Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

METTEUR EN SCÈNE.

Syn. de réalisateur.

METTY (Russell)

chef opérateur américain (Los Angeles, Ca., 1906 - id. 1978).

Il débute en 1935 comme cameraman à la RKO. On lui doit les étranges dominantes nocturnes de Sylvia Scarlet (G. Cukor, 1935) et de l'Impossible M. Bébé (H. Hawks, 1938), les clairs-obscurs postexpressionnistes du Criminel (O. Welles, 1946) et du Crime de Mme Lexton (S. Wood, 1947), les compositions paranoïaques de films noirs tels que Et tournent les chevaux de bois (R. Montgomery, 1947), les Amants traqués (N. Foster, 1948) et les Insurgés (J. Huston, 1949). Sous contrat à Universal, il collabore, de Take Me to Town (1953) au Mirage de la vie (1959), à dix films de Douglas Sirk : sa palette chatoyante (jusqu'à la stridence dans Écrit sur du vent, 1957), ses jeux de miroir, ses trompe-l'œil, ses éclairages baroques qui magnifient des apparences trompeuses s'accordent admirablement à l'univers convulsif, tout de reflets et de métaphores, du cinéaste. Après l'éblouissante « pyrotechnie » de la Soif du mal (Welles, 1958), il amorce un retour au classicisme avec Spartacus (S. Kubrick, 1960), qui lui vaut un Oscar, et les Misfits (J. Huston, 1961). Depuis, il n'a été associé qu'à des œuvres mineures, mais Au rythme des tambours fleuris (H. Koster, 1961), le Seigneur de la guerre (F. Schaffner, 1965) et l'Homme de la Sierra (S. Furie, 1966) surprennent par leur calligraphie visuelle, d'une préciosité qui confine parfois au maniérisme.

METZNER (Ernö)

décorateur et cinéaste allemand d'origine hongroise (Szabadka [auj. Subotica, Yougoslavie], 1892 - Hollywood, Ca., US, 1953).

Après des études artistiques à Budapest, il travaille en Allemagne à partir de 1920. Il collabore notamment avec Georg Wilhelm Pabst, et contribue par ses décors à affirmer le ton naturaliste des films de ce dernier : les Mystères d'une âme (1926) ; l'Enfer blanc de Piz-Palu (1929) ; le Journal d'une fille perdue (id.) ; Quatre de l'infanterie (1930) ; la Tragédie de la mine (1931) ; l'Atlantide (1932) ; Du haut en bas (1933). À la même époque, il réalise des films militants pour le parti social-démocrate allemand : Freie Fahrt (1928), un plaidoyer en faveur des libertés démocratiques, et Im Anfang war das Wort (1928). Juif, il s'exile, d'abord en France puis en Angleterre, où il travaille pour la Symphonie des brigands (F. Feher, 1935). Enfin, il se fixe aux États-Unis, où il collabore à C'est arrivé demain (R. Clair, 1944). Il a également créé les décors de Sumurun (E. Lubitsch, 1920), la Femme du pharaon (id., 1922), Alt Heidelberg (H. Behrendt, 1923). Il est enfin passé derrière la caméra avec, notamment, Attaque (Der Überfall, 1929), œuvre surréaliste qui influença fortement l'avant-garde allemande.

MEURISSE (Paul)

acteur français (Dunkerque 1912 - Paris 1979).

Ses débuts artistiques se situent au commencement de la Seconde Guerre mondiale et, dans son premier film : Vingt-Quatre Heures de perm ' (M. Cloche, 1945,  : 1940), on le voit dans un extrait de son tour de chant. La protection d'Édith Piaf consolide sa situation, il tourne avec elle Montmartre-sur-Seine (G. Lacombe, 1941) et compose un personnage flegmatique, avare de ses sourires et de ses paroles, pince-sans-rire et bon garçon (Défense d'aimer, R. Pottier, 1942 ; la Ferme aux loups, id., 1943). Sa personnalité bien définie, il la modifiera peu dans les années suivantes. Tantôt gangster (Macadam, Marcel Blistène, 1946 ; l'Ange rouge, Jacques Daniel Norman, 1948 ; Impasse des Deux Anges, M. Tourneur, id.), tantôt flic (Inspecteur Sergil, Jacques Daroy, 1947 ; Sergil et le dictateur, id., 1948 ; Sergil chez les filles, id., 1951), il s'accommode de petites comédies, de vagues reconstitutions historiques. Carné le réclame, mais la Fleur de l'âge (1947) reste inachevé. Clouzot lui offre un rôle grandguignolesque dans les Diaboliques (1954) puis celui d'un ténor du barreau (la Vérité, 1960), et Meurisse y dépense son humour à froid. Il tourne avec Lautner la série des Monocle, qui est une charge contre les films d'espionnage. Franju (la Tête contre les murs, 1958), Duvivier (Marie-Octobre, id.), Renoir (le Déjeuner sur l'herbe, 1959), Carné (Du mouron pour les petits oiseaux, 1962), Melville (l'Armée des ombres, 1969) mettent en valeur son grand talent, qui faisait de lui une vedette du théâtre parisien.

MEXIQUE.

Le Kinétoscope Edison est présenté à Mexico le 17 janvier 1895. C. F. von Bernard et Gabriel Veyre* organisent la première projection publique du cinématographe Lumière, toujours à Mexico, le 14 août 1896, puis enregistrent une trentaine de bandes, dont plusieurs consacrées au dictateur Porfirio Díaz. Les premiers documents filmés par des Mexicains datent d'un an plus tard : Corrida entera de toros por la cuadrilla de Ponciano Díaz et Verbena del Carmen en la ciudad de Puebla, tournés dans cette capitale de province par Churrich ou Enrique Moulinié. Faute de renouvellement du répertoire et de conditions de sécurité pour se fixer, les exploitants parcourent le pays et enregistrent des sujets locaux. Parmi les pionniers, on compte Salvador Toscano Barragán* (auteur d'une courte « fiction », Don Juan Tenorio, dès 1899), Guillermo Becerril, Carlos Mongrand, Enrique Rosas*, les frères Salvador, Guillermo et Eduardo Alva. Après cette phase nomade, on assiste à un boom du commerce cinématographique, avec l'ouverture de salles à Aguascalientes, Orizaba, San Luis Potosí, Zacatecas et Mexico (1906). Les rares incursions dans la fiction privilégient des tableaux historiques : Cuauhtémoc y Benito Juárez et Hernán Cortés, Hidalgo y Morelos (C. Mongrand, 1904), ainsi que El grito de Dolores (Felipe de Jesús Haro, 1907), dont la projection est obligatoire le jour de l'Indépendance, pendant le régime Díaz. La production documentaire prédomine nettement et les cinéastes progressent dans le métier : Viaje a Yucatán (S. Toscano, 1906) reconstruit chronologiquement, par le montage, un voyage présidentiel ; La entrevista Díaz-Taft (Alva, 1909) approche le millier de mètres. La veille du soulèvement armé anti-Díaz de 1910, production et exploitation sont nationales : la présence étrangère se limite à quelques distributeurs et à la dépendance technologique.