Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DEVILLE (Michel)

cinéaste français (Boulogne-sur-Seine 1931).

Il est l'un de ces réalisateurs de formation traditionnelle (il a été stagiaire, assistant d'Henri Decoin pour une dizaine de films, puis conseiller technique de Jean Meyer pour la mise à l'écran de deux spectacles du Théâtre-Français) qui ont bénéficié du climat euphorique créé par la Nouvelle Vague pour amorcer une carrière très personnelle.

Après un premier film policier (figure alors imposée au débutant, qu'il coréalise avec Charles Gérard), il s'épanouit dans une série de comédies qu'il écrit avec Nina Companeez : les scénarios jouent avec les sentiments de très jeunes femmes, la mise en scène virevoltante exalte un bonheur marqué au coin de la fantaisie, des comédiennes inconnues font leurs premiers pas sous une direction précise - qui est une des qualités les plus fortes, même si ce n'est pas celle que la critique souligne généralement, de Deville. On le rapproche alors de Jacques Becker (à l'époque de sa collaboration avec Annette Wademant) et de la tradition de Marivaux.

À la fin des années 60, le ton de ses films devient plus âpre, sans abandonner cependant le registre de la comédie. Raphaël ou le Débauché (en 1971, avec Jean Vilar dans un de ses derniers rôles) laisse sourdre une angoisse sous l'élégance de la mise en scène et la reconstitution flatteuse d'un hier charmeur. Ces précautions n'existent plus dans le Dossier 51 (1978), sans doute son meilleur film, qui affronte directement le contemporain le plus aigu, le plus menaçant, et décrit la destruction méthodique, imparable, de l'individu par un de ces appareils technico-politiques dans lesquels la fin du vingtième siècle investit sa peur. Inventeur de formes, soucieux d'approfondir les rapports entre la musique et l'image, Michel Deville tente avec chaque film de renouveler son registre : comédie sociale (le Mouton enragé), monde fantasmatique (le Voyage en douce), film noir (Eaux profondes), jeux subtils de la distanciation et de la manipulation des personnages (le Paltoquet ; la Lectrice), jeux de l'amour et du dialogue (Nuit d'été en ville).

Films :

Une balle dans le canon (CO Charles Gérard, 1958) ; Ce soir ou jamais (1961) ; Adorable Menteuse (1962) ; À cause, à cause d'une femme (1963) ; l'Appartement des filles (id.) ; Lucky Jo (1964) ; On a volé la Joconde (1966) ; Martin soldat (id.) ; Tendres requins/Zärtlıche Haie (1967) ; Benjamin ou les Mémoires d'un puceau (1968) ; Bye bye Barbara (1969) ; l'Ours et la Poupée (1970) ; Raphaël ou le Débauché (1971) ; la Femme en bleu (1973) ; le Mouton enragé (1974) ; l'Apprenti salaud (1977) ; le Dossier 51 (1978) ; le Voyage en douce (1980) ; Eaux profondes (1981) ; la Petite Bande (1983) ; les Capricieux (TV, 1984) ; Péril en la demeure (1985) ; le Paltoquet (1986) ; la Lectrice (1988) ; Nuit d'été en ville (1990) ; Toutes peines confondues (1992) ; Aux petits bonheurs (1993) ; la Divine Poursuite (1996), la Maladie de Sachs (2000).

DEVILLERS (Renée)

actrice française (Paris 1902).

Son nom est synonyme de discrétion, de justesse et d'émotion. Mieux faite pour le drame que pour la comédie (la Douceur d'aimer, René Hervil, 1930 ; Ma femme, homme d'affaires, Max de Vaucorbeil, 1932), elle obtient un rôle important dans Untel père et fils (J. Duvivier, 1945 ; 1940), mais le film passe inaperçu lors de sa sortie. Elle assume des rôles ingrats (le Voile bleu, Jean Stelli, 1942), pleurnichards (Roger la Honte, A. Cayatte, 1946) et retient surtout l'attention pour ses compositions nuancées dans les Dernières Vacances (R. Leenhardt, 1948), Les amoureux sont seuls au monde (H. Decoin, 1948) et Thérèse Desqueyroux (G. Franju, 1962).

DEVINE (Jeremish Schwarz, dit Andy)

acteur américain (Flagstaff, Ariz., 1905 - Los Angeles, Ca., 1977).

Arrivé à Hollywood à la fin du muet, il tira parti de sa voix éraillée, résultat d'un accident d'enfance, pour paradoxalement s'imposer comme faire-valoir paysan de cow-boys chantants dans des films aujourd'hui oubliés. En 1939, il a la chance d'apparaître dans la Chevauchée fantastique de John Ford et poursuit une carrière semi-comique (qu'il orienta dès 1950 vers la TV populaire) toujours dans des westerns ou des films d'aventures : Montana Belle (A. Dwan, 1952) ; les Deux Cavaliers (J. Ford, 1962) ; l'Homme qui tua Liberty Valance (Ford, id.).

DEVIRYS (Rachel Monat, dite Rachel)

actrice française (Simferopol, Russie, 1890 - Nice 1984).

Cette grande vedette du muet, que Feyder utilise intelligemment dans Visages d'enfants (1925), sait évoluer à l'arrivée du parlant vers des rôles de composition : Ariane, jeune fille russe (Paul Czinner, 1932) ; Crainquebille (J. de Baroncelli, id.) ; les Aventures du roi Pausole (A. Granowski, 1933) ; Les dieux s'amusent (R. Schünzel, 1935). Sa dernière apparition date de Gervaise (R. Clément, 1956) après que, pour les Enfants terribles (1950), Melville eut encore fait appel à elle.

DEVITO (Danny)

acteur et cinéaste américain (Neptune, N. J., 1944).

Acteur de composition révélé dans Vol au-dessus d'un nid de coucou (M. Forman, 1975), qu'il avait déjà joué sur scène, Danny DeVito, petit et rond, possède une silhouette qui peut d'emblée déclencher le rire ou simplement attirer l'attention. Il fut le faire-valoir de Michael Douglas et d'Arnold Schwarzenegger quand ceux-ci voulurent s'affirmer dans le registre comique. On préférera retenir deux prestations de comédie moins inconséquentes, dans Tin Men (B. Levinson, 1987) et dans Opération Shakespeare (P. Marshall, 1994). Mais sa création la plus riche est celle du Pingouin, monstre difforme et pathétique, réellement grandiose, dont une blessure secrète attise la haine contre Batman (Batman, le défi, T. Burton, 1992). Il est également, de manière occasionnelle, un réalisateur plus ou moins inspiré mais ambitieux : la Guerre des Rose (The War of the Roses, 1989) et, surtout, Hoffa (id., 1992), consacré à une complexe et mythique figure de syndicaliste. Matilda (id., 1996), film pour enfant, est en revanche moins ambitieux. Mais l'acteur est toujours savoureux dans ses apparitions souvent brèves mais marquantes : Mars Attacks ! (T. Burton, id.), L. A. Confidential (id., Curtis Hanson, 1997) et l'Idéaliste (F. F. Coppola, id.), dans Man on the Moon (M. Forman, 1999), dont il est également producteur ou dans Virgin Suicides (id., Sofia Coppola, 1999).