Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
O

ODETTE (Odette Goimbault, dite Mary)

actrice française (Dieppe 1901).

Débutant très jeune au cinéma, elle devient rapidement une des interprètes principales d'un grand nombre de films britanniques de la période du muet : Cynthia in the Wilderness (H. Weston, 1916), The Wages of Sin (A. Bocchi, 1918), Enchantment (R. G. Vignola, 1920), The Hypocrites (Charles Giblyn, 1923), She où elle incarne l'héroïne fabuleuse des romans de Rider Haggard (G. B. Samuelson, 1925), Emerald of the East (Jean de Kucharski, 1929).

ŒILLETON.

Pièce du viseur près de laquelle on applique l'œil pour observer l'image formée dans le viseur.

OERTEL (Curt)

cinéaste, scénariste, chef opérateur et producteur allemand (Osterfeld, Thüringen, 1890 - Wiesbaden 1960).

Avant de devenir l'un des spécialistes du film sur l'art, dont les travaux ont précédé ceux de Luciano Emmer et Enrico Gras en Italie et d'Alain Resnais et Robert Hessens en France, il a été codirecteur de la photographie dans plusieurs films de Pabst à la fin des années 20 (dont la Rue sans joie et les Mystères d'une âme) puis est passé à la réalisation. Son Michel-Ange (Michelangelo/Das Leben eines Titanen), tourné en Suisse alémanique en 1940, est un modèle d'exploration en profondeur du style d'un artiste : évitant le double piège de l'hagiographie et de la muséographie, l'auteur joue en virtuose de l'éclairage et des mouvements de caméra pour vivifier les sculptures de Michel-Ange et les replacer dans leur « cadre de vie ». Le Rodin de René Lucot (1942) et le Maillol de Jean Lods (1943) lui doivent beaucoup. À partir de 1950, Oertel travaillera pour le compte de l'UNESCO et tournera encore quelques films.

Autres films :

Wunder in Naumburg (1932) ; le Cavalier blanc (Der Schimmelreiter, 1933) ; Das Jahr (1948) ; Land am Nil (1950) ; Schlüter (id.) ; Der gehorsame Rebell (1952) ; Jungbrunnen (1952) ; Neue Welt (1954) ; Impressionen aus einem Theater (1957).

OFF (d'après l'angl. off screen, hors de l'écran).

Voix off, son off, voix ou son dont la source n'est pas visible sur l'écran. (Il est préconisé d'employer hors champ plutôt que off.)

OFFICE NATIONAL DU FILM (ou NFB, National Film Board).

Structure de production et de diffusion de films, mise en place par le gouvernement canadien en 1939.

Le pouvoir politique fédéral, au Canada, s'est très tôt préoccupé de promouvoir un cinéma d'identité nationale, tant pour souder les éléments d'une population disparate (anglophones, francophones ou immigrants récents dispersés sur un territoire démesuré) que pour maintenir la présence d'images nationales sur des écrans largement ouverts aux productions venues des États-Unis ou de Grande-Bretagne.

Dès la Première Guerre mondiale, un bureau fédéral (Exhibits and Publicity Bureau, transformé en 1923 en Canadian Government Motion Picture Bureau, CGMPB) avait été chargé de produire des documentaires et des courts métrages de propagande. À la fin de 1937, le haut commissaire du gouvernement canadien à Londres, Vincent Massey, souligne la faiblesse de la production destinée au marché anglais, et suggère au gouvernement Mackenzie King d'inviter à Ottawa John Grierson, le fondateur et l'animateur de l'école documentaire anglaise qui s'épanouit alors dans le cadre du GPO Film Unit.

Grierson arrive au Canada en mai 1938. Quelques semaines plus tard, il remet un rapport qui préconise la création d'un Office du film canadien, placé sous l'autorité d'un commissaire. En mai 1939, le gouvernement King adopte une loi nationale sur le cinéma (National Film Act) qui crée l'ONF. En octobre 1939, après la déclaration de guerre, Grierson accepte la charge de commissaire du gouvernement à la Cinématographie dont il avait lui-même précisé la fonction. Très vite, sous la pression des événements (la guerre en Europe, l'urgence de produire un matériel d'information et de propagande), il constitue une équipe (Ross MacLean, Stuart Legg, puis en 1941 Raymond Spottiswoode, Joris Ivens qui y restera un an, et Norman McLaren qui identifiera sa carrière à l'atelier d'animation de l'Office), et absorbe les installations et les techniciens du CGMPB.

Pendant la guerre, l'Office produit massivement. D'abord la série Canada Carries On/En avant Canada, créée par Stuart Legg (à partir de 1940), puis la série World in Action (de 1941 à 1946). En 1943, Norman McLaren crée le département de l'animation de l'ONF, en recrutant à travers le Canada une équipe de jeunes dont il assure la formation (George Dunning, Jim McKay, René Jodoin, Jean-Paul Ladouceur, Grant Munro). Il s'agit à la fois d'y réaliser des travaux pour les documentaires de guerre (cartographie, diagrammes), et de produire des films mettant en valeur les cultures du Canada, d'où les séries parallèles Chants populaires (1943) et Let's All Sing Together (1944).

Le retour de la paix ouvre une crise. Quelques films produits à l'initiative de Grierson avaient été contestés par le pouvoir politique qui reprochait à l'ONF des prises de position trop personnelles dans le domaine des relations internationales. En 1945, on reproche en outre à Grierson d'avoir employé des communistes.

Grierson démissionne à la fin de cette même année. Ross MacLean assure l'intérim, puis devient commissaire en 1947. L'époque est empoisonnée par les retombées de la chasse aux sorcières. Ross MacLean gouverne l'Office entre les dénonciations des uns et les convoitises des autres. Il refuse de congédier trente employés désignés comme « présentant un risque pour la sécurité de l'État », et démissionne fin 1949. Il est remplacé par Arthur Irwin qui, pour protéger l'Office des ingérences trop précises du pouvoir politique, fait voter une nouvelle loi sur le cinéma qui prévoit le transfert de l'ONF à Montréal. Il quitte son poste en 1953. Il y sera remplacé successivement par Albert W. Trueman (1953), Guy Roberge (1957), Hugh McPherson (1966), Sydney Newmann (1970) et André Lamy (1975).

L'installation à Montréal, effective au printemps de 1956, est l'occasion d'une relance des activités de l'Office, d'une diversification, et d'une stimulation considérable de la production « française ». La fin des années 50 est marquée par le développement de la réflexion sur le cinéma direct, amorcée dans la « section B » animée par Tom Daly, Wolf Koenig et Roman Kroitor. La série Candid Eye (1958-1960), destinée à la télévision, ouvre la voie à un regard neuf et frais sur la réalité canadienne, et permet à des techniciens québécois de se former sur le tas : Michel Brault, Georges Dufaux. Après 1958, une « équipe française » prend le relais des fondateurs du Candid Eye et définit une démarche qui sera pendant quinze ans l'image de marque de l'ONF (avec des films comme les Raquetteurs de Michel Brault et Gilles Groulx, en 1958, ou les Bûcherons de la Manouane d'Arthur Lamothe, en 1962).