Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

L'HERBIER (Marcel) (suite)

Entre 1920 et 1928, tournant pour Gaumont d'abord, pour sa propre société (Cinégraphic, 1923-1928) ensuite, L'Herbier illustre la première avant-garde. Eldorado (1921) est son chef-d'œuvre, qui anticipe le Kammerspiel. Les moyens propres du cinéma : la lumière et les ombres, les déformations, les flous, les surimpressions visualisent les états psychologiques des personnages, l'atmosphère morale des lieux, la violence du drame. Beaucoup plus ambitieux, fourmillant d'inventions brillantes mais disparates, l'Inhumaine (1924) et l'Argent (1929) couronnent la période muette de l'auteur. Le parlant venu, L'Herbier renonce à tout avant-gardisme. Deux filons, également commerciaux, se partagent alors l'essentiel de sa production : une série « russe », non toujours dépourvue de charme, qui se souvient de l'école russe de Montreuil ; une série patriotique, militaire, maritime et coloniale, dont le discours spontanément nationaliste et petit-bourgeois, devenu criant avec le recul des ans, situe Marcel L'Herbier comme l'un des plus politiques parmi les cinéastes français de l'époque. À la veille du second conflit mondial, Entente cordiale (1939), édifiée sur l'amitié franco-anglaise, sera un parfait film de mobilisation. Après la Comédie du bonheur (1940-1942), où les formes brillent moins que les thèmes, la Nuit fantastique (1942), raffinée, subtile, alimente ce courant d'évasion poétique (Méliès et musée Grévin, arcanes postsurréalistes) qui a marqué le cinéma français de l'Occupation. En 1943, L'Herbier fonde l'IDHEC. L'après-guerre voit l'enlisement définitif de sa carrière cinématographique. De 1952 à 1973, il se consacrera à la télévision.

Films  :

Phantasmes (CM, inachevé, 1918) ; Rose France (1919) ; le Bercail (CM, id.) ; le Carnaval des vérités (1920) ; l'Homme du large (id.) ; Villa Destin (1921) ; Eldorado (id.) ; Prométhée banquier (1922) ; Don Juan et Faust (id.) ; Résurrection (1923, inachevé) ; l'Inhumaine (1924) ; Feu Mathias Pascal (1925) ; le Vertige (1926) ; le Diable au cœur (1928) ; l'Argent (1929) ; Nuits de prince (1930) ; l'Enfant de l'amour (id.) ; la Femme d'une nuit (1931) ; le Mystère de la chambre jaune (id.) ; le Parfum de la dame en noir (id.) ; l'Épervier (1933) ; le Scandale (1934) ; l'Aventurier (id.) ; le Bonheur (1935) ; la Route impériale (id.) ; Veille d'armes (id.) ; les Hommes nouveaux (1936) ; la Porte du large (id.) ; la Citadelle du silence (1937) ; Nuits de feu (id.) ; Forfaiture (id.) ; Adrienne Lecouvreur (1938) ; Terre de feu (id.) ; la Tragédie impériale (id.) ; Entente cordiale (1939) ; la Brigade sauvage (id.) ; Histoire de rire (1941) ; la Comédie du bonheur (1942 [ : 1940]) ; la Nuit fantastique (1942) ; l'Honorable Catherine (1943) ; la Vie de bohême (1945 [ 1942]) ; Au petit bonheur (1946) ; l'Affaire du collier de la reine (id.) ; la Révoltée (1949) ; les Derniers Jours de Pompéi (1950) ; le Père de Mademoiselle (CO Robert Paul Dagan, 1953).

LHERMITTE (Thierry)

acteur français (Boulogne-Billancourt 1952).

Fondateur, avec ses amis de lycée, du café-théâtre le Splendid, il participe aux adaptations cinématographiques des pièces à succès de la troupe et impose ses compositions de play-boy irrésistible ou ridicule : les Bronzés (P. Leconte, 1978), les Hommes préfèrent les grosses (J.-M. Poiré, id.), Elle voit des nains partout (Jean-Claude Sussfeld, 1982), le Père Noël est une ordure (Poiré, id.). Mais son physique de jeune premier aux yeux bleus l'amène vite à des rôles plus dramatiques, voire noirs : l'Indic (S. Leroy, 1983), Stella (L. Heynemann, id.), la Femme de mon pote (B. Blier, id.), les Ripoux (C. Zidi, 1984), la Smala (Jean-Loup Hubert, id.), Ripoux contre ripoux (Zidi, 1990). Mais il oriente résolument sa carrière en faveur de la comédie et participe au premier chef au succès d'Un Indien dans la ville (H. Palud, 1994), le Dîner de cons (F. Veber, 1998), le Placard (F. Veber, 2000).

