Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HARRIS (André) et SÉDOUY (Alain Le Chartier de, dit Alain de) (suite)

Films  :

Français, si vous saviez (1972 ; 3 épisodes : En passant par la Lorraine, Général, nous voilà et Je vous ai compris) ; le Pont de singe (1976) ; les Enracinés (1981).

HARRIS (Sandra Markowitz, dite Barbara)

actrice américaine (Evanston, Ill., 1937).

Grande vedette de la scène, elle n'a pas réussi à atteindre la même popularité au cinéma. En optant pour des films de grande qualité et de bons rôles, sans concession au commerce, elle n'a pas choisi la voie facile. Nous retiendrons spécialement la chanteuse arriviste de Nashville (R. Altman, 1975) qui prend en main une salle immense après l'assassinat de la vedette. Mais, c'est la drôlerie de Barbara Harris qui est la composante essentielle du personnage de fausse voyante dans Complot de famille (A. Hitchcock, 1976). Son rôle le plus complet semble avoir été celui de la femme du politicien dans The Seduction of Joe Tynan (J. Schatzberg, 1979). On la retrouve avec plaisir dans Peggy Sue s'est mariée (F.F. Coppola, 1986).

HARRIS (James B.)

producteur et cinéaste américain (New York, N. Y., 1928).

Associé à Stanley Kubrick dont il partage la sensibilité gothique et le goût des puzzles, il produit Ultime Razzia, les Sentiers de la gloire et Lolita. Après avoir préparé Docteur Folamour, il aborde à son tour la politique-fiction et les fantasmes de la guerre nucléaire avec Aux postes de combat (The Bedford Incident, 1965). Conte de fées pervers, élaboré en toute indépendance, Sleeping Beauty (Some Call It Loving, 1973) nous livre un portrait de l'artiste en voyeur nécrophile. Le réel et le virtuel s'y confondent dans une mise en scène raffinée du désir puritain. Depuis, le cinéaste a réalisé Fast-Walking (1981) sur l'univers carcéral, un film policier de belle facture Cop (id., 1988), et Extrême Limite (Boiling point, 1993).

HARRIS (Julia Ann, dite Julie)

actrice américaine (Grosse Pointe, Mich., 1925).

Essentiellement vouée au théâtre (depuis 1945), elle a apporté à l'écran une sensibilité et une intelligence également subtiles, mais elle a fort peu tourné. Rappelons : À l'est d'Éden (E. Kazan, 1955), qui, face à James Dean, la révèle ; Une fille comme ça (H. Cornelius, id.) ; Requiem pour un champion (R. Nelson, 1962) ; la Maison du diable (R. Wise, 1963) ; Détective privé (J. Smight, 1966) ; Big Boy (F. F. Coppola, 1967) ; Reflets dans un œil d'or (J. Huston, id.) ; le Voyage des damnés (S. Rosenberg, 1976) ; Brontë (Delbert Mann, 1984) ; Gorilles dans la brume (M. Apted, 1988).

HARRIS (Richard)

acteur et cinéaste britannique (Limerick, Irlande, 1932).

Il obtient le prix d'interprétation au festival de Cannes 1963 grâce à son rôle de rugbyman dans le Prix d'un homme de Lindsay Anderson. Aussitôt, Antonioni l'utilise à contre-emploi dans le Désert rouge (1964). Huston en fait le Caïn de sa Bible (1966), et, après avoir incarné le roi Arthur dans Camelot (J. Logan, 1967), il assume le rôle-titre du Cromwell de Ken Hughes, face à Alec Guinness (1970). Son interprétation du captif dans Un homme nommé Cheval (E. Silverstein, 1970) est un sommet de performance d'acteur. Dans les années 90, Richard Harris, silhouette amaigrie, visage creusé, marque quelques compositions de son talent : patriarche durci (The Field, J. Sheridan, 1990), dandy « gunman » (Impitoyable, C. Eastwood, 1992), empereur agonisant (Gladiator, R. Scott, 2000). En 1969, Richard Harris s'essaye à la réalisation avec Bloomfield (1971), filmé en Israël.

