Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
N

NASSER (Georges)

cinéaste libanais (Tripoli 1927).

Il grandit au Liban, puis, à partir de 1949, part à Chicago faire des études d'architecture, études qu'il abandonne pour se tourner vers le cinéma, et termine diplômé de l'UCLA. En 1957, il tourne son premier long métrage, Vers l'inconnu (Ila Ayn), histoire d'un paysan qui, après avoir émigré au Brésil, revient vingt ans après au Liban aussi pauvre qu'avant. Vers l'inconnu est surtout le premier film libanais présenté en compétition au Festival de Cannes en 1957. En 1961, Georges Nasser réalise le Petit Étranger, lui aussi présenté à Cannes. Toutefois, ses films n'étant pratiquement pas projetés au Liban (un seul cinéma pour Vers l'inconnu, aucun pour le Petit Étranger), il se détourne de la réalisation de longs métrages de fiction pour se consacrer aux documentaires et à la publicité. Il réalise cependant en 1947, en Syrie, un dernier long métrage à caractère socio-politique : On demande un homme (Al Matloub Rabol Wahed).

NAT (Lucien Natte, dit Lucien)

acteur français (Paris 1895 - Clichy la Garenne 1972).

D'une grande distinction et d'une discrétion absolue, ce comédien efficace fait partie longtemps de la troupe de Gaston Baty. Premières apparitions à l'écran dans les Gaietés de l'escadron (M. Tourneur, 1932) et les Misérables (R. Bernard, 1934). Son jeu nuancé l'impose dans la Tendre Ennemie (Max Ophuls, 1936) et Boissière (Fernand Rivers, 1937). Ses créations dans Pontcarral colonel d'empire (J. Delannoy, 1942), le Bossu (id., 1944), Patrie (L. Daquin, 1946) laissaient mieux présager pour lui que les silhouettes qu'on lui offre ensuite (le Dossier noir, A. Cayatte, 1955 ; Thérèse Desqueyroux, G. Franju, 1962 ; les Amitiés particulières, Delannoy, 1964).

NAT (Marie-José Benhalassa, dite Marie-José)

comédienne française (Bonifacio 1940).

Elle gagne un concours qui lui permet de devenir l'héroïne d'un roman-photo — où elle a Jean-Claude Pascal pour partenaire —, s'installe à Paris en 1955, devient cover-girl et mannequin avant de débuter au cinéma dans Crime et Châtiment (G. Lampin, 1956). Après quelques petits rôles (Club de femmes, Ralph Habib, id. ; Donnez-moi ma chance, L. Moguy, 1957), son interprétation de Mme de La Fontaine à la télévision, en 1958, la révèle à Raymond Rouleau, qui l'engage au théâtre Édouard-VII dans Virages dangereux. Marie-José Nat prend alors le rythme moyen d'un film par an, interrompu par des contrats avec la télévision (elle recevra l'Oscar de la meilleure actrice de télévision pour 1958) et avec le théâtre. À partir de 1961, son mari Michel Drach lui confie les rôles qui seront à l'origine de sa grande popularité : Amélie ou le Temps d'aimer (1962), Élise ou la Vraie Vie (1970), le Passé simple (1977). Son jeu, pudique et sensible dans les Violons du bal (Drach, 1974), sera couronné par un prix d'interprétation au festival de Cannes. Elle a également interprété Rue des prairies (D. de La Patellière, 1959), la Vérité (H.-G. Clouzot, 1960), la Menace (G. Oury, id)., la Vie conjugale (A. Cayatte, 1964), le Journal d'une femme en blanc (C. Autant-Lara, 1965), l'Opium et le bâton (Ahmed Rachedi, 1970), Une mère, une fille (M. Meszaros, 1981), Litan (J.-P. Mocky, 1982), Rio Negro (Ataualpa Lichy, 1990), le Nombril du monde (Ariel Zeitoun, 1993), Train de vie (R. Mihaileanu, 1997).

NATAN (Nathaniel Tanenzapf, dit Bernard)

producteur et distributeur français d'origine roumaine (Jassy, Roumanie, 1886 - Auschwitz 1942).

Arrivé en France à l'âge de dix ans, il crée une petite société de production de films en 1910, puis un laboratoire de tirage de copies, Rapid Film, ainsi qu'une agence de publicité. Naturalisé en 1921, il dirige la croissance de ses entreprises et installe son atelier de tirage dans de nouveaux bâtiments rue Francœur, à Paris, où il crée en 1926 un grand studio de tournage. Il développe sa production, avec notamment des films de Diamant-Berger (Éducation de prince, la Madone des sleepings) et de Marco de Gastyne (la Merveilleuse Vie de Jeanne d'Arc), puis rachète à Charles Pathé la fameuse entreprise pionnière, alors en déclin, qu'il rebaptise Pathé-Natan, après en avoir pris toutes les commandes ; assisté par son frère Émile, qui dirige le département production. Il rachète la Société des Cinéromans et ses studios de Joinville à Jean Sapène, investit immédiatement sur les techniques sonores, acquiert et construit des salles de cinéma jusqu'à constituer un réseau d'une soixantaine de salles en France et à Bruxelles, publie un magazine de cinéma, relance les Actualités Pathé et produit de nombreux films dans ses studios de la rue Francœur (aujourd'hui transformés en école de cinéma) et de Joinville : réalisations de René Clair (le Dernier milliardaire), de Maurice Tourneur, d'André Hugon, de Pierre Colombier, de Raymond Bernard (les Misérables), de Paul Czinner (Ariane), d'Anatole Litvak (l'Équipage), etc.

Les difficultés de trésorerie, dues notamment au coût des achats de salles, et les méthodes employées par Bernard Natan conduisent la société à la faillite en 1936. Dans un climat général marqué par l'antisémitisme, il est arrêté en 1938 et condamné à deux reprises (une séquence des actualités cinématographiques relative à son deuxième procès est reprise dans le film de Marcel Ophuls le Chagrin et la Pitié). Livré aux Allemands, il meurt au camp de concentration d'Auschwitz en 1942.

NATANSON (Jacques)

homme de théâtre, scénariste et dialoguiste français (Asnières 1901 - id. 1975).

Qualifié par Colette d'« auteur dramatique le plus doué de sa génération », Jacques Natanson a signé quelques pièces à succès du « Boulevard » de l'entre-deux-guerres, notamment l'Âge heureux, créé en 1922 par Lugné-Poe (dont il avait été le secrétaire), les Amants saugrenus, l'Enfant truqué et surtout le Greluchon délicat, variation sur le thème de Chéri, qui fut porté à l'écran par Jean Choux en 1934. Un fond de misogynie, une habileté certaine dans le rajeunissement des vieilles ficelles du vaudeville, un libertinage de qualité sont les traits dominants de ce théâtre, qui évoque parfois Guitry. Par la suite, Natanson a poursuivi une féconde carrière d'adaptateur et dialoguiste, de Mademoiselle Docteur/Salonique nid d'espions (G. W. Pabst, 1937) à la Rage au corps (Ralph Habib, 1953). On retiendra surtout son travail pour Max Ophuls, auquel le liait une grande amitié, et dont il sut traduire assez subtilement les fantasmes : De Mayerling à Sarajevo (1940), la Ronde (1950), le Plaisir (1952), Lola Montès (1955) doivent à Natanson une part de leur brillant et de leur amertume. Il a écrit également des romans.

On ne doit pas le confondre avec son homonyme Jacques (ou Jean-Jacques) Natanson, directeur de production et cinéaste des années 30 (la Fusée, le Clown Bux).