Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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FRANCISCI (Pietro)

cinéaste italien (Rome 1906).

Après des études de droit, Pietro Francisci, formé par le cinéma amateur et le documentaire, tourne son premier long métrage en 1934 avec La mia vita sei tu. Pendant dix ans, il se consacre uniquement au documentaire avant de revenir à la fiction en 1945, avec Io t'ho incontrata a Napoli. En 1947, il signe avec Noël au camp 119 une œuvre sensible sur les prisonniers de guerre italiens, dans laquelle il réunit Vittorio De Sica, Aldo Fabrizi, Peppino De Filippo et Massimo Girotti. Après Antonio di Padova (1949), film qui mélange la contemporanéité et l'évocation de la vie du saint, Francisci se consacre au film en costumes et va devenir un des meilleurs représentants du peplum italien. Dans cette veine, on peut citer le Prince pirate (Il leone di Amalfi, 1950), interprété par un bondissant Vittorio Gassman, la Reine de Saba (1952), avec Leonora Ruffo et Gino Cervi, Attila, fléau de Dieu (1954), sans doute son meilleur film, dans lequel Anthony Quinn donne du chef barbare une interprétation saisissante aux côtés de Sophia Loren. En 1958, avec les Travaux d'Hercule – Steve Reeves y lance la mode des athlètes musclés –, il remporte un succès considérable et apporte un nouvelle santé économique à un cinéma italien en crise. Il renouvelle son succès l'année suivante avec Hercule et la reine de Lydie et tourne encore la Charge de Syracuse (1959), Sapho (1960), avec Tina Louise, Hercule, Samson et Ulysse (1963), 2 + 5 : missione Hydra (1967). En 1973, il réalise son dernier film, Simbad et le calife de Bagdad.

FRANCO (Ricardo Franco Rubio, dit Ricardo)

cinéaste espagnol (Madrid 1949 - id. 1998).

Après un premier long métrage interdit par la censure (El desastre de Annual, 1970), il se fait remarquer par le naturalisme à outrance de Pascual Duarte (1975), qui vaut à José Luis Gómez le prix d'interprétation à Cannes. L'œuvre de Camilo José Cela y gagne une épaisseur sociale. Los restos del naufragio (1978), tout à fait différent, est un film touffu, à la première personne, qui semble mieux exprimer la personnalité de l'auteur : tout en rendant hommage aux vieux films d'aventures, il aboutit à un constat désenchanté sur l'actualité post-soixante-huitarde. Il tourne en 1984 au Mexique San Judas de la Frontera puis El sueño de Tánger (1986) et Berlin Blues (1988). Après le poignant Después de tantos ãnos (1994), il remporte un succès majeur avec La buena estrella (1997) et meurt pendant le tournage de Lágrimas negras (1998).

FRANÇOIS (Michel Secnazy, dit Michel)

acteur français (Nice 1929).

Jusqu'en 1944, on le voit beaucoup dans des rôles de garçonnet qu'il dote de gentillesse et de simplicité : Sans lendemain (Max Ophuls, 1940), l'Assassinat du Père Noël (Christian-Jaque, 1941), Péchés de jeunesse (M. Tourneur, 1941), Le ciel est à vous (J. Grémillon, 1943). Puis, adolescent, il joue de façon plus conventionnelle et sans grand éclat dans le Diable au corps (C. Autant-Lara, 1947), les Dernières Vacances (R. Leenhardt, 1948), Clara de Montargis (H. Decoin, 1951), Deburau (S. Guitry, id.) ; la Maison Bonnadieu (C. Rim, id.) et la Meilleure Part (Y. Allégret, 1956). Il a ensuite fondé la société Les Films Michel-François, spécialisée dans la fabrication de films-annonces, génériques, truquages.

FRANCO Y BAHAMONDE (Francisco)

général et homme d'État espagnol (El Ferrol 1892 - Madrid 1975).

Au lendemain de la guerre civile, le victorieux général Franco écrit et publie, sous le pseudonyme de Jaime de Andrade, un récit destiné à devenir le scénario du film Raza (J. L. Sáenz de Heredia, 1941). Produit par un organisme officiel (le Conseil de l'Hispanité), celui-ci se présente comme le modèle du cinéma « de croisade », d'exaltation patriotique et religieuse, promu pendant la première phase du franquisme ( ESPAGNE). Il est possible d'y voir une transfiguration des frustrations et ambitions du Caudillo : sa vocation de marin brisée par la chute de l'empire espagnol ; sa volonté d'affirmation et d'ascension sociales ; son puritanisme sexuel et l'idéalisation de la femme-mère ; les valeurs familiales et militaires comme essence de la « race » hispanique. Satisfait de cette version cinématographique, il confie au même réalisateur un portrait remis au goût du jour (Franco, ese hombre, 1964), financé aussi avec des fonds publics. Un jeune metteur en scène procède à une relecture critique de ce « classique », en utilisant des entretiens avec l'acteur Alfredo Mayo* et avec la sœur du Generalísimo, Pilar Franco (Raza, el espíritu de Franco, Gonzalo Herralde, 1977).

FRANJU (Georges)

cinéaste français (Fougères 1912 - Paris 1987).

Décorateur de théâtre, il fonde avec Henri Langlois, en 1935, le Cercle du cinéma, puis la Cinémathèque française en 1936. Il y collabore activement jusqu'en 1938, année où il devient le secrétaire exécutif de la Fédération internationale des archives du film (FIAF). De 1945 à 1953, il est secrétaire général de l'Institut de cinématographie scientifique fondé et dirigé par Jean Painlevé. Pendant cette période, il réalise ses premiers courts métrages et devient l'un des chefs de file de l'École française du documentaire qui se révèle à cette époque, préparant l'avènement de la Nouvelle Vague en 1958, année où, précisément, il aborde le long métrage de fiction.

Héritier du réalisme poétique, proche de l'esprit du surréalisme, Franju, notamment avec le Sang des bêtes et Hôtel des Invalides, lance un cri de révolte en adoptant une esthétique où se conjuguent violence et tendresse, double postulation qui se retrouve dans ses adaptations de romans, toujours choisis en fonction de cette conception personnelle de la vie et de l'art. On y perçoit un attrait (avoué par son Judex) pour Feuillade et le fantastique en plein jour contre le formalisme gratuit, les effets aguicheurs, les séductions conventionnelles. L'aspect esthétique ou décoratif de l'image n'est, chez lui, que l'expressif contrepoint de contenus d'un non-conformisme actif, même lorsque le cinéaste s'inspire de Mauriac ou de Cocteau, écrivains qui pourraient sembler contraires à son tempérament, plus proche de l'ironie à la Prévert. Mais d'eux, comme d'Hervé Bazin ou de Zola, Franju tire ce qui répond le mieux à sa volonté polémique : une dénonciation des hypocrisies institutionnalisées et une revendication constante en faveur des libertés individuelles, de la fantaisie, du rêve.