Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BENEDETTI (Paolo [Paulo])

producteur et chef opérateur brésilien d'origine italienne (Italie 1863 - Rio de Janeiro 1944).

Pionnier du muet, il débute à Barbacena (Minas Gerais) comme exploitant, vers 1909. Bricoleur de génie, il fait des expériences avec le son, le sous-titrage et la couleur. Après avoir tourné des actualités, il met en scène la troisième version cinématographique de l'opéra O Guarany de Carlos Gomes (1912), et Um Transformista Original (1915). À Rio de Janeiro, il devient l'opérateur de trois films de Vittorio Capellaro (O Cruzeiro do Sul, 1917 ; Iracema, 1918 ; O Garimpeiro, 1920), puis le propriétaire d'un important laboratoire et le producteur attentif de plusieurs films, dont A Gigolete (Vittorio Verga, 1924) et surtout Barro Humano (A. Gonzaga, 1928), grâce auquel l'équipe de la revue Cinearte peut mettre ses idées en pratique. Il assura toujours avec compétence la prise de vues de ses productions.

BENEGAL (Shyam)

cinéaste indien (Hyderabad, Andhra Pradesh, 1934).

Fondateur du ciné-club de Hyderabad, diplômé en économie, vétéran du film publicitaire (600 films), il est un des représentants les plus en vue de la nouvelle vague indienne. Refusant les stéréotypes du cinéma hindi, découvreur et excellent directeur d'acteurs, il tient néanmoins à toucher un vaste public, réalisant des films qui, évitant toute recherche formelle trop marquée, s'appuient sur des situations authentiques de conflits sociaux : la tyrannie des propriétaires ruraux (la Graine‘ [Ankur], 1973) ou la révolte contre cette oppression (‘ l'Aube ’ [Nishant], 1975), la difficile installation d'une coopérative laitière en milieu rural (‘ le Barattage ’ [Manthan], 1976). Le thème de l'humiliation de la femme, déjà très présent dans ces films, est ensuite traité spécifiquement : ‘ le Rôle ’ (Bhumika, id.), portrait d'une actrice de cinéma, qu'incarne Smita Patil, tentant d'assumer sa vie ; ‘ le Talisman ’ (réalisé en hindi [Kondura] et en telugu [Anugraham], 1977), destruction d'une jeune femme par l'oppression religieuse ; ‘ Un vol de pigeons ’ (Junoon, 1978) retrace la révolte des cipayes en 1857, tandis que Kalyug (1980) évoque l'aliénation et la corruption du monde des affaires à travers la rivalité impitoyable de deux familles appartenant au milieu industriel des grandes villes. Benegal tourne ensuite ‘ l'Ascension ’ (Aarohan, 1982), Mandi (1983), deux documentaires, l'un sur Nehru (id.), l'autre sur le cinéaste Satyajit Ray (1985), Trikaal (id.), Susman (1986), le Septième Cheval du soleil (Suraj Ka Satvan Godha, 1992), Mammo (1994), Mahatma : la Naissance d'une grande âme (The Making of the Mahatma, 1995), Thumzi (1996), Sardari Begum (1997), Samar (1999).

BENGELL (Norma)

actrice et cinéaste brésilienne (Rio de Janeiro 1935).

Elle débute au cinéma dans des chanchadas : O Homem do Sputnik (Carlos Manga, 1959), ou des comédies : Mulheres e Milhões (Jorge Ileli, 1961), mais obtient sa consécration dans des rôles dramatiques : la Plage du désir (R. Guerra, 1962) et la Parole donnée (A. Duarte, 1962). Profitant de la répercussion de ces derniers, elle ébauche une carrière en Italie (Il mafioso [A. Lattuada], 1962), puis revient au Brésil, répétant ses succès précédents avec le Jeu de la nuit (W. H. Khouri, 1964). Depuis, elle a notamment joué dans des films des cinéastes marginaux Julio Bressane (O Anjo Nasceu, 1969) et Rogério Sganzerla (O Abismo, 1978), de Glauber Rocha (l'Âge de la Terre, 1980), d'Ana Carolina Teixeira Soares (Mar de Rosas, 1977) et de Jorge Duran (A cor do seu destino, 1986). En 1987 elle met en scène son premier long métrage : Eternamente Pagu, suivi de O Guarani (1996).

