Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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REY (Antonio Martinez del Castillo, dit Florian)

cinéaste espagnol (La Almunia de Doña Godina, Saragosse, 1894 - Alicante 1962).

Avec Benito Perojo, il est le plus prestigieux metteur en scène de son pays avant la guerre civile. Venu du journalisme, Florian Rey aborde le cinéma comme acteur (La inaccesible, José Buchs, 1920). Sa première réalisation, La revoltosa (1924), remporte d'emblée le succès. Il y met déjà à profit des décors naturels, le paysage occupant par la suite une place de choix dans l'œuvre de cet Aragonais (Gigantes y cabezudos, 1925). Rey exploite les genres espagnols établis durant le muet : adaptations d'Arniches (Los chicos de la escuela, id.), exaltations militaires (Aguilas de acero, 1927), film historique (Agustina de Aragón, 1928), pochades religieuses (La hermana San Sulpicio, 1927 et 1934). La première version de celui-ci signale le début d'une fructueuse collaboration avec sa compagne Imperio Argentina, la star la plus populaire de l'époque. À l'occasion, Rey s'efforce d'actualiser des sujets traditionnels (El Lazarillo de Tormes, 1925). Le sommet de cette période est représenté par La aldea maldita (1929, objet d'un remake en 1942), description de l'univers rural sous un angle mélodramatique et conservateur. À Joinville, à l'avènement du parlant, la participation aux versions espagnoles affine son métier. Florian Rey et Imperio Argentina obtiennent une consécration spectaculaire avec Nobleza baturra (1935) et Morena Clara (1936), à la gloire du génie folklorique d'Aragon et d'Andalousie, respectivement, et où le comédien Miguel Ligero apporte son grain de sel humoristique. Pendant la guerre civile, le cinéaste et sa star tournent en Allemagne Carmen, la de Triana (1938) et La canción de Aixa (1939), amorce d'un déclin. La séparation du couple et la relance du cinéma sous le franquisme amènent Florian Rey à des productions sans ambition, au service de vedettes dépourvues de personnalité (Carmen Sevilla, Paquita Rico, Lola Flores), où le folklore se fige définitivement en pur cliché (Cuentos de la Alhambra, 1950).

REYNAUD (Émile)

inventeur français, précurseur du cinéma, pionnier du dessin animé (Montreuil-sous-Bois 1844 - Ivry-sur-Seine 1918).

Autodidacte issu d'une famille modeste, il parvient à obtenir un poste de professeur de sciences. En 1876, il invente le Praxinoscope, Zootrope amélioré par l'adjonction d'une couronne centrale de miroirs assurant la compensation optique du mouvement des dessins. Remplaçant les dessins opaques par des vues transparentes, Reynaud (qui avait abandonné l'enseignement pour la fabrication en série de son jouet) met ensuite au point le Praxinoscope-théâtre, le premier appareil assurant enfin des projections animées lumineuses puisqu'il n'y avait plus — contrairement au Zootrope — aucune obturation. Dans une dernière étape, il a l'idée de monter ces vues les unes à la suite des autres de façon à obtenir un véritable film de projection. Avec ce Théâtre optique, il assure de 1892 à 1900 plus de 10 000 représentations publiques de diverses saynètes comportant chacune plusieurs centaines de dessins qu'il peignait lui-même : Un bon bock (1891) ; Clown et ses chiens (id.) ; Pauvre Pierrot (1892) ; Autour d'une cabine (1894) ; Rêve au coin du feu (id.) ; Guillaume Tell (1896) ; le Premier Cigare (id.). Mais le cinéma détrônera le Théâtre optique : Émile Reynaud sombre dans l'oubli et la misère. Après avoir jeté dans la Seine la plupart de ses bandes, cet inventeur, avant la lettre, du dessin animé meurt à l'hospice dans une extrême pauvreté. ( INVENTION DU CINÉMA.)

REYNOLDS (Burt)

acteur et cinéaste américain (Waycross, Ga., 1936).

