Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MIKHALKOV-KONTCHALOVSKI (Andrei) [Andrej Mihalkov-Končalovskij]

cinéaste soviétique (Moscou 1937).

Petit-neveu du peintre Vassili Sourikov, neveu du peintre Piotr Kontchalovski, fils des écrivains Serguei Mikhalkov et Natalia Kontchalovskaia, frère aîné de Nikita Mikhalkov. Diplômé du conservatoire de Moscou (1952) puis du VGIK en 1965 (classe de Mikháil Romm), il réalise en cours d'études un court métrage, l'Enfant et le Pigeon (Malčik i golub, 1962), joli conte (un gamin échange un album de timbres contre un pigeon, auquel il rend la liberté) couronné d'un Lion de bronze au Festival des films pour enfants à Venise. Simultanément, il commence une activité de scénariste qu'il poursuivra tout au long de sa carrière, en particulier pour son camarade d'études Tarkovski (le Rouleau compresseur et le Violon [1961], Andreï Roublev [id.]) et pour des réalisateurs d'Asie centrale : Abbasov ( Tachkent, ville du pain, 1968), Aïmanov (la Fin de l'ataman, 1970), Okeev (le Féroce, 1973).

C'est en Kirghizie qu'il tourne son premier long métrage, le Premier Maître (Pervyj učitel ', 1965), d'après un récit de l'écrivain kirghiz Tchinguiz Aïtmatov qui évoque les difficultés rencontrées par un jeune soldat de l'Armée rouge devenu instituteur à une époque (1923) où le pouvoir soviétique a du mal à s'affirmer dans la société locale encore dominée par le féodalisme : par son approche antihéroïque et antidogmatique de l'histoire, par son écriture marquée par le réalisme le plus pur et cependant le plus concerté, cet admirable film constitue la véritable naissance de la Nouvelle Vague soviétique.

Avec son film suivant, le Bonheur d'Assia (Asino sčast'e, 1967), il poursuit dans la même veine de rigoureux réalisme en racontant les aventures sentimentales d'une kolkhozienne boiteuse que se disputent deux hommes mais qui refuse de se marier : cet étonnant film est d'une vérité psychologique et sociale percutante ; mais, jugé trop cru et trop sombre par les autorités, il ne sera que peu diffusé en URSS et pas du tout à l'étranger. Après ce contretemps, le cinéaste se tourne vers des thèmes classiques empruntés à Tourgueniev (le Nid de gentilshommes [Dvorjanskoe gnezdo], 1969) et à Tchekhov (Oncle Vania [Djadja Vanja], 1971) : dans un tout autre registre que précédemment (il met en œuvre la séduction romanesque et la somptuosité des couleurs), il y fait preuve de la même maîtrise technique et de la même pénétration psychologique tout en prouvant, par ces deux « exercices de style », qu'il est capable de traiter tous les sujets.

La Romance des amoureux (Romans o vljublennyh, 1974) procure une relative déception : sur le thème de la solitude d'un jeune soldat arraché à la vie normale et à l'amour, le film semble réintroduire le cliché du « héros positif » tout en cédant aux séduisantes facilités d'une love story soviétique. Quant à Sibériade (Siberjada, 1978), superproduction épico-didactique sur l'histoire de la Sibérie depuis le début du siècle, elle manifeste un souffle dramatique et une beauté plastique méritoires mais trouve ses limites dans un certain conformisme idéologique. À partir de 1984, il a commencé aux États-Unis une seconde carrière avec un beau film inspiré d'un récit de Platonov, Maria's Lovers (1985), suivi par des productions plus commerciales : Runaway Train (1985), Duo pour une soliste (Duet for One, 1986), le Bayou (Shy People, 1987), Tango et Cash (Tango and Cash, 1989), Voyageurs sans permis (Homer and Eddie, id.), le Cercle des intimes (The Inner Circle, 1992). De retour en Russie, il revient dans le village où il avait tourné le Bonheur d'Assia et signe une comédie sur les mystères de l'âme slave avec l'actrice Inna Tchourikova : Riaba, ma poule (Kuročka, Rjaba, 1994) avant de signer, aux États-Unis The Odyssey (1997). ▲

MIKUNI (Masao Sato, dit Rentaro)

acteur et cinéaste japonais (Tottori 1923).

