Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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TRUQUAGE.

Technique ou procédé permettant de manipuler l'apparence de l'image. Par extension, résultat visuel de cette manipulation. ( EFFETS SPÉCIAUX.)

TRUQUEUR.

Technicien spécialisé dans la réalisation des effets spéciaux (trucages), appelé truquiste dans le secteur de la vidéo.

TSAI MING-LIANG

cinéaste taïwanais (Ku Ching, Malaisie, 1957).

Arrivant à Taïwan à l'âge de vingt ans, il étudie l'art dramatique à l'Université culturelle chinoise. Tout en travaillant pour le théâtre, il écrit des scénarios et devient réalisateur de téléfilms. Son premier long métrage, les Rebelles du dieu Néon (Chin shao nien na cha, 1992), reprend l'univers qui avait fait sa réputation au théâtre, celui, aliénant, de Taipei. La figure apathique de Hsiao-kang (interprété par Lee Kang-sheng), jeune homme presque muet, y apparaît pour la première fois. Dans Vive l'amour (Aiqing wansui, 1994), lion d'or à Venise, les personnages ne parviennent pas plus à communiquer, cultivant tristement leur solitude et leur vide existentiel. Tsai Ming-liang représente une génération désillusionnée, pour qui seul le sexe et la nourriture comptent. Un certain humour pince-sans-rire permet cependant d'échapper au pessimisme absolu. En 1995, il réalise un documentaire sur des personnes séropositives, My new Friends. Dans The River (He liu, 1997), il dénonce les méfaits du matérialisme moderne. Plus expérimental, The Hole (Dong, 1998) met en scène un homme et une femme sans identité, dont la vie est dominée par les fonctions de leur corps. En 2001, il réalise Et là-bas quelle heure est-il ? (Ni nei pien chi tien).

TSCHECHOWA (Olga Knipper, dite Olga)

actrice allemande d'origine russe (Alexandropol [auj. Leninakan], Arménie, 1897 - Munich 1980).

Établie à Berlin en 1921, après avoir suivi des cours d'art dramatique à Moscou sous la direction de Stanislavski, elle débute à l'écran dans Schloss Vogelöd de Murnau (1921). Son premier grand succès est Nora-eim Puppenheim, une adaptation de la Maison de poupée d'Ibsen, réalisée par Berthold Viertel. Elle devient la principale représentante du charme slave dans les studios berlinois et tourne de nombreuses comédies et des drames sentimentaux. En 1927, elle est en France pour Un chapeau de paille d'Italie de René Clair et, l'année suivante, elle tourne quelques films en Grande-Bretagne. Puis elle produit, réalise et interprète Der Narr seiner Liebe, 1929.

Son succès se prolonge au temps du cinéma parlant avec notamment le Chemin du paradis (W. Thiele, 1930), suivi de Mascarade (W. Forst, 1934), Régine (E. Waschneck, id.), Bel Ami (Forst, 1939) et de bien d'autres films populaires. Sa carrière est moins brillante après 1945, mais on peut la voir sur les écrans jusque vers 1960. Elle doit son nom d'actrice à son premier mari Michel [Mihajl] Tchekhov, acteur de films russes, puis allemands, émigré par la suite aux États-Unis. Sa fille Ada Tschechowa, bien que moins célèbre, a fait une carrière d'actrice. Sa petite-fille Vera Tschechowa (de son vrai nom Vera Rust, née à Berlin en 1940), également actrice, a été remarquée notamment dans le Pain des jeunes années (H. Vesely, 1962) et Desperado City (Vadim Glowna, 1981).

TSUBURAYA (Eiji)

directeur des effets spéciaux japonais (préf. de Fukushima 1901 - Tokyo 1970).

