Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BENNETT (Joan)

actrice américaine (Palisades, N. J., 1910 - White Plains, N. Y., 1990).

Fille d'un célèbre ménage de comédiens, elle fait sa première apparition à la scène à quatre ans et, en 1915, participe avec sa famille au tournage d'un mélodrame, The Valley of Decision. Elle s'éloigne de la scène et des écrans (où se font rapidement connaître ses sœurs Constance et Barbara) et débute vraiment dans Bulldog Drummond (F. Richard Jones, 1929). Jeune première mondaine, blonde et élégante dans Disraeli (Alfred E. Green, 1929), Moby Dick (L. Bacon, 1930) et Doctor's Wives (F. Borzage, 1931), elle révèle un mordant sans apprêt dans Wild Girl et For Me and My Gal (R. Walsh, 1932), une vivacité étonnamment moderne dans les Quatre Filles du docteur March (G. Cukor, 1933). Ces réussites alternent avec des tentatives infructueuses dans la comédie loufoque, avant sa prise sous contrat par le producteur Walter Wanger, qui l'aide à imposer un personnage nouveau, plus sophistiqué. Délicieux et romantique, la Femme aux cigarettes blondes (T. Garnett, 1939) marque sa métamorphose en brune et son passage à un registre plus uniformément dramatique. Sous la direction de Fritz Lang, elle joue la prostituée cockney de Chasse à l'homme (1941), tient le rôle-titre de la Femme au portrait (1944), dont elle tourne une variante réaliste dans la Rue rouge (1945). Volontiers fatale, un rien perverse, acide et ironique, elle connaît ses meilleurs moments dans l'univers feutré et trouble du film noir auquel se rattachent aussi la Femme sur la plage (J. Renoir, 1946), le Secret derrière la porte (F. Lang, 1948) et les Désemparés (Max Ophuls, 1949). Avec les années 50, elle passe progressivement à des rôles de mère plus effacés : le Père de la mariée (V. Minnelli, 1950), There's Always Tomorrow (D. Sirk, 1956). Elle connaît ensuite une longue éclipse cinématographique. Elle se consacre au théâtre et à la télévision et remporte un succès durable dans la série de Dan Curtis, Dark Shadows, dont elle tourne aussi une médiocre adaptation filmée. En 1977, Dario Argento la fait participer en « guest-star » à Suspiria.

BENNETT (Richard Rodney)

musicien britannique (Broadstairs, Kent, 1936).

Il débute au cinéma en 1956 (Song of the Clouds, MM, John Armstrong). Ses meilleures créations allient le sens de la mélodie prégnante au goût pour les sonorités modernes. Au sein d'une œuvre abondante et variée, on remarque une nette prédilection pour les films de Losey (l'Enquête de l'inspecteur Morgan, 1959 ; Cérémonie secrète, 1968 ; Deux Hommes en fuite, 1970) ou de John Schlesinger (Billy le Menteur, 1963 ; Loin de la foule déchaînée, 1967 ; Yanks, 1979).

BENNY (Benjamin Kubelsky, dit Jack)

acteur américain (Waukegan, Ill., 1894 - Los Angeles, Ca., 1974).

Après quinze ans de music-hall, il débute au cinéma dans Hollywood Revue of 1929 (Charles F. Reisner, 1929), mais c'est la radio qui consacre sa célébrité à partir de 1932, puis la TV dès 1955. Il reprend le plus souvent dans ses films le personnage odieux de suffisance et de pingrerie qu'il peaufine à la radio. Toutefois, on le remarque davantage dans Artistes et Modèles (R. Walsh, 1937), Charley's Aunt (A. Mayo, 1941), George Washington Slept Here (W. Keighley, 1942) et surtout To Be or Not to Be (E. Lubitsch, id.), où il « fait à Shakespeare ce que les Allemands ont fait à la Pologne ».

BENOÎT-LÉVY (Jean)

cinéaste français (Paris 1888 - id. 1959).

Son activité, qui commence en 1920 (il est en 1922 directeur artistique du premier film de Jean Epstein, Pasteur), est à double face. D'une part, son travail de documentariste (inauguré au cours des années 20 par des films pédagogiques réalisés en collaboration avec des associations à buts sociaux et philanthropiques) et d'éducateur l'amène pendant la guerre à enseigner le cinéma à New York puis à occuper en 1946 de hautes fonctions à l'UNESCO. Il laisse ainsi de nombreux courts métrages (notamment sur la danse) et des écrits (le Cinéma d'enseignement et l'Éducation, les Grandes Missions du cinéma). D'autre part, il réalise des films que le public accueille favorablement : Peau de pêche (CO Marie Epstein), Âmes d'enfants (1928, CO M. Epstein), la Maternelle (1933, CO M. Epstein) d'après le roman de Léon Frapié, Itto (1935, CO M. Epstein), Hélène (1936), la Mort du cygne (1937), Altitude 3200 (1938), Feu de paille (1940).

BENSHI (litt. « homme parlant »).

Nom donné au Japon aux commentateurs des films muets, qui résumaient ou paraphrasaient à leur guise l'action et lisaient les intertitres pour un public souvent analphabète. La popularité des benshi était telle que les spectateurs venaient parfois plus pour eux que pour voir les films. La transition du muet au parlant, autour de 1930, donna lieu à des incidents violents, à cause de la résistance des benshi.

BENTIVOGLIO (Fabrizio)

acteur italien (Milan 1957).

Après avoir suivi les cours du Piccolo Teatro de Milan, Fabrizio Bentivoglio connaît un début de carrière brillant sur les planches aux côtés d'acteurs aussi réputés que Romolo Valli, Giorgio De Lullo, Mario Scaccia. Parallèlement, il travaille au cinéma dès 1979 avec le rôle-titre de Masoch de Franco Brogi Taviani. Très actif dans les années 80, il affirme véritablement sa personnalité à partir de 1989 en devenant, sous la direction de metteurs en scène de sa génération ou de cinéastes confirmés, une des figures emblématiques du cinéma italien contemporain. Doté d'un physique attachant et d'un tempérament complexe, il donne toute sa mesure avec Gabriele Salvatores (Marrakech Express, 1989 ; Strada blues, 1990), Silvio Soldini (l'Air paisible de l'Occident, 1990 ; Un'anima divisa in due, 1993 – film qui lui vaut le prix d'interprétation masculine au festival de Venise ; Le acrobate, 1998), Paolo et Vittorio Taviani (les Affinités électives, 1994), Michele Placido (Un héros ordinaire, 1994 ; Del perduto amore, 1997), Giacomo Campiotti (Comme deux crocodiles, 1995), Daniele Luchetti (La scuola, 1995), Antonio Capuano (Pianese Nunzio quattordici anni a maggio, 1996), Pasquale Pozzessere (Testimone a rischio, 1996), Mimmo Calopresti (Mots d'amour, 1998), Marco Bellocchio (la Nourrice, 1999), Carlo Mazzacurati (La lingua del santo, 2000). En 1999, Fabrizio Bentivoglio fait des débuts prometteurs dans la mise en scène avec un moyen métrage, Tipota, un récit suspendu entre rêve et réalité.