Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BERNARD-AUBERT (Claude)

cinéaste français (Durtal 1930).

Reporter cameraman en Indochine puis correspondant de guerre, il a mis cette expérience au service de plusieurs de ses films, dont Patrouille de choc (1957), début qui lui vaut des ennuis avec la censure, et plus tard Le facteur s'en va-t-en guerre (1966) et Charlie Bravo (1980), qui se présentent comme des messages résolument pacifistes. Il attaque par ailleurs le racisme dans les Tripes au soleil (1959) et Les lâches vivent d'espoir (1961), l'intolérance dans les Moutons de Praxos (1962), et l'Affaire Dominici (1973), tous films aux intentions louables. Depuis 1976, il a également réalisé de nombreux films, cette fois pornographiques, mais sous le pseudonyme anagrammatique de Burd Tranbaree. En 1988, il fait une rentrée timide sur les écrans avec Adieu je t'aime.

BERNARD-DESCHAMPS (Dominique Deschamps, dit)

cinéaste français (Bordeaux 1892 - Paris 1966).

Il arrive au cinéma par la voie scientifique et collabore aux travaux de Henri Chrétien, notamment sur le procédé Hypergonar, ancêtre du CinémaScope. Ses débuts dans la réalisation datent de 1919 (la Nuit du 11 septembre). Deux ans plus tard, avec les mêmes acteurs, Séverin Mars et Gaby Morlay, il tourne l'Agonie des Aigles. Les deux films (le premier ayant été retenu par la censure) sortiront sur les écrans en 1922. Peu abondantes mais variées, ses œuvres parlantes ont un tour original : le Rosier de Mme Husson (1932), où les personnages de Maupassant sont traités en marionnettes ; la Marmaille (1935), qui esquive la sensiblerie d'un roman d'Alfred Machard ; Monsieur Coccinelle (1938), satire acide de la petite bourgeoisie débouchant sur une poésie ironique ; enfin, un film méconnu, Tempête (1940), mélo de grand style où se côtoient Arletty, Dalio et Stroheim. Bernard-Deschamps reste un cinéaste non négligeable, quoique de second plan.

BERNHARDT (Kurt [aux États-Unis : Curtis])

cinéaste allemand (Worms 1899 - Pacific Palisades, Ca., 1981).

Après avoir débuté dans son pays (Das letzte Fort, 1928 ; l'Énigme / la Femme que l'on désire [Die Frau nach der Mann sich sehnt, 1929], avec Marlene Dietrich ; la Dernière Compagnie [Die letzte Kompanie, 1930], le Rebelle [Der Rebel, CO : L. Trenker, 1932] ; le Tunnel [Der Tunnel, vers. franç. et allem., 1933]), il tourne en Angleterre le Vagabond bien-aimé (The Beloved Vagabond, 1936) et en France l'Or dans la rue (1934), Carrefour (1938), Nuit de décembre (1939). À Hollywood, il réalise des drames extravagants comme la Voleuse (A Stolen Life, 1946) et Mélodie interrompue (Interrupted Melody, 1955) ou des films noirs comme La mort n'était pas au rendez-vous (Conflict, 1945) et le Mur des ténèbres (High Wall, 1948). La Possédée (Possessed, 1947) et la Belle du Pacifique (Miss Sadie Thompson, 1953) confirment son goût pour les singularités de la passion. Il dirige Ronald Reagan dans Million Dollar Baby (1941), Dick Powell dans Happy Go Lucky (1943), Lana Turner dans la Veuve joyeuse (The Merry Widow, 1952) et Stewart Granger dans Beau Brummel (1954). Mais son talent égale trop rarement ses ambitions.

BERNHARDT (Henriette-Rosine Bernard, dite Sarah)

actrice française (Paris 1844 - id. 1923).

« Reine de l'attitude et princesse du geste », la « Voix d'or », comme on l'appelle encore, a marqué une longue époque par ses interprétations, ses tournées tumultueuses, son faste de directrice, sa magnificence et ses extravagances. Par sa volonté, aussi, et par l'amour de son art, qui lui firent surmonter les disgrâces de l'âge et de la maladie. Le cinéma (elle était apparue dès 1900 dans le Duel d'Hamlet de Clément Maurice et avait joué en 1908 dans la Tosca, film qui ne fut jamais projeté, et en 1912 dans la Dame aux camélias, de H. Pouctal) lui est redevable d'avoir incité Zukor à produire le film la Reine Élisabeth (Queen Elizabeth, L. Mercanton, 1912), tourné à Londres. Le producteur américain avait compris qu'en se réclamant d'un nom mondialement connu il pouvait lancer le film de long métrage et conquérir le marché américain. Spéculation heureuse. En 1913, Sarah Bernhardt tourne Adrienne Lecouvreur (L. Mercanton et H. Desfontaines), en 1915 Jeanne Doré (id.), en 1917 Mères françaises (id.), et c'est pendant la réalisation de la Voyante (Léon Abrams, 1923) qu'elle meurt sans avoir pu terminer son rôle.

BERNSTEIN (Elmer)

musicien américain (New York, N. Y., 1922).

Il reste l'un des compositeurs les plus remarquables de Hollywood. Il a fait ses études à la Juilliard School, puis à l'université de New York. Encouragé par Aaron Copland, il donne des récitals, travaille pour Glenn Miller pendant son service militaire puis pour Norman Corwin à la radio (NBC). À Hollywood, où il est actif dès 1951, il introduit des orchestrations plus légères et plus modernes. Deux partitions l'imposent, pour les Dix Commandements de Cecil B. De Mille (1956) et surtout pour l'Homme au bras d'or d'Otto Preminger (1955), film qui utilise le jazz de façon dramatique probablement pour la première fois à l'écran. Outre de grands succès populaires comme ses mélodies pour les Sept Mercenaires (J. Sturges, 1960) et Cent Dollars pour un shérif (H. Hathaway, 1969), il faut noter son travail exemplaire pour Robert Mulligan (Du silence et des ombres, 1962 ; Une certaine rencontre, 1963 ; le Sillage de la violence, 1965) et John Frankenheimer (le Prisonnier d'Alcatraz, 1962 ; Les parachutistes arrivent, 1969). Toujours très actif, il a beaucoup œuvré depuis 1970 pour faire connaître le patrimoine musical hollywoodien. Après une relative retraite consacrée à l'enseignement et à la recherche, il revient, inchangé, avec des réussites remarquables, toujours proches du jazz, jouant tantôt sur les rythmes syncopés (les Arnaqueurs, S. Frears, 1990), tantôt sur des mélodies plus « bluesy » (Mad Dog and Glory, J. Mc Naughton, 1993).

BERNSTEIN (Leonard)

musicien américain (Lawrence, Mass., 1918 - New York, N. Y., 1990).

Plus connu comme chef d'orchestre (il fut à la tête du New York Philharmonic de 1957 à 1970) et comme compositeur de symphonies, de ballets et d'une messe, Leonard Bernstein a néanmoins écrit deux comédies musicales pour Broadway, On the Town (1944) et West Side Story (1957), qui furent adaptées à Hollywood respectivement en 1949 et 1961 et devinrent des classiques du genre. Sa seule partition pour l'écran fut pour Sur les quais (1954).