Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
E

ÉGALISATION.

Action de modifier la courbe de réponse d'un système électroacoustique pour qu'elle se trouve à l'intérieur d'un gabarit donné. Dans le cas de la reproduction multicanale au cinéma (procédés Dolby, DTS SDDS), on égalise la réponse de chaque enceinte d'écran pour qu'elle soit conforme à un gabarit normalisé internationalement. Sur les processeurs récents destinés à la reproduction numérique au cinéma, cette égalisation peut se faire automatiquement à partir d'un microphone de mesure étalonné placé dans la salle.

ÉGALISEUR.

Appareil électronique servant à l'égalisation. ( ÉGALISATION.)

EGGAR (Samantha)

actrice britannique (Londres 1939).

Remarquée dès son deuxième film, Doctor Crippen (Robert Lynn, 1963), elle dose, dans l'Obsédé (W. Wyler, 1965), candeur et sensualité. Docteur Dolittle (R. Fleischer, 1967) ne retient que l'ingénue. À partir de Traître sur commande (M. Ritt, 1970), elle nuance son talent dans des rôles de femme à la fois énergiques et fragiles (Pitié pour le prof, S. Narizzano, 1977). Le plus révélateur : celui de l'héroïne de The Brood (Chromosome 3, David Cronenberg, 1979), dont les haines enfantent des monstres, chef-d'œuvre parmi les petites productions où elle semble ensuite reléguée.

EGGELING (Viking)

peintre et cinéaste expérimental suédois (Lund 1880 - Berlin, Allemagne, 1925).

En 1918, à Zurich, Tzara lui présente Richter. Les deux peintres fraternisent aussitôt et se proposent d'atteindre, côte à côte mais « séparément », pendant plus de deux ans, « le même but », défini par les recherches éthico-artistiques d'Eggeling pour établir une Generalbass der Malerei (base générale de la peinture), sorte de typologie des formes élémentaires. Désireux de faire évoluer les formes ainsi créées, ils utilisent des rouleaux, à la manière chinoise (généralement de 5 m sur 50 cm), puis s'intéressent au cinéma avec l'aide de techniciens de l'UFA.

Eggeling, qui s'installe seul en 1921 à Berlin, tente alors en vain de tirer un film de son rouleau Orchestre horizontal-vertical (Vertikal-Horizontal Symphonie). Il délaisse cet essai pour un autre ; la Symphonie diagonale (Diagonal Sinfonie) en résulte, premier exemple d'eidodynamique : des sortes de peignes, de harpes, de croquis d'architecte y apparaissent ou disparaissent le long d'un axe oblique, sur fond noir. Le film est présenté en projection privée en 1924, puis Eggeling va le montrer à Léger à Paris. Rentré à Berlin, il meurt peu après la première projection publique (3 mai 1925). Il compte alors de nombreux amis et admirateurs au Bauhaus, au groupe dadaïste Novembre et à la revue De Stijl, où Van Doesburg avait écrit sur lui dès 1921.

EGGERTH (Márta Eggert ou Martha)

actrice et chanteuse austro-hongroise (Budapest 1912).

Sur la scène depuis l'âge de douze ans, elle est une vedette de l'opérette à Budapest vers 1927. Elle débute au cinéma en 1931 et tourne deux douzaines de films en moins de sept ans : deux comédies et surtout des comédies musicales et des opérettes filmées allemandes ou autrichiennes — auxquelles s'ajoute un film britannique en 1932. Célèbre dès son premier film, elle remporte de vifs succès avec des titres tels que Symphonie inachevée, une vie romancée de Schubert (Willi Forst, 1933) et plusieurs œuvres signées par Richard Eichberg, Biktor Janson, E. W. Emo, ou Geza von Bolvary. Parmi celles-ci, on relève deux films de Janson de 1932, dont le scénario est dû à Billy Wilder : Das Blaue von Himmel et Es war einmal ein Walzer, et les inévitables Zarewitsch et Czardasfürstin — ainsi qu'un film autrichien de Carmine Gallone : Mein Herz ruft nach Dir (1935), qui marque sa première rencontre cinématographique avec le ténor Jan Kiepura, qui deviendra son mari. Après Das Hofkonzert, film musical de Detlef Sierck [Douglas Sirk] (1936), et deux films autrichiens, où elle se produit avec Kiepura, elle quitte l'Europe et fait ses débuts sur la scène de Broadway en 1940. Mais elle ne tourne que deux films aux États-Unis, dont Lily Mars, vedette (Norman Taurog, 1943) aux côtés de Judy Garland. De retour en Europe, elle tourne quatre films médiocres, dont deux en duo avec Jan Kiepura, la Valse brillante (Jean Boyer, 1950) et le Pays du sourire (Hans Deppe, 1952), et elle se retire peu après.

