Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MANN (Delbert)

cinéaste américain (Lawrence, Kans., 1920).

Il n'a en commun avec son homonyme Daniel Mann, au départ, que de venir de la TV (dont il est un des premiers réalisateurs). Deux télédrames de Paddy Chayefsky, qu'il transpose pour le grand écran, lui valent un Oscar (1955) et la célébrité. Alors se révèle son autre trait commun avec Daniel : la laideur et la tristesse instinctives. Les promesses très relatives de Marty (1955), qui remporte une Palme d'or au festival de Cannes, notamment grâce à l'interprétation d'Ernest Borgnine et de Betsy Blair jouant avec sincérité les antistars, et celles de la Nuit des maris (The Bachelor Party, 1957) se révèlent pesantes dans le Désir sous les ormes (Desire Under the Elms, 1958) et Au milieu de la nuit (Middle of the Night, 1959), tout comme dans Tables séparées (Separate Tables, 1958), où seuls des acteurs expérimentés sauvent leur propre mise. Après quelques comédies moins prétentieuses et à peine meilleures (Un pyjama pour deux [Lover Come Back, 1961] ; Un soupçon de vison [That Touch of Mink, 1962]), Delbert Mann s'est essayé sans grand succès à des films d'aventures, puis il est retourné (après 1970) à la TV pour des adaptations littéraires anglo-américaines (David Copperfield, 1970 ; Jane Eyre, 1971) assez plates.

Autres films :

The Dark at the Top of the Stairs (1960) ; le Héros d'Iwo-Jima (The Outsider, 1961) ; le Téléphone rouge (A Gathering of Eagles, 1963) ; Dear Heart (1964) ; Quick Before It Melts (1965) ; Mister Buddwing (1966) ; Un si gentil petit gang (Fitzwilly, 1967) ; la Jungle aux diamants (The Pink Jungle, 1968) ; Kidnapped (GB, 1971) ; Birch Interval (1976) ; All Quiet on the Western Front (TV, 1980) ; Torn Between Two Lovers (TV, id.) ; la Nuit de l'évasion (Night Crossing, 1982) ; Brontë (1983). ▲

MANN (Michael)

cinéaste américain (Chicago, Ill., 1943).

Bien que son film de télévision The Jericho Mile (id., 1979) ait été suffisamment remarquable pour être exploité en salle et être présenté au Festival de Cannes, Michael Mann a eu beaucoup de mal à se débarrasser de l'étiquette d'homme de télévision. Le succès de Deux Flics à Miami, série originale qu'il conçut et produisit, ne dissipa pas le malentendu. Le mélange inhabituel de film de guerre et d'horreur gothique qui faisait le prix de la Forteresse noire (The Keep, 1983) ou la tension glacée du Sixième Sens (Manhunter, 1986), première aventure cinématographique du cannibale Hannibal Lecter (« Lector » dans le film de Mann), avant le Silence des agneaux, révélaient un cinéaste raffiné, toujours apte à tirer le film de genre vers des zones inhabituelles. Le Dernier des Mohicans (Last of the Mohicans, 1992) était un western historique dont la splendeur visuelle s'inspirait des peintres luministes américains. Mais ce fut Heat (id., 1995) qui imposa enfin le nom de Michael Mann : il traitait la rencontre attendue entre Al Pacino et Robert De Niro avec sobriété et une grande exigeance artistique. Le film, ample et torrentiel, remarquablement écrit par Mann lui-même, est déjà un classique du policier. Révélations (The Insider, 2000) confirmait cet épanouissement : à partir d'un fait divers peu excitant (la dénonciation d'une multinationale du tabac par l'un de ses ex-employés), Mann créait un film palpitant et documenté, déroulant ses arcanes un peu à la manière de certains films-dossiers de Francesco Rosi.

MANNERS (David Rauff de Ryther Duan Acklom, dit David)

acteur américain (Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada, 1900 - Santa Barbara, Ca., 1998).

Ce jeune premier conventionnel eut la chance d'avoir d'excellentes partenaires : Katharine Hepburn (Héritage, G. Cukor, 1932 ; la Rebelle, M. Sandrich, 1936), Barbara Stanwyck (The Miracle Woman, F. Capra, 1931) ou Claudette Colbert (Chanteuse de cabaret [Torch Singer], A. Hall et George Somnes, 1933). Acteur consciencieux, que l'on vit également au générique de plusieurs films d'épouvante (Dracula, T. Browning, 1931 ; la Momie, K. Freund, 1932, et le Chat noir, E. Ulmer, 1934), il n'a cependant pas laissé de création mémorable.

MANNI (Ettore)

acteur italien (Rome 1927 - id. 1979).

Il interrompt ses études en architecture pour jouer le rôle du protagoniste de Traite des blanches (L. Comencini, 1952). Grâce à son physique solide, il s'affirme comme jeune héros de beaucoup de mélodrames et films d'aventures, dont quelques-uns mémorables : la Louve de Calabre (A. Lattuada, 1953) ; le Navire des filles perdues (R. Matarazzo, 1954) ; Femmes entre elles (M. Antonioni, 1955) ; la Révolte des gladiateurs (V. Cottafavi, 1958) ; les Légions de Cléopâtre (id., 1960) ; Austerlitz (A. Gance, id.) ; Hercule à la conquête de l'Atlantide (Cottafavi, 1961). Il a interprété ensuite de nombreux péplums et westerns. Grossi et enlaidi, il a créé des silhouettes très personnelles dans la Grande Bourgeoise (M. Bolognini, 1974), Divine créature (G. Patroni-Griffi, 1975), Attenti al buffone ! (A. Bevilacqua, id.), Au nom du pape roi (L. Magni, 1977), et surtout dans la Cité des femmes (F. Fellini, 1980) avec le personnage de Cazzone, archétype du mâle séducteur.

MANSFIELD (Vera Jayne Palmer, dite Jayne)

actrice américaine (Bryn Mawr, Pa., 1932 - La Nouvelle-Orléans, La., 1967).

Dernier avatar de l'une des figures types de la mythologie sexuelle d'Hollywood, on a peine à croire qu'elle dépensa des trésors d'énergie pour devenir vedette, gagnant des concours de beauté, participant à des spectacles TV, jusqu'à son apparition « fracassante » dans la Blonde et moi (Frank Tashlin, 1956), qui donnait la mesure exacte de ses possibilités : une parodie de Marilyn Monroe. Elle avait débuté à l'écran l'année précédente ( le Témoin à abattre [Illegal], Lewis Allen, 1955), et l'on s'arracha les photos de Female Jungle (Bruno de Sota, 1956), film où elle s'exhibait fort peu vêtue. Dans un seul film, le Cambrioleur (P. Wendkos, 1957), elle fait preuve de quelques moyens d'actrice : presque partout ailleurs, elle se contente de « se promener » avec une candeur somnambulique. Sa carrière décline très vite (en Italie, notamment) et elle faisait plutôt pitié quand un accident d'auto lui épargna une déchéance plus complète.