Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SHINDO (Eitaro)

acteur japonais (Fukuoka 1899 - Tokyo 1977).

D'abord acteur de théâtre, il fait déjà partie d'une compagnie cinématographique, la Toa Kinema, au début des années 20, puis retourne au théâtre en 1925, devenant une des vedettes de la troupe du Kansai Shimpa. Il signe toutefois un contrat avec la Shochiku, à Osaka en 1926, mais sa carrière cinématographique prend vraiment tournure dans les années 30, où il joue deux rôles importants pour Mizoguchi, dans ' Élégie d' ¯Osaka‘ et les Sœurs de Gion (1936). Il devient alors, en traversant diverses compagnies (Shochiku, Toho, Daiei, Toei), un des meilleurs acteurs de composition du cinéma japonais, le plus souvent dans des rôles de vilain, dont il se fera une spécialité après la guerre. Ayant signé un contrat avec la Toho en 1938, il interprète des films de Tamizo Ishida (‘ le Journal de la cueillette des fleurs ’ [Hanatsumi nikki, 1939]), Kajiro Yamamoto (‘ la Guerre navale de Hawaii à la Malaisie ’, 1942) et Teinosuke Kinugasa (‘ Seigneur d'un soir ’, 1946 ; ‘ l'Actrice ’, 1947). Mais c'est à partir de 1951 qu'il retrouve Mizoguchi, dont il épousera étroitement la carrière jusqu'à la fin, de Mademoiselle Oyu (1951) à la Rue de la honte (1956), où il est le tenancier de la « maison ». Ses meilleures compositions demeurent celles de la Vie de O-Haru, femme galante (1952), les Amants crucifiés (1954), l'Impératrice Yang Kwei Fei (1955) et surtout le rôle-titre de l'Intendant Sansho (1954), où il fait merveille dans un personnage plutôt antipathique. Après la mort de Mizoguchi, en 1956, il joue dans de nombreux films commerciaux de la Toei jusque vers 1967, puis à la télévision.

SHINDO (Kaneto)

cinéaste japonais (Hiroshima 1912).

Fils d'un paysan, il entre dans le monde du cinéma en 1934 en devenant assistant décorateur à la Shochiku, où il travaille notamment avec Hiroshi Mizutani, chef décorateur de Mizoguchi (les 47 Ronin, 1941 et 1942). Il devient scénariste à la fin des années 40, collaborant avec divers réalisateurs, dont encore Mizoguchi (Flamme de mon amour, 1949). C'est à cette époque qu'il fait la connaissance du cinéaste Kozaburo Yoshimura, avec qui il fondera une société indépendante en 1950, la Kindai Kyokai Eiga (Société du cinéma moderne), à laquelle participe aussi Nobuko Otowa, l'épouse du cinéaste, qui jouera dans presque tous leurs films. Tout en poursuivant sa carrière de scénariste, Shindo passe derrière la caméra en 1951 avec Histoire d'une épouse bien-aimée (Aisai monogatari) et se fait remarquer dès son troisième film, les Enfants d'Hiroshima (Gembaku no ko, 1952), évocation pudique et lyrique des retombées du drame atomique, présenté à l'étranger. Il aborde, à cette époque « progressiste », divers sujets sociaux dans la Miniature (Shukuzu, 1953), la Vie d'une femme (Onna no issho, 1953), l'Égout (Dobu, 1954), les Loups (Ookami, 1955), et s'intéresse de nouveau au problème des radiations atomiques dans Heureux Dragon no 5 (Daigo Fukuryu-maru, 1959). Mais c'est évidemment l'Île nue (Hadaka no shima, 1960) qui, en remportant le grand prix du festival de Moscou 1961, lui apporte une consécration internationale inattendue : ce film sans dialogue, mais dont la mélodie de Hikaru Hayashi fait le tour du monde, atteste alors le renouveau de la production indépendante du Japon. Par la suite, la carrière de Shindo est jalonnée de déceptions, et, dans le contexte difficile de la production japonaise, le cinéaste s'oriente vers des films de plus en plus provocants et commerciaux, retrouvant d'ailleurs une nouvelle fois le succès avec Onibaba / les Tueuses, (1965) ou Kuroneko (Yabu no naka no kuroneko, 1968), deux films « fantastiques » assez efficaces. Par la suite, les œuvres du cinéaste témoignent parfois d'une nouvelle recherche de qualité, comme dans le Baladin aveugle (Chikuzan hitori tabi, 1978), ou son hommage à Mizoguchi dans un montage de témoignages de ses anciens collaborateurs : Mizoguchi ou la Vie d'un cinéaste (Aru eiga kantoku no shogai : Mizoguchi Kenji no kiroku, 1975). Dans les années 80, il enchaîne une série de films, fictions ou documentaires, liés – de près ou de loin – à ses souvenirs d'enfance paysanne près de Hiroshima : l'Horizon (Chiheisen, 1984), l'Arbre sans feuilles (Rakuyoju, 1986), la Troupe de Sakuratai (Sakuratai chiru, 1988). En 1992, il adapte un roman de Kafu Nagai, Histoire singulière à l'est du fleuve (Bokuto Kitan), qui raconte l'aventure de l'écrivain avec une prostituée. Après le Testament du soir (Gogo no Yuigonjo, 1995), qui traite de la vieillesse sur un mode humoristique, Shindo réalise Je veux vivre (Ikitai, 1998). En 2000, Kaneto Shindo, alors âgé de plus de 87 ans, réalise l'Acteur de second plan (Sanmon Yakusha), inspiré de la vie de Taiji Tonoyama, qu'il a lui-même dirigé.

