Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RYAN (Robert) (suite)

Le plus étonnant dans cette féconde carrière (71 films en 30 ans) est la rare exigence que Ryan manifeste dans le choix de ses metteurs en scène. Peu d'acteurs de sa génération peuvent en effet se flatter d'un palmarès où voisinent les noms de Cecil B. De Mille, Jean Renoir, Jacques Tourneur, Joseph Losey, Max Ophuls, Nicholas Ray, Fritz Lang, Budd Boetticher, Anthony Mann, Allan Dwan, Samuel Fuller, Raoul Walsh, Richard Brooks, et l'on en passe. Même en fin de course, rongé par la maladie, le visage creusé, il réussit à être bouleversant, en paysan salace dans Une fille nommée Lolly Madonna (R. Sarafian, 1973) et en vieil anarchiste irlandais dans The Iceman Cometh (J. Frankenheimer, id.). Sous le masque un peu conventionnel du baroudeur perçait une profonde humanité.

Autres films :

le Garçon aux cheveux verts (J. Losey, 1948) ; Caught (Max Ophuls, 1949) ; Born to Be Bad (N. Ray, 1950) ; Un homme est passé (J. Sturges, 1954) ; Maison de bambou (S. Fuller, 1955) ; les Implacables (R. Walsh, id.) ; Cote 465 (A. Mann, 1957) ; Douze Salopards (R. Aldrich, 1967) ; Custer, homme de l'Ouest (R. Siodmak, 1968) ; la Horde sauvage (S. Peckinpah, 1969) ; la Course du lièvre à travers les champs (R. Clément, 1972).

RYDELL (Mark)

cinéaste et acteur américain (New York, N. Y., 1929).

Après des études de musique, il débute à Broadway en 1952 et joue en 1956 dans Face au crime de Don Siegel. Pour la télévision, il interprète durant six ans la série As the World Turns et dirige de nombreux feuilletons et téléfilms avant de réaliser pour le cinéma le Renard (The Fox, 1967, d'après D. H. Lawrence) que suivent Reivers (The Reivers, 1969, d'après Faulkner) et les Cow-boys (The Cowboys, 1972). En 1973, il interprète un chef de bande dans le Privé, de Robert Altman, et réalise Permission d'aimer (Cinderella Liberty). Après Harry and Walter Go to New York (1976), il rencontre un vif succès avec deux œuvres : The Rose (id., 1979), portrait d'une chanteuse interprétée par Bette Midler dont l'abattage fait merveille, et la Maison du lac (On Golden Pond, 1981), qui, réunissant Katharine Hepburn, Henry Fonda et sa fille Jane, bouleverse les États-Unis et permet au grand acteur dont ce sera le dernier rôle de remporter son premier Oscar et à Katharine Hepburn son quatrième. Rydell tourne ensuite la Rivière (The River, 1985), For the Boys (id., 1991) et Intersection (1994). ▲

RYDER (Winona Laura Horowitz, dite Winona)

actrice américaine (Winona, Minn., 1971).

Née dans le milieu intellectuel (Aldous Huxley fréquentait la maison de ses parents), et hippie, c'est une actrice originale et douée. Ravissante, petite et très brune, dotée d'humour et de sensibilité, elle fait merveille en punkette pâle et toute vêtue de noir dans Beetlejuice de T. Burton (1988). Le même cinéaste la voudra blonde et gracile dans Édouard aux mains d'argent (1990), où elle se révèle souple et d'un registre assez large. Elle sera jolie et décorative en proie du vampire dans Dracula (F. F. Coppola, 1992), mais elle donne une intensité étonnante au rôle ingrat de l'épouse bafouée du Temps de l'innocence (M. Scorsese, 1993), où elle affronte sur un pied d'égalité les plus chevronnés Daniel Day-Lewis et Michelle Pfeiffer. En 1994, elle incarne l'une des sœurs dans les Quatre Filles du docteur March (Little Women, Gillian Armstrong). Elle tourne également dans Looking for Richard (id., A. Pacino, 1996), la Chasse aux sorcières (The Crucible, Nicholas Hytner, id.), Alien, la résurrection (Alien : Resurrection, Jean-Pierre Jeunet, 1997) et Celebrity (W. Allen, 1998).