Il apparaît au cinéma comme cascadeur en 1961 mais gagne très vite ses galons de vedette et impose internationalement, avec Délivrance (J. Boorman, 1972), un personnage athlétique et machiste qu'il tempérera d'humour dans ses films suivants : le Fantôme de Cat Dancing (R. C. Sarafian, 1973), Plein la gueule (R. Aldrich, 1974), W. W. and the Dixie Dancekings (J. G. Avildsen, 1975), Enfin l'amour (P. Bogdanovich, id.), les Aventuriers du Lucky Lady (S. Donen, id.), la Cité des dangers (Aldrich, 1975), Nickelodeon (Bogdanovich, 1976), Cours après moi shérif (Hal Needham, 1977), les Faux Durs (M. Ritchie, id.), la Fureur du danger (Hooper, Needham, 1978), Merci d'avoir été ma femme (A. J. Pakula, 1979), l'Équipée du Canonball (The Canonball Run, Needham, 1981), la Cage aux poules (The Best Little Whorehouse in Texas, Colin Higgins, 1982), l'Homme à femmes (B. Edwards, 1983), Haut les flingues (R. Benjamin, 1984), Malone (Harley Cokliss, 1987), Assistance à femme en danger (Rent-a-Cop, Jerry London, 1988), Scoop (Switching Channels, T. Kotcheff, id.), Breaking in (B. Forsyth, 1989), Physical Evidence (Michael Crichton, id.), Modern Love (Robby Benson, 1990). Il a lui-même réalisé plusieurs films : Gator (id., 1976), une comédie noire atypique : Suicidez-moi docteur (The End, 1978), l'Antigang (Sharky's Machine, 1981), Stick, le justicier de Miami (Stick, 1985). Ses compositions brillantes et humaines dans Strip Tease (id., Andrew Bergman, 1996) et surtout Boogie Nights (id., Paul Thomas Anderson) sont une manière de renaissance.

REYNOLDS (Mary Frances, dite Debbie)

actrice américaine (El Paso, Tex., 1932).

Reine de beauté locale, engagée par la Warner (1948) et bientôt par la MGM, elle s'impose très vite comme « ingénue » pétillante des comédies musicales de la firme (Trois Petits Mots, R. Thorpe, 1950), puis comme une vedette de quelques-uns des chefs-d'œuvre du genre : Chantons sous la pluie (S. Donen et G. Kelly, 1952) ; Donnez-lui une chance (Donen, 1953) ; Cupidon photographe (D. Weis, id.) ; le Tendre Piège (Ch. Walters, 1955). Actrice délurée, bonne danseuse, elle apporte aussi son naturel à des comédies aimablement « risquées » pour l'époque (Suzanne découche, F. Tashlin, 1954 ; le Démon de midi, B. Edwards, 1958). Son exubérance diminue dans des films trop bavards comme le Mort récalcitrant (The Gazebo, G. Marshall, 1960), bien qu'elle retrouve quelque verve dans la Farfelue de l'Arizona (V. Sherman, 1961) ou dans la comédie presque dramatique de Mulligan, les Pièges de Broadway (1960). Son mariage avec le chanteur Eddie Fisher puis son abandon par ce « mari modèle » avaient mis le comble à sa popularité (1955-1959), mais elle n'a pu opérer un reclassement convaincant : ses apparitions plaisantes dans la Conquête de l'Ouest (G. Marshall/H. Hathaway/J. Ford, 1962) et surtout dans la Reine du Colorado (Walters, 1964) ont précédé deux échecs : Goodbye Charlie (V. Minnelli, id.) et la sinistre Dominique (The Singing Nun, H. Koster, 1966). Elle s'est bientôt tournée vers Broadway, obtenant des triomphes au début des années 70, notamment avec un show intitulé The Debbie Reynolds Story, puis s'est limitée à la TV. En 1996, elle fait sensation avec sa composition de mère insupportable dans Mother (id., Albert Brooks), un numéro si au point qu'on lui demande de le répéter dans un autre succès, In & Out (id., Frank Oz, 1997).