Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
P

PROFONDEUR DE CHAMP.

En toute rigueur, seuls donnent lieu à une image nette les objets ou les personnages situés à une distance de la caméra égale à la distance de mise au point, c'est-à-dire à la distance pour laquelle tous les rayons lumineux issus d'un point de l'objet filmé convergent en un point de la couche sensible. Les rayons issus d'un autre objet plus proche (ou plus éloigné) convergent en arrière (ou en avant) de la couche sensible : à tout point de cet autre objet correspond sur le film non plus un point mais une petite tache Cet autre objet est donc, théoriquement, flou.

Toutefois, lorsque nous observons l'écran, si l'image de cette tache sur la rétine n'excède pas les dimensions d'une cellule sensible à l'œil, nous sommes incapables d'apprécier si nous observons un point ou une tache. Il y a donc, en avant et en arrière de l'objet sur lequel on met au point, une zone plus ou moins profonde à l'intérieur de laquelle les objets paraissent nets : c'est le phénomène de la profondeur de champ. La profondeur de champ n'intéresse pas seulement le technicien. Elle constitue un des éléments de la syntaxe cinématographique. Pour filmer un dialogue, si l'on ne dispose que d'une faible profondeur de champ, il faut ou bien placer les deux comédiens à la même distance de la caméra, ou bien accepter que l'un des deux soit flou, ou bien encore recourir au champ-contre-champ. Si l'on dispose d'une grande profondeur de champ, on peut créer un effet dramatique en plaçant un comédien en premier plan, l'autre en arrière-plan : Citizen Kane d'Orson Welles (1941) frappa les cinéphiles par l'abondante utilisation narrative de ce procédé.

En diminuant le diamètre de l'objectif – en pratique : en réduisant l'ouverture du diaphragme : en ‘ diaphragmant ’, on augmente la profondeur de champ.

La profondeur de champ, pour une ouverture donnée du diaphragme, se réduit pour les longues focales et, inversement, s'accroît pour les courtes focales.

On peut tirer parti de la faible profondeur de champ des objectifs de longue focale, pour « extraire » un personnage de son environnement : en mettant au point sur lui, le personnage sera net devant un environnement flou. À l'inverse, l'importante profondeur de champ des objectifs à grand angle de champ (courtes focales) simplifie la mise au point.

PROGRAMMATION.

La programmation est l'activité qui consiste à déterminer les programmes d'une salle, programme étant ici entendu au sens de « long métrage ». La programmation, qui s'opère par négociation avec les distributeurs, peut être effectuée par l'exploitant lui-même ou par un programmateur. L'ensemble des salles prises en charge par un programmateur, groupement national de programmation, groupement régional ou entente locale est communément appelé circuit de programmation.

Il existe en France depuis fort longtemps des circuits de programmation. Toutefois, jusque dans les années 1950, la plupart des exploitants se programmaient eux-mêmes et l'influence de ces circuits dans l'économie du film n'était pas déterminante.

Pour lutter contre la chute de la fréquentation, pour faire face aux regroupements des distributeurs (notamment américains) et pour assurer l'équilibre financier des salles rénovées, l'exploitation a cherché à monopoliser les films à succès : le programmateur de plusieurs salles est évidemment mieux placé, pour négocier, qu'un exploitant isolé. De nombreux exploitants furent ainsi conduits à confier — moyennant redevance — la programmation de leurs salles à un circuit. Aujourd'hui, la quasi-totalité des salles modernes est programmée par un des quatre groupements nationaux : Gaumont, Pathé et indépendants, UGC Diffusion. Les circuits de programmation sont devenus un des agents principaux de l'économie du cinéma. ( ÉCONOMIE DU CINÉMA.)

PROGRAMME.

À ses débuts, le spectacle cinématographique se situait dans la tradition du théâtre ou du music-hall : un programme annonçait, dans l'ordre de leur présentation, les titres des divers films, toujours très courts, qui composaient la séance. Cette pratique n'a plus cours. Mais on continue de parler de programme pour désigner le contenu d'une séance cinématographique.

Traditionnellement, la séance comportait d'abord une « première partie », où étaient présentés : un ou plusieurs courts métrages, les actualités, la bande-annonce du prochain film. Après un entracte, pendant lequel était projetée la publicité, venait enfin le long métrage, souvent appelé « grand film » par le public populaire. À Paris, la généralisation du fonctionnement des salles en « permanent » avec une séance toutes les deux heures conduit souvent à ce que le programme soit aujourd'hui limité au long métrage et à la publicité.

Le ou les éventuels courts métrages sont fournis, en tant que complément de programme, par le distributeur du long métrage. La bande-annonce du prochain film est fournie par le distributeur de ce film. Les films publicitaires sont diffusés par des réseaux spécialisés.

En 1986, le nombre des films de long métrage en exploitation en France était de 5 834, dont 2 093 films français.

Chaque année, un contingent de films nouveaux vient remplacer le contingent des films arrivés en fin de carrière. En 1986, 466 visas d'exploitation ont été délivrés à des films de long métrage : 154 à des films français, 312 à des films étrangers : 109 en version originale seulement, 65 en version doublée seulement, 138 en version originale plus version doublée. 26 films de long métrage ont été interdits aux mineurs, et 81 aux mineurs de moins de 13 ans. 87 films de long métrage ont été classés en catégorie X, tous en raison de leur caractère pornographique.

PROJECTEUR (1).

Appareil permettant de projeter des images animées sur un écran. ( PROJECTION.)

PROJECTEUR (2).

Appareil d'éclairage émettant un faisceau de lumière dirigée. ( ÉCLAIRAGE.)

PROJECTION.

Dès 1890, le Kinetograph d'Edison permettait l'enregistrement d'authentiques films de cinéma. Dès 1893, le Kinetoscope, appareil d'attraction foraine dû au même Edison, permettait l'observation individuelle de ces films. L'événement qui fit véritablement « naître » le cinéma fut l'inauguration, en décembre 1895, de projections de films, grâce au Cinématographe Lumière ( INVENTION DU CINÉMA).