RYE (Stellan)

cinéaste danois (Ränders 1880 - Flandres 1914).

Auteur dramatique puis metteur en scène de théâtre à Copenhague, il débute dans la réalisation de films en 1912 avec le Sang bleu (Det blå blod) et écrit plusieurs scénarios. Ayant rejoint en 1913 les nombreux Danois qui ont été attirés par les studios berlinois en plein essor, il est scénariste et metteur en scène, dirigeant quinze films et peut-être plus en moins de deux années (1913-14). Il réalise l'Étudiant de Prague (Der Student von Prag, 1913), un des premiers grands titres du cinéma allemand, et le premier d'une longue série de films à contenu fantastique. Tourné à Prague dans des décors naturels, il est écrit par Hanns Heinz Ewers d'après le Peter Schlemihl de Chamisso, photographié par Guido Seeber et interprété par Paul Wegener, dont c'est la première apparition marquante à l'écran. Stellan Rye retrouve les mêmes partenaires pour Evinrude (Evinrude, die Geschichte eines Abenteurers, id.). Deux autres de ses films auront une certaine influence : la Fille du roi des aulnes (Erlkönigs Tochter, 1914) et la Maison sans porte (Das Haus ohne Tür, id., son dernier film). Engagé dans l'armée allemande, il meurt sur le front occidental au début de la guerre.

RYU (Chishu)

acteur japonais (Kyushu 1904 - Yokohama 1993).

Fils d'un prêtre bouddhiste, il devait devenir bonze lui-même, mais il décide d'entrer aux studios Shochiku de Kamata en 1925, comme simple figurant, puis acteur de composition. Il y rencontre le jeune cinéaste Yasujiro Ozu, qui lui donne de petits rôles dans ses films muets, dès ‘ J'ai été recalé, mais... ’ (1930), ou dans ses premiers parlants : ‘ Un fils unique ’ (1936). C'est seulement pendant et après la guerre que Ryu va réellement devenir l'acteur fétiche d'Ozu, en interprétant l'immuable figure du père dans les familles filmées par le maître. Citons, en particulier, Printemps tardif (1949), Début d'été (1951), Voyage à Tokyo (1953, le film d'Ozu le plus célèbre à l'étranger, où Ryu compose une silhouette inoubliable aux côtés de Chieko Higashiyama), Crépuscule à Tokyo (1957), Fin d'automne (1960) et le Goût du saké (1962), dernière réalisation d'Ozu, où Ryu incarne encore une fois le père esseulé après le mariage de sa fille. L'acteur reconnaît d'ailleurs que son talent personnel n'intervient pratiquement pas dans les mises en scène du cinéaste, qui lui imposait son système, comme à n'importe quel autre élément du film.

En dehors des œuvres d'Ozu, qui l'ont fait connaître à l'étranger, Chishu Ryu a interprété un très grand nombre de rôles, essentiellement à la Shochiku, notamment dirigés par Keisuke Kinoshita, dans les années 50 : le Retour de Carmen (1951, parodie de professeur-poète, qui démontre ses dons réels de comédien), les Vingt-Quatre Prunelles (1954) ou Comme une fleur des champs (1955). Mais il a tenu aussi des emplois secondaires dans plusieurs drames : la Condition de l'homme (3e partie, M. Kobayashi, 1961), Barberousse (A. Kurosawa, 1965) et dans des films de la série ‘ C'est dur d'être un homme ’, de Yoji Yamada, à partir de 1969. Il a composé un personnage de vieux sage écologique dans le dernier épisode de Rêves (Kurosawa, 1990).