EGIDI (Carlo)

décorateur italien (Rome 1918 - id. 1988).

Licencié en architecture, il débute au cinéma avec deux films de Giuseppe De Santis, Chasse tragique (1948) et Pâques sanglantes (1950). Il collabore ensuite avec des cinéastes aussi différents que Germi (Traqué dans la ville, 1951 ; Divorce à l'italienne, 1961 ; Séduite et abandonnée, 1964), Lattuada (la Louve de Calabre, 1953 ; Mafioso, 1962), Comencini (Les Russes ne boiront pas de Coca-Cola, 1968), Petri (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, 1970). Son style rigoureux et son attention aux détails sont évidents dans les quelque cinquante films auxquels il collabore.

EGOROV (Vladimir) [Vladimir Evgen'evič Egorov]

décorateur soviétique (1878 - 1960).

Il fait partie, avec Sergueï Kozlovski, Vassili Rakhals, Evgueni Enei, Isaak Chpinel et Aleksandr Outkine, des décorateurs soviétiques les plus talentueux et travaille notamment avec Aleksandr Razoumny (‘ la Mère ’ [Mat ’], 1920), Vladimir Gardine (’ Un spectre hante l'Europe ’, 1922 ; ’ le Serrurier et le Chancelier ’, 1923), Jakob Protazanov (le Tailleur de Torjok, 1925 ; À son appel, id.), Fedor Ozep et Boris Barnet (Miss Mend, 1926), Ivan Pyriev ( la Chaîne de la mort ’, 1933), Margarita Barskaïa (les Souliers percés, 1933), Efim Dzigan (les Marins de Kronstadt, 1936 ; ’ Djamboul ’, 1953, CODÉC), Mikhaïl Romm (les Treize, 1937), Vsevolod Poudovkine (Amiral Nakhimov, 1947, CODÉC).

EGOYAN (Atom)

cinéaste canadien (Le Caire 1960).

Issu d'une famille d'origine arménienne qui s'établit au Canada, il étudie à l'Université de Toronto, d'où il sort diplômé en 1982. Passionné par le théâtre et le cinéma, il s'impose rapidement comme un metteur en scène insolite et original. Après avoir tourné quelques courts métrages : Howard in Particular (1979), After Grad With Dad (1980), Peep Show (1981), Open House (1982), il se fait connaître par Next of Kin (1984) et assure sa réputation avec ses œuvres suivantes : Family Viewing (id., 1987), Speak'ing Parts (1989), The Adjuster (1991), où l'image (via les films de famille ou la vidéo) participe à la complexité de l'intrigue au même titre que la psychologie des personnages. Il participe au film Montréal vu par... (1992) dont il signe un épisode, tourne pour la télévision Gross Misconduct, propose dans Calendar (1993) une réflexion personnelle sur l'Arménie, le pays de ses racines, et aborde dans Exotica (1994) un domaine peu exploré : celui de la fascination ambiguë, en conduisant avec beaucoup de subtilité une intrigue qui marie la psychanalyse, l'onirisme et l'enquête policière. En 1997, De beaux lendemains (The Sweat Hereafter) est une douloureuse histoire d'inceste dans un décor glacé. Il quitte le Canada pour réaliser le Voyage de Felicia (Felicia's Journey, 1999) en Angleterre : cette observation du comportement criminel, précise et froide, gorgée d'humour noir, se réclame d'Hitchcock. On retrouve sans peine dans ces deux films l'interêt d'Egoyan pour les personnages au bord de la folie.