Bouleversé par la vision de King Kong dans sa jeunesse, il décide de se consacrer aux effets spéciaux et entre à cet effet à la Toho en 1936. Il reconstitue notamment l'attaque de Pearl Harbour dans le film de Yamamoto, ‘ la Guerre navale de Hawaii à la Malaisie ’ (1942), puis se spécialise dans les « kaiju eiga » (films de monstres) dans les années 50 : son grand titre de gloire est évidemment l'animation de Godzilla (I. Honda, 1954), mais il en signe aussi toutes les suites, et les séquences d'effets spéciaux des films Toho, avec plus ou moins de bonheur, jusqu'à sa mort en 1970.

TSUCHIMOTO (Noriaki)

cinéaste japonais (préf. de Gifu 1928).

Un des documentaristes progressistes les plus marquants des années 60 à 80 avec Ogawa. Il commence par une série de films sociaux, de court et moyen métrages, comme Document sur la route (Documento rojo, 1964). C'est avec des longs métrages radicaux qu'il se fait vraiment connaître, comme la Préhistoire des partisans (Partizan zenshi, 1969) sur la révolte étudiante dans les universités. Mais c'est à sa série sociale et médicale sur le phénomène de la pollution au mercure à Minamata qu'on l'associe couramment, série commencée avec Minamata, les victimes et leur monde (Minamata, kanjasan to sono sekai, 1971), et qui se poursuit jusqu'en 1987, avec la Maladie de Minamata- Trente ans après (Minamata Byo-Sono Sanjunen). En 1989, il co-réalise avec Hisatora Kumagai un documentaire (TV) sur l'Afghanistan, Printemps afghan (Yomigaere Karezu).

TSUI HARK (Tsui Man-Kwong, dit)

cinéaste et producteur chinois (Viêt-nam 1951).

Dès l'âge de 13 ans, il fait des films en 8 mm. Après trois ans de lycée à Hongkong, il se rend au Texas en 1969 pour suivre des études universitaires qui seront interrompues pendant un an par une formation en vidéo et cinéma. C'est alors qu'il réalise avec un ami un documentaire, From Spikes to Spindles (Qianzhong wanfeng zhan xinlu, 1975), sur les émigrés chinois ayant construit au XIXe siècle le chemin de fer américain. De retour à Hongkong en 1977, Tsui Hark travaille pour la télévision, avant de réaliser son premier film de fiction, The Butterfly Murders (Jie ban, 1979), par lequel il se révèle l'un des plus brillants de la nouvelle vague de Hongkong, avec ce style bien particulier fait de rythme, de violence, d'effets spéciaux, de gags et d'humour noir. Ce qu'il confirme avec We Are Going to Eat You (Di yan wu men, 1980). En 1983, Zu, le guerrier de la montagne magique (Xin Shu shan jian xia) réinvente le genre du film de cape et d'épée (wu xia pian). En fondant en 1984 la Film Workshop et avec les énormes succès, en tant que producteur, de films comme A Better Tomorrow (John Woo, 1986) ou Histoires de fantômes chinois (Ching Siu-Tung, 1987), il devient la figure incontournable du cinéma de Hong Kong. Dans les années 80, il signe personnellement Shanghai Blues (Shanghai zhi ye, 1984), Peking Opera Blues (Daomadan, 1986) et A Better Tomorrow III (Yingxiong bense III, 1989). Tout en co-réalisant Swordsman (Xiao ao jianghu, CO. King Hu, 1990) et le Roi des échecs (Qi wang, CO. Yim Ho, 1991), il réfléchit à reprendre le personnage culte du cinéma chinois, Wong Fei-hung. C'est la série Il était une fois en Chine, dont Tsui Hark réalise quatre épisodes sur six, de 1991 à 1997. Après notamment The Lovers (1994), la comédie le Festin chinois (1995), et surtout le sublime film de sabre The Blade (id.), il tente une expérience à Hollywood. Les échecs – principalement artistiques – de Double Team (1997) et de Knock-off (1998), dans lesquels il dirige Jean-Claude Van Damme, l'obligent à faire une pause de près de trois ans dans sa carrière. Il revient à la mise en scène avec un thriller hongkongais, Time and Tide (2000).