BENIGNI (Roberto)

acteur et cinéaste italien (Castiglion Fiorentino 1952).

Doué d'un physique de caoutchouc et d'une volubilité surréaliste, Roberto Benigni mène de front cabaret et télévision avant de tourner son premier film sous la direction de Giuseppe Bertolucci (Berlinguer ti voglio bene, 1977). On le voit alors dans Pipicacadodo (Chiedo asilo, M. Ferreri, 1979), Il Pap'occhio (Renzo Arbore, 1980), Il minestrone (S. Citti, 1981), Down By Law (J. Jarmush, 1986), La voce della luna (F. Fellini, 1990), Night on Earth (Jarmush, 1992), le Fils de la Panthère Rose (B. Edwards, 1993). Passé à la réalisation en 1982 avec Tu mi turbi, il a connu un immense succès en Italie avec Non ci resta che piangere (1984, CO Massimo Troisi), le Petit Diable (Il piccolo diavolo,, 1989), Johnny Stecchino (1992) et, surtout, le Monstre (Il mostro, 1994). Avec beaucoup d'ironie Benigni déclara : « Plutôt que d'être le Groucho Marx italien, je préférerais être l'Anna Magnani suisse. » En 1998 il reçoit le Prix spécial du jury à Cannes pour La vie est belle (La vita è bella) qui rencontre un grand succès international et obtient un double Oscar à Hollywood (meilleur film étranger et meilleur acteur pour sa propre prestation).

BENING (Annette)

actrice américaine (Topeka, Kan., 1958).

Élégante, souriante, irrésistiblement juvénile, Annette Bening fut une inattendue (mais très séduisante) Mme de Merteuil dans Valmont (M. Forman, 1989). Dès 1990, sa création, également remarquable, dans les Arnaqueurs (S. Frears) attestait non seulement de son talent mais de sa finesse de jugement dans le choix de ses rôles. Célèbre dans la presse du cœur pour avoir transformé le célibataire et don Juan endurci Warren Beatty (son partenaire dans Bugsy, 1991, B. Levinson) en mari modèle et en papa poule, elle tourne relativement peu. On regrette que la groupie « new age » qu'elle incarne dans Mars Attacks ! (T. Burton, 1996) soit trop peu à l'écran. Mais American Beauty (id., Sam Mendes, 1999) lui accorde une belle revanche, même si c'est dans un emploi ingrat d'épouse coincée : son sens de la comédie et de la caricature y sont intacts.

BENJAMIN (Richard)

acteur et cinéaste américain (New York, N. Y., 1938).

Marié à Paula Prentiss. Débutant comme jeune premier (Goodbye Columbus, 1969, de Larry Peerce), il s'est spécialisé dans les compositions de « jeune cadre dynamique » stupide et suffisant : Journal intime d'une femme mariée (F. Perry, 1970), The Marriage of a Young Stockbroker (Lawrence Turman, 1971), Portnoy et son complexe (Portnoy's Complaint, 1972) d'Ernest Lehman. Il reprendra l'emploi longtemps après dans Harry dans tous ses états (W. Allen, 1997). Après deux films sympathiques : Où est passée mon idole ? (My Favorite Year, 1981), et les Moissons du printemps (Racing With the Moon, 1984), il poursuit une carrière assez pâle de metteur en scène : Haut les flingues (City Heat, id.), Une baraque à tout casser (The Money Pit, 1986), les Deux Sirènes (Mermaids, 1990), Made in America (1993), Mrs Winterbourne (id., 1996).