Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CHANDLER (Raymond) (suite)

Par ailleurs, Chandler (installé en Californie dès 1919) a été l'excellent scénariste ou coscénariste d'Assurance sur la mort (B. Wilder, 1944), de l'Invisible Meurtrier (L. Allen, 1945), du Dahlia bleu d'après son propre roman (G. Marshall, 1946) et de l'Inconnu du Nord-Express (A. Hitchcock, 1951).

CHANEY (Alonso, dit Lon)

acteur américain (Colorado Springs, Colo., 1883 - Los Angeles, Ca., 1930).

Fils de parents sourds-muets, Lon Chaney dut vite apprendre à s'exprimer avec son visage et son corps. Son frère étant propriétaire d'un théâtre, il devint acteur et finit par tenter sa chance à Hollywood. Il débuta en 1913 et se trouva dans de nombreux westerns, où sa mine patibulaire le limitait aux emplois de traîtres. Il continua dans les rôles subalternes jusqu'en 1919. Cette même année, il fut pour la première fois dirigé par Tod Browning dans The Wicked Darling, et il impressionna dans sa création de faux mendiant difforme dans The Miracle Man (G. Loane Tucker). L'aspect physique du jeu de Chaney, ses contorsions et ses acrobaties frappèrent autant que son masque tragique. Désormais grande vedette, sa carrière se divise en deux parties. À l'Universal, jusqu'en 1925, il fut un acteur de composition, aux limites du fantastique, sans vraiment pouvoir imposer pleinement son univers. On retiendra The Light in the Dark (C. Brown, 1922), Oliver Twist (F. Lloyd, id.), où il est un sautillant Fagin, Notre-Dame de Paris (The Hunchback of Notre Dame, Wallace Worsley, 1923) et le Fantôme de l'Opéra (R. Julian, 1925), deux honorables superproductions dans lesquelles triomphe son sens absolu du maquillage, et surtout The Penalty (Worsley, 1920), histoire de gangster cul-de-jatte, qui est sans doute son film le plus personnel de cette période. À la MGM, il imposera l'originalité de son univers avec plus de force (Tell it to the Marines, G. Hill, 1927). Outre les films dirigés par Browning (le Club des trois, 1925 ; l'Oiseau noir, 1926 ; la Route de Mandalay, id. ; Londres après minuit, 1927 ; l'inconnu, id. ; le Loup de soie noire, 1928 ; le Talion, id.), il atteint son sommet dans deux magnifiques mélodrames du cirque : le symboliste Celui qui reçoit des gifles / Larmes de clown (V. Sjöström, 1924) et le pathétique Ris donc, paillasse (H. Brenon, 1928). Si l'on veut bien admettre qu'un comédien n'a pas besoin d'être forcément réaliste, on doit considérer Chaney comme un très grand acteur, au jeu totalement cinématographique, conçu pour le détail et le gros plan. Artiste et poète, véritable créateur, ses interprétations nous entraînent dans une dimension seconde. Sa mort l'a fait entrer dans la légende. En 1930, après son seul film parlant, le remake du Club des Trois (The Unholy Three) de Jack Conway, il est atteint d'un cancer des cordes vocales qui l'empêche de parler. Comme si le destin avait décidé de vouer Lon Chaney au silence. Il est l'auteur de l'article « Maquillage » de l'Encyclopedia britannica.

CHANG CHEH

cinéaste chinois (1923).

