Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DUBBING.

Mot anglais pour doublage.

DUBOIS (Claudine Huzé, dite Marie)

actrice française (Paris 1937).

Elle suit la filière habituelle des comédiennes : Conservatoire, tournées théâtrales, scènes parisiennes, dramatiques télévisées. Un bout d'essai réussi, et François Truffaut lui confie le rôle principal de son deuxième long métrage, Tirez sur le pianiste (1960, avec Charles Aznavour). C'est pour la circonstance qu'elle devient Marie Dubois, du titre d'un roman d'Audiberti, écrivain cher à Truffaut. Ses débuts au cinéma se placent donc sous l'égide de la Nouvelle Vague puisqu'elle tourne avec Éric Rohmer (le Signe du lion, 1959), Jean-Luc Godard (Une femme est une femme, 1961) et qu'elle retrouve Truffaut en 1961 pour Jules et Jim. Malgré son physique de jeune fille bien sage, ses cheveux blonds et ses yeux bleus, elle va interpréter, en règle générale, des personnages extrêmement décidés et souvent plus complexes qu'il n'y paraît.

Sa carrière va se dérouler avec une grande régularité. À quelques rares exceptions, elle tourne dans des films ambitieux et estimables, n'hésitant pas à donner leur chance à de jeunes cinéastes (comme Serge Moatti pour Nuit d'or, en 1977 ou le cinéaste suisse Michel Soutter pour les Arpenteurs, en 1972), ou à tenir des emplois qui comportent quelques risques (Bôf, C. Faraldo, 1971). La Maison des Bories (J. Doniol-Valcroze, 1970) est un de ses plus grands succès personnels. Elle a réussi à dépasser le stade de la jeune première, et à donner beaucoup de poids à des personnages difficiles : Vincent, François, Paul et les autres (C. Sautet, 1974) ; Il y a longtemps que je t'aime (J.-Ch. Tachella, 1979) ; Mon oncle d'Amérique (A. Resnais, 1980) ; l'Ami de Vincent (P. Granier-Deferre, 1983) ; Garçon ! (Sautet, id.) ; l'Intrus (Irène Jouannet, 1984) ; Grand Guignol (J. Marbeuf, 1987).

DUBOST (Paulette)

actrice française (Paris 1910).

D'abord petit rat de l'Opéra (en même temps qu'Odette Joyeux), elle abandonne bientôt la danse, à regret, pour l'opérette. Son physique mutin, son air avenant, sa voix pointue la prédisposaient à jouer les soubrettes, les cantinières, les péronnelles gentiment délurées, ce qu'elle fit avec une remarquable constance au long de quelque soixante pièces de Boulevard et cent quarante films qui n'en étaient le plus souvent que le démarquage pur et simple : des Caserne en folie (Maurice Cammage, 1934), des Rosière des halles (Jean de Limur, 1935) et autres Ferdinand le noceur (René Sti, id.), débités à la chaîne à l'intention du public du samedi soir. Dans ce tout-venant, quelques films tranchent — Paulette Dubost elle-même, fort sévère sur sa carrière, n'en retient que quatre : la Règle du jeu (J. Renoir, 1939), où elle est une camériste dans la plus pure tradition de Marivaux ; le Plaisir (Max Ophuls, 1952) et Lola Montès (id., 1955), deux rôles brefs (une fille de la Maison Tellier, la servante fidèle de Lola), mais qui l'ont marquée ; enfin le Déjeuner sur l'herbe (Renoir, 1959), où elle est une vieille fille grincheuse dotée d'un solide humour. Ajoutons l'un de ses premiers films, l'Ordonnance, de Tourjansky (avec Fernandel, 1933), Hôtel du Nord (M. Carné, 1938 — elle est la femme de Bernard Blier, l'éclusier) et Viva Maria (L. Malle, 1965 — une saltimbanque de fantaisie). À partir des années 70, elle entame une seconde carrière à la télévision mais apparaît encore parfois à l'écran (Milou en mai, L. Malle, 1990 ; le Jour des Rois, Marie-Claude Treilhou, id.).

DUBROUX (Danièle)

cinéaste française (Paris 1947).

Après une contribution à un film à sketches franco-allemand, Die Erbtöchte (1982, inédit en France), elle écrit et réalise (et interprète) les Amants terribles (1984), une galerie de portraits parfois provocatrice qui analyse les démêlés de plusieurs couples. La Petite Allumeuse (1987), sur un sujet éculé dans la tradition de Lolita, se distancie plus ou moins bien des situations-clés sans convaincre. Border Line (1992), qui porte sur la minceur de l'écart entre le normal et le pathologique, se caractérise par un travail spécifique sur l'ordonnancement du récit qu'on ne retrouvera pas dans tous ses films ultérieurs, notamment le Journal du séducteur (1996), encombré de morceaux de bravoure et de numéros d'acteurs. Collaboratrice de Pierre Salvadori sur le scénario de Comme elle respire (1998), elle a réalisé la même année l'Examen de minuit.

DUCAUX (Annie)

actrice française (Besançon 1908 - Champeaux 1996).

Grande actrice de théâtre (Odéon, Boulevard, Comédie-Française), elle débute dans les films franco-allemands de la UFA des premières années du parlant. Puis elle apporte au mélodrame sa silhouette distinguée et son jeu élégant : les Deux Gosses (F. Rivers, 1936) ; Prison sans barreaux (L. Moguy, 1938) ; Conflit (id., id.) ; l'Empreinte du dieu (id., 1941). On la voit arlésienne dans les Filles du Rhône (Jean-Paul Paulin, 1938) et Gance en fait la consolatrice de Harry Baur (Un grand amour de Beethoven, 1936). L'Occupation lui permet d'aborder un registre beaucoup plus détendu dans lequel elle prouve sa fantaisie (l'Inévitable Monsieur Dubois, P. Billon, 1943). Auparavant, Delannoy lui confie le rôle de Garlone dans Pontcarral colonel d'empire (1942), où elle est éblouissante. L'après-guerre la fait revenir presque entièrement au théâtre ; à l'écran, elle continue d'alterner drames à costumes (Rêves d'amour, Christian Stengel, 1947 ; la Princesse de Clèves, J. Delannoy, 1961), et comédies, parfois burlesques (la Patronne, H. Diamant-Berger, 1950 ; la Belle Américaine, R. Dhéry, 1961).

DUCHAMP (Marcel)

peintre et écrivain français (Blainville 1887 - Neuilly-sur-Seine 1968).

Si Marcel Duchamp demeure un des « modernes » importants, ses interventions directes dans le domaine du cinéma ont été extrêmement limitées. Dès 1920, à l'aide de deux caméras, il essaie de réaliser un film en relief avec la collaboration de Man Ray. Il apparaît en 1924 dans Entr'acte, de René Clair et Francis Picabia, comme partenaire de Man Ray dans une partie d'échecs. En 1926, il fait appel à Man Ray et Marc Allégret pour tirer un film de ses rotoreliefs, disques mécanisés sur lesquels son texte est imprimé en spirale. C'est Anemic Cinema, dont la durée ne dépasse pas sept minutes. En 1946, Hans Richter utilisera ces disques dans Dreams that Money Can Buy.