, 1970 ; Romantika, 1972 ; Quand Joseph revient, 1975 ; l'Absent, 1986 ; les Cris, 1988), Imre Gyöngyössy (Légende tzigane, 1971 ; les Fils du feu, 1974 ; l'Attente, 1975), László Szabó (David, Thomas et les autres, 1985), Pal Gabor (la Mariée était merveilleuse, 1987), György Feher (Crépuscule [Szürkület], 1989), Róbert Koltai (Professeur Albeit [Ámbár tanár úr], 1998).

KEN-GEKI (littéral. film-sabre).

Terme désignant au Japon les films, ou pièces de théâtre, comportant des duels au sabre, ou ce genre de films, par opposition au populaire chambara. Harakiri (Kobayashi, 1963) est l'exemple même d'un ken-geki.

KENNEDY (Arthur)

acteur américain (Worcester, Mass., 1914 - Brandford, Conn., 1990).

Membre du Group Theater à vingt ans, il fait son apprentissage cinématographique à la Warner Bros, avec Anatole Litvak (Ville conquise, 1941), Raoul Walsh (la Grande Évasion, 1941 ; la Charge fantastique, id. ; Sabotage à Berlin, 1942) et Howard Hawks (Air Force, 1943). Il crée deux pièces d'Arthur Miller, All My Sons et Mort d'un commis voyageur, sous la direction d'Elia Kazan, et tient le rôle du frère de Kirk Douglas dans le Champion (M. Robson, 1949), pour lequel il remporte la première de quatre nominations à l'Oscar. Acteur de composition, excellant à peindre des personnages faibles et ambigus, c'est dans le domaine du western qu'il trouve, au début des années 50, ses rôles les plus fouillés. Il marque ainsi de sa personnalité quelques classiques du genre, tels l'Ange des maudits (F. Lang, 1952), les Indomptables (N. Ray, id.), les Affameurs (A. Mann, id.), l'Homme de la plaine (id., 1955) et le Bandit (E. G. Ulmer, id.). Depuis Comme un torrent (V. Minnelli, 1959) et Elmer Gantry (R. Brooks, 1960), où il dessinait un mémorable personnage de journaliste agnostique, il a mené une carrière internationale, qui connut son apogée avec Lawrence d'Arabie (D. Lean, 1962) et se poursuivit en Italie, dans des films d'horreur et des policiers de série B.

KENNEDY (Burt)

scénariste et cinéaste américain (Muskegon, Mich., 1922 - Sherman Oaks, Ca. 2001).

Écrivain fécond pour Gordon Douglas et Budd Boetticher (notamment) puis pour la TV, il se spécialise dans le western en passant à la réalisation, excepté un remarquable thriller en noir et blanc, délibérément anachronique, Piège au grisbi (The Money Trap, 1966). Ses films sont souvent empreints d'humour, mais leur inégalité est flagrante ; le western se meurt et c'est un peu au hasard que Kennedy l'exploite, après les bons débuts d'À l'ouest du Montana (Mail Order Bride, 1964) et du Mors aux dents (The Rounders, 1965). Welcome to Hard Times (1967) se veut symbolique, le Retour des Sept (Return of the Seven, 1966) et la Caravane de feu (The War Wagon, 1967) restent conventionnels ; la parodie de Ne tirez pas sur le shérif (Support Your Local Sherif, 1969) tourne court. Il y aura encore une « sauvagerie » estimable dans Hannie Caulder (1971) mais après Un beau salaud (Dirty Dingus Maggee, 1970), dont l'agréable gaillardise sombre dans le tout-venant, les Dynamiteros (The Deserter, IT-YU, 1971) ont signé cruellement la fin d'une ambition : c'est une collection d'effets grossiers soulignés par l'absence de cette direction d'acteurs qui séduisait beaucoup dans les premiers films de Kennedy.