Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DÉSANAMORPHOSER.

Décomprimer une image anamorphosée. Dispositif désanamorphoseur, ou désanamorphoseur, dispositif optique utilisé pour désanamorphoser les images. ( ANAMORPHOSE.)

DE SANTIS (Giuseppe)

cinéaste et scénariste italien (Fondi 1917 - Rome 1997).

Il fait des études de droit et obtient ensuite le diplôme de metteur en scène au Centro sperimentale de Rome. Dès 1940, il écrit dans la revue Cinema, avec d'autres pères du néoréalisme. Dans cette même année, il collabore au scénario de Don Pasquale (C. Mastrocinque), en 1942 à celui du célèbre Ossessione de Visconti, et, en 1943, à Desiderio (R. Rossellini, M. Pagliero). Tout de suite après la guerre, il coordonne la réalisation du film collectif sur la résistance au fascisme Jours de gloire (Giorni di gloria, 1945). En 1946, il dirige son premier film, Chasse tragique (Caccia tragica), un étonnant mélodrame social sur des anciens combattants réduits au banditisme. Son style réaliste très influencé par la grande tradition du cinéma soviétique révolutionnaire s'épanouit dans Riz amer (Rizo amaro, 1949), drame d'amour et de lutte de classes situé dans les rizières de la plaine padouane. Le succès populaire de ce film est dû aussi à la découverte de la belle Silvana Mangano, diva faussement prolétaire. Pâques sanglantes (Non c'è pace tra gli ulivi, 1950) est un drame paysan qui mêle encore la dénonciation de l'exploitation aux sentiments primitifs des protagonistes. Avec Onze heures sonnaient (Roma ore undici, 1952), il s'inspire d'un tragique fait divers pour composer une large fresque sur les milieux ouvriers de Rome. Avec les films suivants, il perd l'estime des critiques mais poursuit l'analyse très personnelle de ses thèmes politiques et éthiques : la Fille sans homme (Un marito per Anna Zaccheo, 1953, mélodrame cru avec Silvana Pampanini) ; Jours d'amour (Giorni d'amore, 1955, comédie de mœurs) ; Hommes et loups (Uomini e lupi, 1957, drame passionnel et passionné). Cesta duga godinu dana (La strada lunga un anno, 1960, 1958, tourné en Yougoslavie), drame choral sur la difficile construction d'une route de montagne, est une claire métaphore sur les espoirs du socialisme. La Garçonnière (1960) est un mélodrame peu réussi sur un milieu corrompu et avec un héros négatif. Il tourne en Union soviétique Marcher ou mourir (Italiani brava gente, 1964), film spectaculaire sur la défaite de l'armée italienne en Russie dans la dernière guerre, plein de bons sentiments et de rhétorique populiste ; les idéaux du réalisateur sonnent faux face à une réalité qui n'a pas évolué selon ses désirs. Il le démontre aussi dans son onzième film, Un apprezzato professionista di sicuro avvenire (1972), satire sociale sur la nouvelle bourgeoisie au pouvoir, qui serait féroce si elle ne versait dans des clichés. La carrière de De Santis est liée aux sauts et aux contradictions de la politique culturelle du parti communiste italien, dont il fut un des membres les plus influents.▲

DE SANTIS (Pasquale, dit Pasqualino)

chef opérateur italien (Fondi 1927 - en Ukraine 1996).

Frère du cinéaste Giuseppe De Santis, il obtient le diplôme d'opérateur au Centro sperimentale de Rome et débute en 1950 comme assistant opérateur dans le film de son frère Pâques sanglantes. Il y travaille avec le grand chef opérateur Piero Portalupi jusqu'en 1957, puis devient l'opérateur de Marco Scarpelli et ensuite de Gianni Di Venanzo. Quand ce dernier ne peut pas terminer le Moment de la vérité (F. Rosi, 1965), il devient chef opérateur lui-même et n'abandonne plus Francesco Rosi, aux films duquel il procure une lumière toujours rationnellement conçue pour chaque sujet et chaque paysage. Il reçoit l'Oscar pour la photo splendide de Roméo et Juliette (F. Zeffirelli, 1968) et, pour celle de Mort à Venise, de Visconti, use d'un style particulier de caméra-zoom qui caractérise tous les derniers films de ce cinéaste. On lui doit aussi les prises de vues de l'Assassinat de Trotski (J. Losey, 1972), Lancelot du Lac (R. Bresson, 1974), Une journée particulière (E. Scola, 1977), l'Argent (Bresson, 1983), Besoin d'amour (J. Schatzberg, id.), Carmen (F. Rosi, 1984), Chronique d'une mort annoncée (id., 1987), Oublier Palerme (id., 1990).

DESARTHE (Gérard)

acteur français (Paris 1945).

Cours d'art dramatique avec Pierre Valde. Depuis 1962, il poursuit une carrière théâtrale brillante sous la direction, entre autres, de Patrice Chéreau, Roger Planchon, André Engel et Giorgio Strehler. Au cinéma, un rôle en vedette dans les Yeux fermés (Joël Santoni, 1973) et des prestations remarquées dans les Camisards (R. Allio, 1972), France, société anonyme (A. Corneau, 1974), Que la fête commence (B. Tavernier, 1975), la Guerre des polices (R. Davis, 1979), Hécate (D. Schmid, 1982), l'Homme blessé (P. Chéreau, 1983), Un amour en Allemagne (A. Wajda, id.) et des rôles mineurs dans deux « polars » de Jean-Claude Missiaen, Ronde de nuit (1983) et la Baston (1985).

DE SETA (Vittorio)

cinéaste italien (Palerme 1923).

Il interrompt ses études d'architecture pour devenir l'assistant de Jean-Paul Le Chanois (le Village magique, 1955). Il dirige ensuite une série de documentaires (CM) à sujet ethnographique tournés en Sicile et en Sardaigne (Pasqua in Sicilia, 1954 ; Lu tempu di li pisci spata, id. ; Isole di fuoco, id. ; Sulfatara, 1955 ; Contadini del mare, id. ; Parabola d'oro, id. ; Pescherecci, 1957). Les deux derniers, Pastori di Orgosolo (1958) et Un giorno in Barbagia (id.) traitent les mêmes thèmes du sous-développement en Sardaigne, qu'il aborde aussi dans son premier long métrage : Bandits à Orgosolo (Banditi a Orgosolo, 1961). Ce film obtient un grand succès critique (mais une distribution commerciale limitée) parce qu'il montre pour la première fois avec efficacité les problèmes des bergers pauvres forcés au banditisme. Cette réussite fait parler d'un « retour au néoréalisme », mais son film suivant est d'un tout autre style : Un homme à moitié (Un uomo a metà, 1966), essai expérimental pour analyser la crise d'un intellectuel, trop influencé par les œuvres d'Antonioni. Avec l'Invitée (L'invitata, 1970, tourné en France), il poursuit la description psychologique d'une femme qui abandonne son mari. À partir de 1975, il s'oriente vers la TV.