Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ACRES (Birt)

inventeur et cinéaste britannique (Richmond, Va., 1854 - Londres 1918).

Il est considéré comme le pionnier du film documentaire. D'abord fabricant d'instruments d'optique et photographiques, il s'associe avec Robert W. Paul, en février 1895. En mars, il filme la Course de bateaux Oxford-Cambridge (Oxford-Cambridge Boat Race) et, trois mois plus tard, le Derby d'Epsom (The Derby). Le 25 mai 1895, Acres et Paul déposent le brevet d'un appareil de prise de vues, le Theatrograph : caméra à manivelle, plus légère que le Kinétoscope d'Edison. Ils fabriquent aussi un projecteur. Ce matériel est présenté à la Société royale de photographie de Londres, le 14 janvier 1896.

ACTINISME.

Capacité d'une lumière à impressionner la pellicule : les pellicules n'étant pas également sensibles à toutes les radiations, certaines lumières sont plus actiniques que d'autres. ( RAPIDITÉ, TEMPÉRATURE DE COULEUR, ÉCLAIRAGE.)

« ACTION ! ».

Équivalent anglais de « partez ! ».

ACTORS STUDIO.

École d'art dramatique fondée à New York en 1947 par Elia Kazan, Robert Lewis et Cheryl Crawford. Son influence considérable allait marquer le théâtre et le cinéma américains de l'après-guerre. Elle prolonge le travail accompli pendant les années 30 par le Group Theatre (dirigé par Lee Strasberg et Harold Clurman), lui-même héritier des leçons de Stanislavski et du Théâtre d'Art de Moscou. À partir de 1951, Lee Strasberg en assure la direction et s'identifie à l'école, en particulier après 1960, lorsque Kazan prend du champ. L'Actors Studio forme les comédiens à partir de la fameuse Méthode, entraînement intensif basé sur la recherche de l'acte pour exprimer l'émotion, sur la solitude publique, sur la mémoire affective et sur l'utilisation des objets pour retrouver des sentiments enfouis. La Méthode permet d'atteindre des moments de réalisme intense et excelle dans la peinture de la confusion des sentiments. L'Actors Studio s'est trouvé lié aux meilleurs dramaturges américains (Tennessee Williams, Arthur Miller, William Inge, Edward Albee). Des metteurs en scène y ont collaboré régulièrement (Arthur Penn, Martin Ritt, Mike Nichols). Elia Kazan, par son prestige, y a attiré toute une génération d'apprentis comédiens, qu'il a à son tour fait travailler dans ses films. Marlon Brando en reste l'élève le plus célèbre aux côtés de James Dean, Montgomery Clift, Paul Newman, Rod Steiger, Elli Wallach, Joanne Woodward, Lee Remick, Ben Gazzara, Steve McQueen, mais l'impact de l'Actors Studio se fait sentir encore de nos jours puisque les jeunes stars du nouveau cinéma américain (Robert De Niro, Dustin Hoffman, Al Pacino, Harvey Keitel) sont passés par ses rangs. Ce laboratoire, toujours actif, a essaimé dans le monde : on enseigne la Méthode aussi bien en Californie qu'en Europe.

ACTUALITÉS (ou presse filmée).

Court métrage d'information et de documentation relatant les faits et événements récents dans les domaines les plus divers : politique, économique, culturel... Comparables dans leur conception et leur finalité à la presse écrite, les actualités cinématographiques étaient éditées à intervalles réguliers et courts (hebdomadaires ou bihebdomadaires), et projetées en salle avant le grand film. S'inscrivant dans le processus de déclin du court métrage, ayant perdu de leur crédit auprès des spectateurs et des exploitants de salle, fortement concurrencées par la télévision, les actualités cinématographiques françaises devinrent magazine avant de disparaître en 1980.

Les actualités sont nées avec le cinéma (la Sortie des usines Lumière, 1894). Les premiers reporters, Promio, Doublier, Mesguisch, parcourent le monde alors que Georges Méliès tourne en studio des actualités reconstituées. Mais c'est en 1908 que paraît le premier hebdomadaire d'actualités filmées, le Pathé-Journal, qui, sous l'emblème du coq chantant, sera distribué dans de nombreux pays. Moins de deux ans après, Gaumont-Actualités, Éclair-Journal et Éclipse-Journal verront le jour. Essentiellement foraines dans les premiers temps, les projections cinématographiques s'installeront progressivement dans des salles spécialisées.

C'est une bande d'actualités Pathé de 1909 présentant une quadruple exécution capitale qui sera à l'origine de la censure cinématographique. Mais, avec l'instauration du système de projection pour avis aux représentants du ministère de tutelle, la presse filmée souffrira plus de l'autocensure que du contrôle gouvernemental.

Après la guerre de 1914, au cours de laquelle sera créé le Service cinématographique de l'armée (avec les opérateurs mobilisés), comme après la Seconde Guerre mondiale, les éditeurs de presse filmée tenteront de résoudre leurs graves difficultés par de nombreuses mais brèves fusions. Leur indépendance retrouvée, et jusqu'en 1969, cinq journaux seront édités : les Actualités françaises (dont 51 p. 100 sont propriété de l'État), Fox-Movietone, Éclair-Journal, Pathé-Journal et Gaumont-Actualités.

Maisons d'édition de presse écrite et filmée se ressemblent fort : les documents recueillis dans le monde entier par les correspondants ou envoyés spéciaux sont montés sous la responsabilité d'un directeur en chef. Les actualités sont suivies de magazines et de sujets compensés ou publicitaires. Enfin, de nombreuses copies sont tirées et louées à un tarif établi selon le nombre d'entrées et l'ancienneté des actualités.

Malgré l'aide financière de l'État et des accords de coopération, le déclin engendré par l'avènement de la télévision sera irréversible. Après avoir racheté leurs concurrents, les deux derniers journaux, Gaumont et Pathé, n'éditeront plus que des magazines avant de disparaître en 1980, laissant aux historiens 80 années d'archives cinématographiques, à la fois source d'études (socio-historiques) et de films de montage d'un intérêt souvent remarquable.

ACUTANCE.

Capacité d'une pellicule à fournir une image localement contrastée des détails, donc une image avec des détails lisibles.

ADAM (Jean-François)

cinéaste français (Paris 1938 - id. 1980).

Assistant (Truffaut, Melville, Varda), acteur et metteur en scène de théâtre, il réalise en 1970 M comme Mathieu. Le Jeu du solitaire (1976) et Retour à la bien-aimée (1979) révèlent sous une trame policière la même quête d'un souvenir fuyant, la même fascination pour la pathologie du sentiment amoureux. Acteur dans son dernier film, il joue également dans Passe ton bac d'abord (M. Pialat, 1979). Il se suicide à 42 ans.