LHOMME (Pierre)

chef opérateur français (Boulogne-Billancourt 1930).

Technicien de qualité, il a dirigé la photo d'une quarantaine de films depuis sa première collaboration à Saint-Tropez blues (M. Moussy, 1961). Il a travaillé avec des metteurs en scène très différents, filmant dans des styles et des genres variés. Par goût de l'expérience, il a souvent mis son talent au service de jeunes réalisateurs, de Jean Eustache (la Maman et la Putain, 1973 ; Une sale histoire, 1977) à Jacques Doillon (la Fille prodigue, 1981), en passant par Daniel Duval (l'Ombre des châteaux, 1977) et Benoît Jacquot (les Enfants du placard, 1977). Cet opérateur, qui a créé des images grandioses (le superbe Mistral, court métrage de Joris Ivens en 1965), a également travaillé pour Alain Cavalier (le Combat dans l'île, 1962 ; Mise à sac, 1967 ; la Chamade, 1968), Jean-Paul Rappeneau (la Vie de château, 1966 ; le Sauvage, 1975 ; Cyrano de Bergerac, 1990), Jean-Pierre Melville (l'Armée des ombres, 1969), Robert Bresson (Quatre Nuits d'un rêveur, 1971), Dušan Makavejev (Sweet Movie, 1974), Claude Miller (Dites-lui que je l'aime, 1977 ; Mortelle Randonnée, 1983), Marguerite Duras (le Navire Night, 1979), Patrice Chéreau (Judith Therpauve, 1978), James Ivory (Quartet, 1981 ; Maurice, 1987), Gilles Béhat (Urgence, 1985), Bruno Nuytten (Camille Claudel, 1988), Volker Schlöndorff (CO : G. Arvanitis, Homo Faber, 1991). Il a enfin cosigné avec Chris Marker le Joli Mai (1963).

LI HANXIANG

cinéaste chinois (Jinzhou, prov. de Liaoning, 1929 - Pékin 1997).

Il étudie à l'Institut des beaux-arts de Pékin, s'installe à Hongkong en 1948 et débute comme extra au studio Dazhonghua. Engagé en 1954 par les Shaw Brothers comme metteur en scène, il écrit et réalise en 1956 ‘ Narcisses ’ (Shuixian), ‘ Un merveilleux printemps ’ (Chunguang wuxian hao, 1957) puis une série de films en costumes qui remportent un vif succès populaire : Diao Chan (id., 1958) ; ‘ le Fantôme de la jeune fille ’ (Qingnü youhun, 1959, d'après un conte du Liao zhai zhiyi) ; ‘ la Magnifique Concubine ’ (Yang Guifei, 1962) ; ‘ l'Impératrice Wu ’ (Wu Zetian, 1963) et ‘ l'Amour éternel ’ /‘ Liang Shanbo et Zhu Yingtai ’ (Liang Shanbo yu Zhu Yingtai, CO King Hu, 1963). En 1960, il réalise un mélodrame contemporain ‘ la Porte de derrière ’ (Houmen). En 1963, à Taiwan, il fonde sa propre compagnie, la Guolian, qui produit une vingtaine de films, dont onze réalisés par lui-même. À côté de luxueuses adaptations d'opéra comme ‘ les Sept Fées ’ (Qi xiannü, 1964) et Xi Shi (1965), dans un style très hollywoodien, on trouve ‘ l'Hiver ’ ( Dong nuan, 1969), une œuvre fraîche et simple, considérée par beaucoup comme son chef-d'œuvre. Après la faillite de sa compagnie, il réalise (encore à Taiwan) ‘ Combats sur le Yangtsé ’ (Yangzijiang fengyun, 1969), ‘ l'Histoire de Tiying ’ (Tiying, 1970) et, la même année, le sketch ‘ le Bonheur ’ dans le film ‘ Quatre Humeurs ’ (Xi nu ai le). De retour chez les Shaw Brothers en 1970, il signe plusieurs films commerciaux (il inaugure en particulier la mode des films érotiques à Hongkong) et de somptueuses superproductions historiques comme ‘ le Général viande-de-chien ’ (Dajunfa, 1972), ‘ l'Impératrice douairière ’ (Qingguo qincheng, 1975) et ‘ les Cent Jours ’ (Yingtai qi xue, 1976), puis en 1983 ‘ Feu au Palais d'été ’ (Huoshao Yuanmingyuan) et ‘ la Régence derrière le rideau ’ (Chui lian ting zheng), tournés en coproduction avec la Chine.