Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DAY-FOR-NIGHT (« jour pour nuit »).

Expression anglaise pour nuit américaine.

DAY-LEWIS (Daniel)

acteur britannique (Londres 1957).

Né dans une famille d'artistes, Daniel Day-Lewis est un peu béni des dieux : un physique sombre et romantique qui fait se pâmer de nombreuses admiratrices, un talent presque sans limite. On est étonné de constater que le presque voyou décoloré de My Beautiful Launderette (S. Frears, 1985), le prétendant amidonné de Chambre avec vue (J. Ivory, 1986) ou l'handicapé qui ne peut s'exprimer qu'avec les doigts d'un seul pied de My Left Foot (J. Sheridan, 1989) sont interprétés par le même acteur. L'éclectisme domine d'ailleurs dans une trajectoire qui semble vouloir goulûment essayer toutes les possibilités offertes à un acteur. Il peut être physique et musclé dans le Dernier des Mohicans (Michael Mann, 1992) ou muré dans le secret comme il est sanglé dans ses vêtements dans le Temps de l'innocence (M. Scorsese, 1993). Dans une carrière d'une exceptionnelle qualité, on aura peut-être une tendresse particulière pour l'Irlandais fruste et rageur de Au nom du père (J. Sheridan, 1993), peut-être parce que ce beau film n'a pas eu la reconnaissance qu'il méritait. La Chasse aux sorcières (The Crucible, Nicholas Hytner, 1996) et The Boxer (qui en 1997 confirme la fidélité de l'acteur au cinéaste J. Sheridan) semblent pousser Daniel Day-Lewis vers une belle maturité.

DB.

Symbole de décibel* (s'écrit dB), unité de mesure en acoustique et électroacoustique.

DEA (Odette Deupes, dite Marie)

actrice française (Paris 1919 - id. 1992).

Alors qu'elle tient de petits rôles dans la troupe de Gaston Baty, Robert Siodmak la choisit pour tourner Pièges (1939) aux côtés de Maurice Chevalier. Elle donne de l'accent et de la vigueur à un rôle nuancé et prouve les mêmes qualités dans Nord-Atlantique (M. Cloche, 1939). De 1940 à 1944, elle est une vedette et affirme sa réelle personnalité dans Histoire de rire (M. L'Herbier, 1941) ; Premier Bal (Christian-Jaque) ; les Visiteurs du soir (M. Carné, 1942) ; Secrets (P. Blanchar, 1943). Une légère tendance à trop faire vibrer la corde pathétique lui joue des tours et on ne la revoit plus que de loin en loin : la Maternelle (Diamant-Berger, 1949) ; Orphée (J. Cocteau, 1950) ; Caroline chérie (Richard Pottier, 1951) ; la Jument verte (C. Autant-Lara, 1959) ; le Glaive et la Balance (A. Cayatte, 1963). Plus récemment un Lelouch et un Vecchiali ont su encore employer cette précieuse actrice.

DEAN (Basil)

cinéaste et producteur britannique (Croydon 1888 - Londres 1978).

Il aborde le cinéma comme acteur en 1916. En 1928, il passe derrière la caméra avec The Constant Nymph, dont une version parlante sortira en 1933. Auteur très caractéristique du cinéma de l'entre-deux-guerres, il exerce dans des genres bien différents : du policier (The Return of Sherlock Holmes, 1929) à la comédie (Look Up and Laugh, 1935) et au film historique (Lorna Doone, id.). Il a réalisé également : Birds of Pray (1930), The Perfect Alibi (1931), The Impassive Footman (1932), Loyalties (1933), Autumn Crocus (1934), Sing As We Go (1935), Whom the Gods Love (1936), Queens of Heart (id.), Penny Paradise (1938), Twenty-one Days (1939) et Mozart (id.). Fondateur des Ealing Studios, directeur de la British Films Distributors et de l'Associated Talking Pictures, il a aussi été représentant général de la RKO en Europe. Enfin, il a produit notamment Sally in Our Alley (M. Elvey, 1931) et Java Head (J. W. Ruben, 1935). Il a épousé l'actrice Victoria Hopper.

DEAN (James Byron Dean, dit James)

acteur américain (Marion, Ind., 1931 - route de Salinas [R. N. 466 et 41], Ca., 1955).

Il perd tôt sa mère. Son père est dentiste. Son enfance se partage entre une ferme du Midwest et la Californie. Après ses études à Santa Monica et Los Angeles, il apparaît à la TV et dans quelques films. En 1952, il joue à Broadway See the Jaguar, puis en 1954 il interprète le rôle du jeune arabe dans The Immoralist, adaptation à la scène du roman d'André Gide. Kazan le voit et l'engage pour être Cal Trask, l'adolescent incompris sauvage et malheureux de À l'est d'Éden (1955). Dean, qui paraît s'intéresser à la méthode de l'Actors Studio, travaille expression corporelle et rôles avec la même passion qu'il voue à la moto, à son cheval, à la vitesse. Il déconcerte, souvent inapprochable, enjôleur ou grossier, taillé sur mesure pour incarner Jim Stark dans la Fureur de vivre (N. Ray, 1955). Le tournage de Géant (G. Stevens, 1956) est à peine terminé qu'il se tue sur la route de Salinas. La mort du « premier teenager » déchaîne une hystérie comparable à celle qui suivit le décès de Valentino en 1926, mais différente dans sa nature : il s'agit moins d'idolâtrie que d'un étonnant phénomène d'identification de la part de la jeunesse, qui se reconnaît pour la première fois peut-être à l'écran. Une révolte vague, le désarroi causé par le changement des valeurs – guerre froide, guerre de Corée, un sentiment de solitude et d'incompréhension, tout cela « Jimmy » Dean l'incarne. Le miracle, c'est que ce garçon peu soigné, boudeur, myope, petit et poupin, à la fois félin et râblé, est littéralement transfiguré à l'écran : il n'est que de se rappeler l'image (devenue classique) du Jett Rink de Géant, accroché à son fusil comme à la Croix et regardant, à ses pieds, Liz Taylor !

Au contraire de Monty Clift, il est sans ténèbres, sinon sans mystère. Il est l'errant dont l'appel se perd, surpris par la mort rapide en plein romantisme moderne. The James Dean Story, de Robert Altman et George W. George (1957), fut « remonté » par Ray Connolly sous le titre James Dean : the First American Teenager.▲

DEAN (Priscilla)

actrice américaine (New York, N.Y., 1896 - Las Vegas, Nev., 1987).

Née dans une famille d'acteurs de théâtre, elle accompagne ses parents dans de nombreuses tournées et apparaît sur scène alors qu'elle n'a pas encore dix ans. Engagée à la Biograph en 1910, elle rejoint la Universal un an plus tard et apparaît dans plusieurs comédies dont Eddie Lyons et Lee Moran sont les vedettes. Son rôle dans le serial populaire The Gray Ghost (S. Paton, 1917) lui fait gravir les derniers échelons de la célébrité. On la remarque dans plusieurs films dramatiques où elle impose une présence impériale. The Wildcat of Paris (Joseph De Grasse, 1918), la Vierge d'Istanbul (The Virgin of Stamboul, T. Browning, 1920), Révoltée (id., 1921), Sous deux drapeaux (id., 1922), White Tiger (id., 1923), West of Broadway (Robert Thornby, 1926), Jewels of Desire (Paul Powell, 1927).