Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SCHLÖNDORFF (Volker) (suite)

Adversaire déclaré du fanatisme, le cinéaste évoque le monde du racisme et l'antagonisme Blancs-Noirs dans Colère en Louisiane (A Gathering of Old Men, 1987). Il est moins à son aise, en imaginant un monde futur où la femme serait réduite en esclavage moral et sexuel dans la Servante écarlate (The Handmaid's Tale / Die Geschichte der Dienerin, 1990). En 1991 dans The Voyager, il adapte le roman de l'écrivain suisse Max Frisch Homo Faber avec comme interprètes principaux Sam Shepard et Barbara Sukowa. En 1992, il prend la direction artistique des anciens studios de la DEFA de Babelsberg, qui venaient d'être privatisés et revient à la mise en scène en 1996 avec le Roi des Aulnes (Der Unhold), d'après le roman de Michel Tournier. En 1999 il tourne pour Babelsberg les Trois vies de Rita Vogt (Die Stille nach dem Schuss), sur le thème des terroristes de l'extrême gauche discrètement réfugiés en RDA.

Autres films  :

Die Moral der Ruth Halbfass (1972) ; Übernachtung in Tirol (TV, 1973) ; Georginas Gründe (TV, 1974) ; Nur zum Spass — nur zum Spiel, Kaleidoskop Valeska Gert (DOC, 1977) ; Billy Wilder, wie haben Sie's gemacht (DOC-TV, 1992) ; The Michael Nyman songbook (TV, 1992) ; Palmetto (1998).

SCHMID (Daniel)

cinéaste suisse de langue allemande (Flims 1941).

Il passe son enfance dans les Grisons. Établi à Berlin-Ouest à l'âge de dix-neuf ans, il étudie l'histoire et la littérature. Il s'inscrit à l'Académie allemande de cinéma. Il réalise, en 1968, pour la télévision, un court métrage, Kiss Me Again, sur la vie dans une maison de retraite pour vieilles actrices : thème récurrent que l'on retrouve dans le Baiser de Tosca (Il bacio di Tosca, 1984). Vers cette époque, il se lie avec Ingrid Caven et Rainer Werner Fassbinder ; il joue d'ailleurs dans le Marchand des quatre-saisons (1971), mis en scène par ce dernier. Il retourne dans son pays au début des années 70.

De par sa formation et sa culture, Daniel Schmid n'est pas représentatif du cinéma suisse. Il se rattache à la tradition baroque et théâtrale du jeune cinéma allemand (Fassbinder, Werner Schroeter, Hans Jurgen Syberberg). Avec le moyen métrage Faites tout dans le noir, pour épargner la lumière de votre Seigneur (Tut alles im Finstern, Eurem Herrn das Licht zu ersparen, 1970), Daniel Schmid fait ses classes et illustre, à sa manière, la question du pouvoir. Son premier long métrage, Cette nuit ou jamais (Heute Nacht oder nie, 1972), attire l'attention de la critique internationale sur lui. Le film se déploie comme un long et lent rituel au cours duquel, selon une vieille tradition de Bohême, maîtres et serviteurs échangent, pour un soir, leurs rôles. Cette œuvre se présente comme le manifeste éthique et poétique de Daniel Schmid : une réflexion sur l'artificialité, la représentation et la théâtralité, doublée d'une mise au point sur la place de l'artiste dans la société. Les conflits de hiérarchie, contrairement à leurs incidences socialeschez Fassbinder, ne quittent jamais, ici, la sphère de la subjectivité. Le cinéaste poursuit, dans la Paloma (1974), ce jeu avec l'artifice et les clichés issus de fonds culturels occidentaux. Mélodrame morbide tournant autour de la liaison perturbée d'une chanteuse et d'un aristocrate, la Paloma, comme Cette nuit ou jamais, exerce une forte fascination sur le spectateur.

Il est toutefois difficile de faire un sort à chacun de ses films. L'Ombre des anges (Schatten der Engel, 1976), adapté d'un écrit de Fassbinder, porte le sceau de sa genèse hybride. Il s'agit d'une fable sociale sur l'argent, le pouvoir et le sexe, où Schmid est peu à l'aise. Inspiré du roman Die Richterin, de l'écrivain suisse-allemand Conrad-Ferdinand Meyer, analysé en son temps par Freud, Violanta (1978) mélange les thèmes de l'inceste, de la fatalité à des préoccupations purement décoratives. Plus Schmid s'aventure sur le territoire du récit classique, moins il semble en dominer les codes. Son cas n'est pas isolé mais évoque celui de certains cinéastes allemands des années 70 (tel Schroeter) dont le langage est trop lié à la sensibilité d'une époque.

Hécate (1982), adapté de la nouvelle de Paul Morand Hécate et ses chiens, joue à nouveau avec la malléabilité de divers clichés, mais sans prendre aucune distance vis-à-vis de son propos, sans le moindre sens critique : la vision d'une Afrique purement exotique et coloniale, qui ne capte rien des étranges suggestions du récit. Après un faux documentaire, Notre Dame de la Croisette (1981), Daniel Schmid réalise Mirage de la vie (un portrait de Douglas Sirk, 1983), le Baiser de Tosca (sur la maison de retraite, la Casa Verdi, qui abrite aujourd'hui les vieilles gloires de l'art lyrique, 1984), Jenatsch (1987), enquête sur la mort d'un héros de la Libération des Grisons, les Amateurs (1991), un montage poétique de scènes tournées en Suisse du temps du muet (qui fait partie du travail collectif, dirigé par Freddy Buache, le Film du cinéma suisse), Hors saison (Zwischensaison, 1993), film très autobiographique où Schmid évoque son enfance dans le cadre d'un hôtel touristique de montagne à la fois familial et cosmopolite. En 1995, il signe un documentaire-fiction sur le théâtre kabuki : Visage écrit (Das geschriebene Gesicht), et, en 1999, Beresina, évocation d'un coup d'État en Suisse traité à la manière d'une farce.

SCHMIDT-GENTNER (Willy)

musicien et cinéaste autrichien (Thuzingen 1894 - id. 1964).

C'est l'arrangeur numéro un de la comédie viennoise des années 30. Dès la fin du muet, il sonorise le Diable blanc, de Volkoff, mêlant des chœurs des cosaques du Don à une agréable musique d'ambiance. Puis il brode sur des airs de Schubert et de Strauss, pour la Symphonie inachevée, Opérette et Sang viennois ; compose des thèmes originaux pour Mascarade (W. Forst, 1934), Épisode (W. Reisch, 1935) et de nombreux films de Gustav Ucicky, de Aufruhr in Damaskus (1939) à Cordula (1950) ; après quoi il signe encore la musique d'Un homme perdu ( Der Verlo rene, P. Lorre, 1951) et, aux États-Unis, de Ceux du voyage (Carnival Story, Kurt Neumann, 1954). Il a touché enfin, fugitivement, à la réalisation, avec la Pompadour (Die Pompadour, 1935) et le Chemin du cœur (Wiener Prater/Der Weg des Herzens, 1937, avec Magda Schneider).