Débutant en 1947 comme scénariste pour les sociétés basées à Shanghai, Guotai et Datong, il écrit et réalise en 1949 le premier film de Taïwan en mandarin, Wind and Cloud on Ali Mountain. Dans les années 50, il dirige de nombreux long métrages à Taïwan, dont Wildfire (1958). Engagé en 1962 à Hong Kong par la Shaw Brothers, il influence le dirigeant du studio, Run Run Shaw, pour relancer le genre du film de sabre et signe Tiger Boy en 1966. Le succès immédiat le pousse à continuer sur la voie du wu xia pian. En 1967, il reprend un personnage classique de la littérature chinoise, celui du chevalier manchot, avec The One-Armed Swordsman. S'inspirant des chambara japonais, il fait de ses héros des personnes tiraillées entre leur morale, acquise par la pratique de l'art martial, et leur désir de vengeance. Dans la Rage du tigre (1971), son chef d'œuvre, il laisse s'exprimer ses obsessions pour la violence érotique, l'auto-destruction et le sang. Secondé dans la chorégraphie des scènes de combat par Liu Chia-Liang, il s'intéresse surtout à la dimension mélodramatique du genre. Au sommet de sa carrière, il enchaîne les productions, réalisant plus de vingt films entre 1971 et 1973, dont le Boxeur de Shantung (Ma Yongzhen, 1972). En 1974, il repart pour Taïwan réaliser des films de kung-fu ayant l'école de Shaolin pour cadre, comme les Disciples de Shaolin (Hong Quan Xiaozi, 1975), son dernier grand film. Le film de cape et d'épée passé de mode, il se fourvoie dans des réalisations médiocres, comme la série des Brave Archer de 1977 à 1980. Il prend une retraite forcée au milieu des années 80.

CHANTAL (Marcelle Chantal-Pannier, dite Marcelle)

actrice française (Paris 1898 - id. 1960).

Elle appartient par son mariage à la haute société parisienne. Après un passage à l'Opéra, son mari facilite ses débuts à l'écran. Le Collier de la reine (Gaston Ravel, 1929) révèle sa beauté et son tempérament dramatique ; elle joue d'abord sous le nom de Mme Jefferson-Cohn. Les rôles qu'on lui offre misent sur sa distinction un peu froide : Au nom de la loi (M. Tourneur, 1932), l'Ordonnance (V. Tourjansky, 1933), Amok (F. Ozep, 1934), Baccara (Y. Mirande, 1936), la Tragédie impériale (M. L'Herbier, 1938), l'Affaire Lafarge (P. Chenal, id.). Après la guerre, elle joue dans deux adaptations de Colette, Chéri (P. Billon, 1950) et Julie de Carneilhan (Jacques Manuel, id.).

CHAPLIN (Charles Spencer, dit Charlie)

acteur, auteur, cinéaste, scénariste et musicien américain d'origine britannique (Londres 1889 - Corsier-sur-Vevey, Suisse, 1977).

Auteur complet, le premier peut-être dans la chronologie cinématographique, et ce dans toute la force du terme (il écrivit lui-même la musique de ses films sonores), Charles Spencer Chaplin a incarné le cinéma pour des millions d'hommes pendant plusieurs générations, en se projetant dans la personnalité de Charlot. Resté secret à bien des égards, l'homme est cependant inséparable de l'auteur.

Issu d'une famille de music-hall d'abord prospère, puis tombée dans la misère à la fin du siècle, Chaplin débute sur les planches à cinq ans, et prend part tout jeune à des tournées à travers l'Angleterre et l'Europe avant de s'embarquer sans retour pour les États-Unis en 1912 (après un premier séjour en 1910). Remarqué par Mack Sennett, il est engagé par la Keystone (déc. 1913) et y débute comme interprète de Henry « Pathé » Lehrman en janvier 1914. Bientôt, il réalise lui-même ses films, d'une, puis de deux bobines, à un rythme frénétique, quittant la Keystone pour Essanay (1915), celle-ci pour la Mutual (1916) et cette dernière pour la First National (1918). En quelques années, ses salaires décuplent à proportion d'un succès fulgurant qui fait de lui le comique le plus populaire des États-Unis, puis du monde entier. Cofondateur de l'United Artists avec Griffith, Fairbanks et Mary Pickford (1919), il passe à la réalisation de longs métrages qui lui demandent des mois de préparation et sont l'objet de campagnes publicitaires d'autant mieux calculées que Chaplin contrôle entièrement leur production et leur distribution. Il s'essaiera même à la production des films d'autrui, avec The Seagull de Sternberg (ce sera un échec à ses yeux et il ne le distribuera jamais).