SHINODA (Masahiro)

cinéaste japonais (Gifu 1931).

Après des études de littérature et d'esthétique à l'université de Waseda, il entre en 1953 à la Shochiku comme assistant réalisateur de Noboru Nakamura et de Yasujiro Ozu. Il fait ses débuts derrière la caméra en 1960 avec Un aller simple pour l'amour (Koi no katamichi kippu), à la même époque que ses collègues Oshima et Yoshida, contribuant ainsi au lancement de la « nouvelle vague » Shochiku. Shuji Teramaya écrit les scénarios de quatre de ses premières œuvres, ainsi que, plus tard, de son Buraikan (1970). Shinoda se fait remarquer par des films aux recherches esthétiques poussées et à l'écriture neuve comme la Fleur séchée / la Fleur pâle (Kawaita hana, 1964) ou l'Assassinat (Ansatsu, id.), où l'on retrouve souvent l'actrice Shima Iwashita, devenue son épouse. En 1966, avec l'Île du châtiment (Shôkei no shima, sur un scénario de Shintaro Ishihara), il fonde sa propre compagnie de production, la Hyôgen-Sha (Société de l'expression), qui lui permettra de produire en 1969 un de ses films les plus ambitieux, Double Suicide à Amijima (Shinju tenno Amijima), adaptation stylisée d'une pièce bunraku de Chikamatsu. Par la suite, il déçoit souvent, donnant une place excessive à ses obsessions et procédés esthétiques, sur des sujets d'inégale valeur. Parmi ses meilleurs films, citons : Himiko (1974), qui s'interroge de manière symbolique sur les origines du Japon, et Orin la proscrite/ les Chemins de la liberté (Hanare goze Orin, 1977), chronique d'un anarchiste déserteur et d'une musicienne aveugle vers 1918. Il est plus heureux dans les adaptations classiques : Gonza le lancier (Yari no Gonza, 1986, d'après Chikamatsu) que modernes : la Princesse-danseuse (Maihime, d'après Ogai Mori), où il s'enlise dans l'académisme formel. En 1990 il signe Jours d'enfance (Takeshi), une adaptation très libre d'un roman de Hyozo Kashiwabara et en 1995 une biographie du peintre d'estampes Sharaku. Sérénade au clair de lune à Setouchi (Setouchi Munraito Serenade, 1997) raconte le difficile voyage d'une famille vers le pays d'origine du père. Shinoda réalise en 1999 Fukuro no shiro.