Autres films :

l'Épopée dans l'ombre (M. Anderson, 1959) ; Cargaison dangereuse (id., id.) ; les Combattants de la nuit (T. Garnett, 1960) ; les Canons de Navarone (J. L. Thompson, 1961) ; les Révoltés du Bounty (L. Milestone, 1962) ; All Night long (B. Dearden, id.) ; Major Dundee (S. Peckinpah, 1965) ; les Héros de Télémark (A. Mann, id.) ; Hawaii (G. R. Hill, 1966) ; Opération Caprice (F. Tashlin, 1967) ; Traître sur commande (M. Ritt, 1970) ; Terreur sur le Britannic (R. Lester, 1974) ; la Rose et la Flèche (id., 1976) ; la Revanche d'un homme nommé Cheval (I. Kershner, id.) ; le Pont de Cassandra (G. Pan Cosmatos, 1977) ; Orca (M. Anderson, id.) ; les Oies sauvages (A. McLaglen, 1978) ; Tarzan, l'homme singe (J. Derek, 1981) ; Triumphs of a Man Called Horse (John Hough, 1984) ; Martin's Day (Alan Gibson, 1985) ; King of the Wind (Peter J. Duffel, 1990) ; Smilla (B. August, 1997) ; le Barbier de Sibérie (N. Mikhalkov, 1998) ; Gladiator (R. Scott, 1999).

HARRISON (Reginald Carey Harrison, dit Rex)

acteur britannique (Huyton 1908 - New York, Us, 1990).

Ce comédien très britannique, rejeton d'une famille d'ecclésiastiques anglicans, a semblé trouver plus d'audience auprès du public et des cinéastes à mesure qu'il vieillissait et que son visage s'adoucissait de rides et de poches charmeuses. Il y a peu à retenir du jeune et maigre Rex Harrison (la Citadelle, K. Vidor, 1938 ; St. Martin's Lane, Tim Whelan, 1939). Même dans un bon film comme Major Barbara (Gabriel Pascal, 1941), il ne joue que les faire-valoir de Wendy Hiller. En revanche, dès que son âge lui permet de composer ses personnages (L'esprit s'amuse, D. Lean, 1945 ; l'Honorable Monsieur Sans-Gêne, S. Gilliat, id.) et même de se vieillir, ses dons immenses s'affirment. Il semble exactement limité : la tragédie ou le cabotinage flamboyant ne lui conviennent pas toujours, comme en témoigne sa création de coiffeur homosexuel vieillissant dans l'Escalier (S. Donen, 1969). Mais il est en général assez intelligent pour ne pas s'aventurer dans des domaines hostiles. Dans la mesure où il peut jouer de son humour et de son charme bougon, il peut être excellent et mieux encore.

Dès son arrivée à Hollywood, en 1946, cela était évident dans son interprétation à la fois savoureuse et pleine de retenue d'Anna et le roi de Siam (J. Cromwell), que l'on peut préférer à celle, plus chamarrée, de Yul Brynner. Cette manière de faire passer l'émotion à travers l'humour et l'ironie allait vite devenir sa caractéristique. Si Preston Sturges, plus physique, ne put guère que mettre en marche la mécanique de Rex Harrison ( Infidèlement vôtre, 1948, pourtant remarquable), Joseph L. Mankiewicz, plus cérébral, tira de lui des créations magistrales : le fantôme capricieux du loup de mer coléreux et sentimental (l'Aventure de Madame Muir, 1947), le César malicieux et, au fond de lui, douloureux (Cléopâtre, 1963), le meneur de jeu cynique, nouveau Volpone (Guêpier pour trois abeilles, 1967). Aux mains d'un cinéaste élégant et délicat, aux prises avec un scénario brillant, Rex Harrison est d'une décontraction infaillible. Le lord dépassé par l'énergie de sa femme (Qu'est-ce que maman comprend à l'amour  ?, V. Minnelli, 1958), le pape Jules II, sournois et hypocrite (l'Extase et l'Agonie, C. Reed, 1965), sont pleins de sève et de finesse. Quant au professeur Higgins de My Fair Lady (G. Cukor, 1964), qu'il avait longtemps rodé au théâtre, il l'a joué, littéralement, les mains dans les poches ; cette aisance souveraine servait de plus la psychologie profonde du personnage. Il a remporté l'Oscar pour ce dernier film. Il a été l'époux de Marjorie Thomas, Lilli Palmer, Kay Kendall, Rachel Roberts, Elisabeth Harris et Mercia Tinker.