Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SAUVAGE (André)

cinéaste français (1891-1975).

Il fréquente les cercles cinéphiles et l'avant-garde des années 20 puis s'oriente vers le documentaire, réalisant en 1928-29 cinq courts métrages réunis sous le titre général d'Études sur Paris (Paris-Port, Nord-Sud, Petite Ceinture, les Îles de Paris, De la tour Saint-Jacques à la montagne Sainte-Geneviève). Il tourne en 1929 Pivoine, un long métrage produit par Jean Tedesco, avec Michel Simon, mais dont le procédé de reproduction sonore se révèle inexploitable. Il devient ensuite l'assistant de Jean Choux pour deux films, en 1929 (la Servante) et en 1931 (Jean de la Lune). Il dirige les prises de vues de l'expédition Citroën en Asie en 1931 et 1932. De retour à Paris, il est dessaisi de la responsabilité du montage, confié à Léon Poirier (la Croisière jaune, 1934). Déçu et amer, André Sauvage abandonne le cinéma. Ses mérites dans la qualité des prises de vues de la Croisière jaune ne seront reconnus que cinquante ans plus tard.

SAVAL (Danielle Salle, dite Dany)

actrice française (Paris 1940).

D'abord danseuse, elle paraît au cinéma, en 1958, dans les Tricheurs de Marcel Carné. Dans des rôles de jeune femme effrontée, elle interprète de nombreuses comédies boulevardières. Elle a joué notamment dans : le Miroir à deux faces (A. Cayatte, 1958), Nathalie agent secret (H. Decoin, 1959), les Parisiennes (M. Boisrond, 1960), les Sept Péchés capitaux (sketch de É. Molinaro, 1961), Constance aux enfers (François Villiers, 1964), l'Animal (C. Zidi, 1977), la Vie parisienne (Christian-Jaque, 1978), Inspecteur la Bavure (Zidi, 1980). Elle est l'épouse de l'animateur Michel Drucker.

SAVALAS (Aristotle, dit Telly)

acteur américain (Garden City, N. Y., 1924 - New York, N.Y., 1994).

La série télévisée à succès Kojak a popularisé la large carrure, la calvitie savamment entretenue et le goût de Telly Savalas pour les sucettes acidulées. Il surveillait d'ailleurs de près l'écriture de cette série qui mettait en scène la communauté gréco-américaine dans laquelle il avait vu le jour. Cette immense popularité a quelque peu occulté les prestations cinématographiques de Telly Savalas. Avant qu'il ne se perde dans quelques bandes horrifiques italiennes ou espagnoles (Panique dans le Transsibérien, Pánico en el Transiberiano, Eugenio Martín, 1972), il avait été un bon second couteau menaçant et ricanant dans les Douze Salopards (R. Aldrich, 1967) et surtout dans les Chasseurs de scalps (S. Pollack, 1968), allant même jusqu'à donner un sérieux fil à retordre à James Bond (Au service secret de sa majesté, Peter Hunt, 1969). Il avait débuté, chevelu, en 1961, et on le vit ainsi dans quelques films marquants comme les Nerfs à vif (J. Lee Thompson, 1962) ou le Prisonnier d'Alcatraz (J. Frankenheimer, id.). Il resta relativement actif jusqu'en 1988, même si ce fut souvent dans des films qui ne méritaient pas sa présence.

SAVILLE (Victor)

cinéaste et producteur britannique (Birmingham 1897 - Londres 1979).

D'abord orienté vers le monde du commerce, Saville vient au cinéma en s'associant au producteur Michael Balcon, puis à Jack Freedman. Leur premier succès : Woman to Woman (Graham Cutts, 1923). Travaillant successivement pour Gaumont-British (avec le metteur en scène Maurice Elvey et le scénariste V. G. Gundrey), pour Korda, Gainsborough ou MGM, Saville a l'ambition de produire puis de réaliser des films compétitifs avec ceux d'Hollywood ; il ira d'ailleurs y travailler avec succès. Parmi les œuvres qu'il produit : la Citadelle (K. Vidor, 1938) ; Goodbye Mr. Chips (S. Wood, 1939). Parmi celles qu'il réalise : Sunshine Susie (1931, avec Renate Muller) ; I Was a Spy (1933, avec Conrad Veidt) ; The Good Companions (id., avec Jessie Mathews) ; Evergreen (1934, avec la même) ; The Iron Duke (id.) ; À travers le Sud (South Riding, 1938, avec Ann Todd et Ralph Richardson). Aux États-Unis, il donnera sa première chance cinématographique à Paul Newman dans le Calice d'argent (The Silver Chalice, 1955).

SAVTCHENKO (Igor) [‘ Igor ’ Andreevič Savčenko]

cinéaste soviétique (Vinnitsa, Ukraine, 1906 - Moscou 1950).

Il étudie la mise en scène à l'Institut des arts scéniques de Leningrad et débute en 1921 comme acteur et metteur en scène de théâtre, puis à Moscou à partir de 1932 ; acteur dans les 26 Commissaires (N. Chenguelaïa, 1933). Savtchenko passe à la réalisation avec l'Accordéon (Garmon', 1934), brillante comédie kolkhozienne où il prouve, contre l'avis des bureaucrates, que la musique n'est pas incompatible avec le travail politique militant. En 1936, il tourne Une rencontre fortuite (Slusčajnaja vstreča) qui sera accusé de formalisme, remanié et finalement retiré de la distribution. Il couronne une série de films historiques et révolutionnaires (le Cosaque Golota [Duma pro Kazaka Golotu], 1937 ; les Cavaliers [Vsadniki], 1939) par Bogdan Khmelnitski (Bogdan Hmelńickij, 1941), épopée monumentale à la gloire d'un chef de cosaques, héros de la résistance ukrainienne à l'envahisseur polonais au XVIIe siècle. Après diverses contributions au soutien du moral de la population en guerre (les Partisans dans les plaines de l'Ukraine [Partizany a stepjah Ukrainy], 1942 ; Ivan Nikouline, matelot russe [Ivan Nikulin — russkij matros], 1945), il donne son meilleur film, le Troisième Coup (Tretij udar, 1948), évocation saisissante de la bataille de Crimée à travers la stratégie des états-majors. C'est un autre film biographique, Tarass Chevtchenko (Taras Ševčenko), lyrique hommage au grand poète ukrainien du XIXe siècle, qu'il entreprend à la veille de sa mort et qui sera terminé (1951) par ses élèves et assistants, Alov et Naoumov.

SAVVINA (Iya) [Ija Sergeevna Savvina]

actrice soviétique (Voronej 1936).

Elle obtient un triomphe international en interprétant, sur la suggestion d'Alexis Batalov qui sera son partenaire dans le film, le rôle principal de la Dame au petit chien (I. Kheifits, 1960). Après ‘ Douce ’ (Krotkaja, A. Borisov, id., d'après Dostoïevski) et ‘ la Péche-resse ’ (Grešnica, F. Filippov, 1962), elle est l'héroïne du Bonheur d'Assia (A. Mikhalkov-Kontchalovski, 1967), incarne Dolly dans Anna Karenine (A. Zarkhi, 1968) et Anna Pavlona dans Un amour de Tchekhov (S. Youtkevitch, 1969). Fidèle à Mikhalkov-Kontchalovski dans la Romance des amoureux (1975) et à Youtkevitch dans Maïakovski rit (id., CO A. Karanovitch), elle obtient, face à Mikhail Oulianov, un nouveau rôle de premier plan dans un film à la fois conflictuel et intimiste de Youli Raïzman (Vie privée, 1978).