Il débute sur les planches dans les années 40, et adopte son nom d'acteur à la suite de l'immense succès du personnage de son premier film, la Bonne Fée (Zenma, K. Kinoshita, 1951). Il joue ensuite dans de très nombreux films, dont certains sont connus à l'étranger : la Harpe de Birmanie (K. Ichikawa, 1956) ; Harakiri (M. Kobayashi, 1963) où il incarne le chambellan Iyi ; Kwaidan (Kobayashi, 1964), en samouraï dans l'épisode la Chevelure ; ainsi que le personnage de l'anarchiste Kita Ikki dans Coup d'État de Yoshishige Yoshida (1973). Mais il a tenu bien d'autres rôles importants au Japon, dans les Demi-Frères (Ibo kyodai, Miyoji Ieki, 1957), les Tambours de la nuit (T. Imai, 1958), le Piège (N. Oshima, 1961), le Paria (Ichikawa, 1962), le Détroit de la faim (T. Uchida, 1964), l'Île du châtiment (M. Shinoda, 1967), les Profonds Désirs des dieux (Imamura, 1968), Aveux, théories, actrices (Yoshida, 1971), Debout les damnés de la terre (Yoshimura, 1974) et bien d'autres. Il a également dirigé Typhon (Taifû, 1966), puis Shinran ou le Chemin de la pureté (Shinran : shiroi michi, 1987), une ambitieuse parabole sur les origines du bouddhisme au Japon. Au cours des années 80 et 90, il apparaît encore comme interprète dans de nombreux films, parmi lesquels on peut citer Promesse (1986) et Onimaru (1988) de Kiju Yoshida, Rikyu de Hiroshi Teshigahara (1989), la Mousse lumineuse (Kei Kumai, 1992) et le Grand Malade (Daibyonin, 1993) de Juzo Itami.

MILES (Christopher)

cinéaste britannique (Londres 1939).

Ancien élève de l'IDHEC à Paris, il devient un des pionniers du cinéma indépendant britannique en produisant son court métrage parodique The Six-Sided Triangle (1963, avec sa sœur Sarah) et surtout en le faisant distribuer en dehors des normes imposées par les grandes compagnies. Sa rencontre avec la littérature de D. H. Lawrence est déterminante. Elle l'amène à réussir une excellente adaptation, la Vierge et le Gitan (The Virgin and the Gypsy, 1970), et une minutieuse biographie filmée, le Prêtre de l'amour (Priest of Love, 1981).

MILES (Sarah)

actrice britannique (Ingatestone, Essex, 1941).

La nymphette effrontée qui séduit Laurence Olivier dans le Verdict (P. Glenville, 1961) et la fausse ingénue de la Cérémonie (L. Harvey, 1963) devient une jeune femme de chambre au charme pervers dans The Servant (J. Losey, id.). Après avoir symbolisé l'éternel féminin dans les six sketches parodiques de The Six-Sided Triangle (Chr. Miles, son frère, id.), elle apparaît comme personnage de comédie dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (K. Annakin, 1965), contribue pour beaucoup au succès international du Retour (D. Davis, id.) et accepte un rôle secondaire dans Blow-Up (M. Antonioni, 1967). Après le succès populaire de la Fille de Ryan dans le rôle-titre (D. Lean, 1970), le célèbre scénariste Robert Bolt, son mari, la choisit pour incarner la fantasque et passionnée Lady Caroline Lamb (1972). Le festival de Cannes accorde une Palme d'Or à la Méprise (A. Bridges, 1973), où elle exprime avec infiniment de justesse l'impossible communication entre une jeune châtelaine et le chauffeur de sa Rolls. Elle accepte ensuite des rôles moins remarqués dans le Fantôme de Cat Dancing (R. C. Sarafian, id.), le Marin qui abandonna la mer (L. J. Carlino, 1976), le Grand Sommeil (M. Winner, 1978), Venin (P. Haggard, 1981), Ordeal by Innocence (D. Davies, 1984), Steaming (J. Losey, 1985), Sur la route de Nairobi (M. Radford, 1987), Hope and Glory (J. Boorman, id.) et A Ghost in Monte Carlo (John Hough, 1990).